C’est terrible, la mémoire courte. Près d’un mois après son accident de ski, il faut désormais aller fouiller dans les profondeurs d’Internet pour obtenir quelques informations toutes contradictoires sur l’évolution de l’état de santé de Michael Schumacher. Plus les jours passent, moins on s’y intéresse, et pourtant plus la situation devient dramatique. Evidemment, la tâche des envoyés spéciaux de BFM ou iTélé commençait à être ardue : « On vient d’apprendre que la façade de l’hôpital où Michael Schumacher est toujours maintenu dans le coma a été refaite l’année dernière par quatorze ouvriers qui ont travaillé sans relâche pendant trois mois… Merci Thomas pour cette information, n’hésitez pas à revenir vers nous dès que vous avez l’identité des ouvriers qui ont donc refait la façade de l’hôpital où, nous vous le rappelons, Michael Schumacher est toujours maintenu dans le coma… Thomas, vous confirmez ? Je confirme surtout qu’il fait un peu frisquet aux abords de l’hôpital où Michael Schumacher est toujours maintenu dans le coma… »
AVOIR LA MÉMOIRE COURTE, C’EST ÉGALEMENT ENTERRER FEDERER
Avoir la mémoire courte, c’est aussi se désintéresser du procès de nos Ribéry et Benzema nationaux. Mais si, souvenez-vous, Zahia ! Nous étions tous offusqués, choqués, nous avions tous un avis tranché, décidés que nous étions à ne pas prendre la défense de nos attaquants. Elle a bien grandi maintenant, Zahia. Elle a 22 ans et a tout avoué. Et Ribéry et Benzema ont qualifié la France pour le Mondial au Brésil. Alors bon… On dit qu’on s’en fout.
Et pourtant, on imagine bien la petite vendeuse de charmes s’adresser au président du tribunal, gonflée à bloc : « Monsieur, j’ai menti sur mon âge, c’est pas la faute à Franck, il savait pas… Et puis il a perdu le Ballon d’or alors qu’il avait fait de la place au-dessus de sa cheminée. C’est trop nul, votre majesté, s’il vous plaît, soyez cool avec lui. »
Parce que si Zahia avait pu voter pour le Ballon d’or, elle aurait fait comme nous tous. Elle aurait logiquement considéré que ce n’est pas un concours d’adresse récompensant les VRP en coupes de cheveux les plus habiles devant le but, que le « Soulier d’or » comme l’a dit Francky prime déjà les grands buteurs, et que marquer des buts n’est utile que si cela permet d’engranger des victoires pour au final gagner des trophées. Bon, elle l’aurait dit avec ses mots à elle, bien sûr, mais en substance c’eût été, à n’en pas douter, son argumentaire.
Mais avoir la mémoire courte, c’est également enterrer Federer depuis des mois et le voir produire le plus beau jeu du monde dans le premier set de son huitième de finale de l’Open d’Australie face à un Tsonga renvoyé au rang de minime. Avoir la mémoire courte, c’est oublier que Karabatic est toujours le meilleur handballeur du monde et qu’un « Expert » reste un expert.
Avoir la mémoire courte, c’est oublier que Courbis n’est pas qu’une grande gueule mais aussi un grand coach, seul capable de relever Montpellier. C’est également oublier que… Ah ! «… Alors que Thomas, notre envoyé spécial à l’hôpital où Michael Schumacher est toujours maintenu dans le coma nous appelle, oui Thomas ? J’avais une information importante à vous donner sur l’évolution de l’état de santé de Michael Schumacher mais… j’ai oublié. » Foutue mémoire.
Dans le cahier « Sport & Forme » du Monde cette semaine
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