Temps de lecture : 3 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Ouvert depuis le 16 octobre, le « Hot Spot » de Moria à Lesbos est le premier centre d'enregistrement des réfugiés en Grèce. Ce centre permet aux migrants de recevoir un papier comportant leur nom, leur origine et leurs empreintes digitales. Les « Hot Spots » existaient déjà à Moria et à Kara Tepe – l'autre centre d'enregistrement de l'île grecque –, mais c'est un centre de tri qui est venu s'y ajouter, permettant de répertorier, d'un côté, les réfugiés politiques venus demander l'asile et, de l'autre, les migrants économiques. L'enregistrement se fait assez rapidement puisque « un jour suffit pour effectuer les démarches », explique Anna Panou, psychologue pour Médecins du monde dans le camp. Après leur arrivée, les migrants font la queue afin d'obtenir un numéro, puis attendent de nouveau pour obtenir leurs papiers. Selon le HCR (Haut Commissariat pour les réfugiés), près de 20 000 migrants étaient présents à Lesbos au mois de septembre.
Il y a plusieurs ONG et associations présentes sur place pour fournir des médicaments, de la nourriture et des habits. Sahar, réfugiée afghane, témoigne de leur soutien mais reste dubitative : « Ils sont gentils et à disposition des migrants, mais ils ne donnent pas suffisamment à manger… En tout cas, c'est mieux que rien. » Le rôle des associations est d'autant plus important qu'il n'existe pas de véritable entraide entre les réfugiés : « Quand vous êtes avec des personnes qui viennent de plein d'endroits différents, c'est dur de créer des relations, mais on peut quand même discuter », déclare Sahar. La jeune femme essaye, d'ailleurs, grâce à ses notions d'anglais – apprises illégalement en Iran –, de servir d'intermédiaire : « Je parle anglais et j'essaye d'aider comme je peux, notamment en traduisant. » Même si elle avoue que « dans ce genre de situation, les gens pensent d'abord à eux-mêmes. »
Regardez l'interview d'Anna Panou, psychologue pour Médecins du monde dans le camp de Moria :
Sahar Novouzi est une jeune Afghane de 18 ans. Elle voyage avec ses parents, son frère et sa petite sœur. Tous sont originaires de Ghazni, une ville d'environ 150 000 habitants située au sud-ouest de Kaboul, en Afghanistan. Si Sahar et sa famille ont fui leur pays, c'est pour plusieurs raisons : la menace des groupes terroristes Daech et des talibans, mais aussi l'impossibilité pour les filles d'avoir accès à l'éducation dans le pays. Il y a quatre ans, le père de famille décide alors d'emmener ses enfants à Téhéran, en Iran, mais l'éducation est insuffisante et ils doivent étudier dans une école illégale pour Afghans. La famille quitte donc ce pays pour la Turquie, avant de rejoindre l'Europe. Une épreuve très difficile pour Sahar : « On a passé la frontière iranienne à pied, c'était très dur et on avait extrêmement froid. On a marché pendant quatre heures et tout était gelé. On a pensé qu'on n'y arriverait jamais. » C'est son père, qui était employé de bureau en Afghanistan, qui assure, grâce à ses économies, les dépenses dues au voyage.
REGARDEZ Journal d'une jeune migrante afghane #1 : l'arrivée à Lesbos