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Yoav Hattab, l'autre héros de l'Hyper Cacher

PORTRAIT - Le 9 janvier 2015, Yoav Hattab est mort en tentant de s'emparer de l'arme de Amedy Coulibaly. Le JDD raconte l'histoire de cet autre héros de l'Hyper Cacher.

Michaël Bloch , Mis à jour le
Yoav Hattab a été tué le 9 janvier dans l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.
Yoav Hattab a été tué le 9 janvier dans l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. © Sipa

C'est l'autre héros de l'Hyper Cacher . Celui dont l'acte et la vie n'ont pas été célébrés par toutes les télévisions et tous les journaux. Peut-être, parce qu'il n'a pas été là après le drame pour raconter son geste. Peut-être parce que les médias ont oublié de se pencher sur son histoire. Yoav Hattab est mort le 9 janvier 2015, une kalachnikov à la main en tentant de sauver les autres otages du magasin.

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"Courage inouï"

Au début de la prise d'otages, Yoav Hattab se réfugie au sous-sol du magasin comme plusieurs autres clients. Mais très vite, Amédy Coulibaly s'aperçoit que des personnes se cachent en bas de la supérette et demande à la caissière de les faire remonter.S'ils ne s'exécutent pas, le terroriste menace de tuer tous les otages.

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Le jeune homme finit alors par remonter. "Yoav l'a fixé du regard comme s'il élaborait un plan. Soudain, il a plaqué sa main sur la kalach posé sur un carton d'oeufs, mais le terroriste a été plus rapide et lui a mis une balle dans la tête.", raconte Zarie, la caissière de l'Hyper Cacher dans Le Parisien. Selon d'autres témoignages, l'arme s'est enrayée quand il a voulu tirer.

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"Ce jeune homme au regard enfantin, qui semblait effrayé quelques minutes auparavant, a brusquement fait preuve d'un courage inouï. Il a puisé au plus profond de lui-même les ressources pour affronter le preneur d'otages. Il l'a fait pour lui-même et pour les autres. Il est à mon avis LE héros de cette prise d'otages. On ne lui a malheureusement pas suffisamment rendu hommage", poursuit un autre otage, Yohann Derai, dans un livre intitulé Hyper Caché (éditions du Moment) .

"Dès que j'ai entendu qu'il y avait un blessé jeune, j'ai compris qu'il était parti"

"Il était très dynamique et ambitieux, complète René Trabelsi, un ami de la famille dans Le Parisien. Il était aussi altruiste et courageux. Son geste de bravoure lui ressemble beaucoup : je suis sûr qu'il ne pensait pas à lui en s'opposant au terroriste, mais à sauver le maximum d'otages."

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Ce geste héroïque n'a pas étonné son père, Benyamin Hattab, rabbin en Tunisie, qui a témoigné deux jours après l'attaque sur France 2 : "Dès que j'ai entendu à la radio qu'il y avait un blessé jeune, j'ai compris qu'il était parti. Pourquoi? Parce que mon fils est très courageux. Je me suis dit, il a peut-être essayé de se bagarrer."

"Yoav était tunisien et patriote"

Yoav Hattab est issu d'une famille juive tunisienne très pratiquante. Tous les samedis, il fait shabbat, moment de repos hebdomadaire dans la religion juive. Durant ce jour spécial, il est interdit de travailler, d'utiliser l'électricité et de cuisiner. Tout doit être préparé à l'avance. Ce vendredi, Yoav s'était donc "proposé pour faire les courses en vue du repas de shabbat", narre Yohann Derai, qui a été otage avec lui. Une initiative qui lui aura été fatale. "A Paris, il était très impliqué dans la vie de sa synagogue. C'était un garçon pieux, qui voyageait avec sa kippa, mais qui vivait en même temps sa religion de façon moderne. Il aimait sortir avec des amis," note René Trabelsi. 

Né en Tunisie, Yoav était venu en France après son bac pour poursuivre des études de marketing et de commerce international. "Tout en étant juif très pratiquant, Yoav était tunisien et patriote. Mais tout en étant tunisien, il évoluait avec une grande aisance en France, où il était également un peu chez lui. Il parlait d’ailleurs le français sans accent", se souvient un de ses amis Yohann Taieb, dans une tribune sur le site juif Jewpop

"Yoav était multiple, polyglotte. Partout chez lui et juif partout. Il était particulier et il était universel. C’est cet idéal-là – rester soi-même sans se fermer aux autres – que les tueurs ont voulu faire disparaître, en vain. Cet idéal est également celui qui me semble être au fondement de la république française", décrit Yohann Taieb. Juif, Tunisien, Français de coeur, Yoav Hattab a été enterré le 13 janvier 2015 au cimetière de Givat Shaul à Jérusalem. Il avait 21 ans. 

Source: leJDD.fr

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