La France au piège saoudien
Il a fallu trente heures au Quai d’Orsay pour réagir à l’exécution de l’opposant chiite saoudien, le cheikh al-Nimr. Trente longues heures durant lesquelles les diplomates français ont pu mesurer combien l’alliance avec l’Arabie saoudite était tout sauf un chemin pavé de roses. Au final, la France n’a pas condamné, mais simplement « déploré profondément » cette mise à mort qui jette de l’huile sur les nombreux incendies du Moyen-Orient.
L’Arabie saoudite et l’Iran, les deux grandes puissances régionales, sont au bord de la rupture, alors que leur coopération est indispensable à la résolution des crises - la transition politique en Syrie et la lutte contre Daech au premier chef. L’espoir d’un début de solution émergeait fin 2015. Aujourd’hui, tout semble à terre.
Dans ce contexte à nouveau dégradé, la France se retrouve prise au piège de son alliance avec l’Arabie saoudite. Ce choix stratégique de première importance, jamais vraiment débattu, s’est renforcé depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. Cette entente serait, dit-on, le prix à payer pour de mirifiques contrats. Pourquoi pas ? Sauf que ces promesses sont bien souvent comme mirages dans le désert. Les exportations françaises vers l’Arabie saoudite restent dix fois moins importantes que celles vers... la Belgique !
Que l’Élysée, au nom du réalisme (socialiste ?), passe les droits de l’homme par pertes et profits est une chose. Mais son tropisme anti-iranien et pro-sunnite conduit lentement notre pays à l’impuissance diplomatique. Dans le conflit entre Téhéran et Riyad, la France est perçue comme l’adversaire de l’un et l’obligé de l’autre. Autant dire, hors-jeu.
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