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Alain Juppé au JDD : "La réforme de la déchéance de nationalité n’est pas utile"

EXCLUSIF - Candidat à la primaire de novembre, Alain Juppé publie le 6 janvier son deuxième livre-programme : Pour un État fort. Pour le JDD, il détaille ses propositions.

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Pour Alain Juppé, la déchéance de nationalité "ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter".
Pour Alain Juppé, la déchéance de nationalité "ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter". © Bernard Bisson/JDD

Vous souhaitez un État fort. Est-ce à dire que l’État serait faible?
Oui, et c’est ce qui motive les critiques que je porte à la politique actuelle, et les propositions que je fais pour changer de cap. Je prends un seul exemple : en matière pénale, l’État est faible. Je n’ai jamais attaqué la personne de Mme Taubira et je ne le ferai pas, mais j’attaque vigoureusement sa politique pénale : puisqu’il n’y a plus de place dans les prisons, ne mettons plus les délinquants en prison. C’est un signal de faiblesse qui est mal ressenti par les policiers, par les gendarmes, par les magistrats, et surtout par les Français. Un État fort, c’est un État qui assume avec autorité ses missions régaliennes de sécurité et de justice, ce n’est pas un État tatillon et procédurier qui prétend régenter la vie quotidienne des entreprises et des citoyens. Les Français ont parfois l’impression que l’État est absent lorsqu’il devrait être présent, et présent lorsqu’il devrait être absent. Revenons à l’essentiel.

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Faut-il prolonger l’état d’urgence?
S’il faut aller au-delà de février, je n’y suis pas hostile par principe : nous verrons. La première des libertés, c’est de continuer à vivre, et pas de se faire massacrer au Bataclan . Mais cela pose un problème de constitutionnalité. Tous ceux qui se sont précipités en disant "niet" à la réforme de la Constitution sont peut-être allés un peu vite. Une modification de l’article 36 de la Constitution qui traite de l’état de siège pour donner une base constitutionnelle plus solide au renouvellement de l’état d’urgence ne me paraît pas à exclure.

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"La déchéance, c’est un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat"

Le débat politique est devenu très vif sur la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français…
Ce n’est pas une réforme utile. Son efficacité sera faible, voire nulle. Elle ne permettra pas de prévenir de nouveaux actes terroristes, elle ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter. C’est un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat. De ce point de vue, c’est plutôt réussi! Mais dans un moment où notre pays a besoin d’unité et d’apaisement, c’est un acte de mauvais gouvernement.

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Vous plaidez pour un "patriotisme authentique" fondement d’une "identité heureuse"…
Je persiste et je signe sur "l’identité heureuse". Ceux qui me critiquent font mine de ne pas comprendre : ce n’est pas un constat, c’est un objectif! Oui, je crois que nous devons retrouver l’art de vivre ensemble en se respectant les uns les autres. Sinon, que proposons-nous? D’être malheureux? Ce n’est pas mon projet. Je ne vis pas au pays des Bisounours. Je vois bien les grandes difficultés à résoudre pour y parvenir : le chômage, l’insécurité… Mais c’est mon objectif. Parce qu’il n’y a tout simplement pas d’autre solution que le dialogue, autour d’un sentiment national commun. Nous sommes divers, c’est un fait. Ce dont je ne veux pas, c’est d’une France communautariste où chaque groupe se replierait sur lui-même et entendrait appliquer ses propres règles. Notre diversité n’est vivable que s’il y a unité autour des valeurs et du sentiment national, incarné par le drapeau et l’hymne national, La Marseillaise. L’identité heureuse, c’est ma définition d’un patriotisme moderne.

Sécurité, lutte contre le terrorisme, patriotisme, identité, prisons, Corse : retrouvez le grand entretien d'Alain Juppé en cliquant ici pour la première partie et ici pour la seconde . Découvrez également nos offres d'abonnement .

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Source: JDD papier

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