La France consomme plus d’énergie renouvelable… et plus de charbon
Sans changement global du mix électrique français, deux productions sont en forte hausse en 2013 : l’hydraulique et le charbon.
Dans son bilan électrique 2013, le gestionnaire du réseau de transport électrique français RTE montre des évolutions dans le mix électrique français. Le nucléaire reste bien sûr largement prédominant avec 73,3% de la production. Mais deux chiffres sortent du lot. Le premier est celui des énergies renouvelables, qui représentent 18,6 % de la production et plus de 20 % de la consommation, des valeurs jamais atteintes.
"La France est en ligne avec ses objectifs d’énergie renouvelable", décrypte Dominique Maillard, président de RTE. Si le photovoltaïque, l’éolien et la biomasse progressent, c’est surtout l’hydraulique qui bondit. Les barrages français, sans changement de la puissance installée, ont accru leur production de 18,7 % en 2013, à 75,7 TWh. Ils représentent 13,8 % du mix électrique. Ils ont bénéficié de l’année la plus pluvieuse depuis une décennie.
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sourceLe deuxième chiffre significatif est celui de la production des centrales à charbon. Leur part dans le mix reste très faible, à 3,6 % pour 19,8 TWh produits. Mais leur niveau de production, et des émissions de CO2 associées, ont crû de 14 %, après une première hausse de 35 % en 2012. En cause, l’importation de charbon américain, dont les prix ont chuté sous l’effet de la concurrence agressive du gaz de schiste. Au final, les émissions du parc thermique français ne s’élèvent que de 0,5 % (+0,2% sur l’ensemble parc) car elles sont compensées par la fermeture de 3 000 MW de capacités gaz et fioul. Les centrales à gaz perdent en compétitivité alors que leur durée de fonctionnement annuel s’effondre : 1500 heures en 2013 contre 2500 heures en 2011. Les centrales fioul sont retirés du réseau en prévision de futures normes environnementales en Europe.
Une consommation stagnante
Côté consommation, la France stagne depuis trois ans. De 476,3 TWh en 2011, le pays a consommé 476,2TWh en 2013. La consommation des particuliers et des PME semble marquer un plateau depuis plusieurs années et celle de la grande industrie retrouve un équilibre après des variations très brutales depuis la crise 2008. "Ces chiffres traduisent une stabilité de l’activité économique et même un déclin du secteur industriel. Il y a aussi un effet des mesures d’efficacité énergétique grâce aux équipements ou aux comportements", explique Dominique Maillard.
Enfin, la France bénéficie d’exportations d’électricité à un haut niveau vers ses voisins, avec 47,2 TWh envoyés au-delà de nos frontières. La France n’est importatrice nette qu’avec un seul de ses voisins, l’Allemagne. L’Hexagone a émis 5,3TWh au-delà du Rhin et en a importé 15,1 TWh. la raison est principalement une surproduction éolienne et photovoltaïque des outils allemands qui est déversée sur le réseau à des prix très bas, voire négatifs (l’Allemagne paye alors pour exporter son électricité).
Exportatrice nette
En 2013, la France a aussi dû importer occasionnellement de l’électricité pour répondre à ses besoins, au point d’atteindre parfois la limite d’échange avec l’ensemble de ses voisins. Ainsi, pendant 21 jours en 2013, la France a été importatrice nette depuis ses 6 voisins interconnectés. Cela se produit pendant les périodes de grands froids. La sensibilité aux faibles températures du pays est importante à cause de la prédominance du chauffage électrique. Un degré en moins appelle 2 400 MW supplémentaires. A titre de comparaison, les grands froids demandent 5 000 MW sur l’ensemble de la plaque de cuivre ouest-européenne.
Ludovic Dupin
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