Emploi, tous désunis face à l’urgence !
L'exécutif prépare un grand plan d'urgence contre le chômage qui ne cesse de croître en France alors qu'il tend à baisser dans la zone euro. Mais face à lui, il trouve essentiellement des postures et une série d'acteurs, au mieux, en ordre dispersé, au pire, aux positions divergentes.
"Tous ensemble, tous ensemble", ont l'habitude de scander les manifestants en France. Face à la situation dramatique du chômage, force est de constater que le mot d’ordre c’est chacun pour soi. Les chômeurs seront bien gardés… et assurés de rester dans l’inactivité. Preuve en a été donnée dimanche 10 janvier avec une tribune de chefs d’entreprise dans le Journal du Dimanche.
En partie consacrée à proposer des dispositifs concernant les petites et moyennes entreprises, celle-ci relaie les positions du Medef... mais elle n’est pas signée par les deux grandes organisations représentatives… de ces mêmes petites et moyennes entreprises, la CGPME et l’UPA. Les organisations d’employeurs sont trop occupées à se prendre le bec sur leur représentativité respective qui doit bientôt entrer en vigueur.
Cette division n'est pas propre aux représentants patronaux. Lundi 11 janvier, Manuel Valls reçoit à Matignon les partenaires sociaux. Seul point d'accord entre les organisations représentatives de salariés : la critique des propositions des chefs d’entreprises. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, les disqualifie d’emblée en parlant de "vieilles recettes". Aux oubliettes le "contrat agile" permettant de sécuriser juridiquement les ruptures de contrats de travail. Quoi de plus normal que d’évacuer immédiatement l’avis de ceux qui au final prennent la décision d’embaucher ! Des chefs d'entreprisers qui, confrontés à une visibilité de quelques semaines sur leur carnet de commandes, se montrent réticents à prendre des décisions qui les engagent sur un terme beaucoup plus long.
Former les chômeurs, un... mythe
Si les employeurs ne se satisfont pas des multiples solutions de flexibilité existantes, offertes par exemple par les CDD et l’intérim, c’est peut-être qu’ils ont envie de se projeter dans une relation de plus long terme avec leurs salariés, sans courir pour autant le risque que celle-ci ne mette en péril leur activité par des ruptures coûteuses et longues (réelles ou fantasmées). Si l’équilibre du risque est rompu en le faisant reposer entièrement sur les salariés, peut-être serait-il plus utile d’entendre la parole des recruteurs et de chercher une ligne de partage plus équilibrée au lieu de fermer toutes les portes.
Le troisième acte de la division se situe entre les syndicats de salariés eux-mêmes. Si la CFDT considère d’un bon œil le projet du gouvernement de lancer 500 000 formations de chômeurs, le patron de la CGT, Philippe Martinez, a confié aux Echos que l’idée que "le chômage serait un problème de formation" est "un mythe". De son côté, FO pense urgent d’augmenter les salariés qui ont un emploi pour résoudre le problème du chômage.
Dans toute cette histoire, le plus beau c’est que les seuls que l’on n’a pas pensé entendre, ce sont les principaux intéressés : les chômeurs. Même si les associations qui les représentent n’ont jamais réussi à se faire une place, elles existent. Une association comme Solidarités nouvelles face au chômage a peut-être quelques idées en la matière. Mais chacun campe sur ses postures, chacun reste à sa place. "Dans la lutte contre le chômage on a tout essayé", a lâché un jour François Mitterrand, sauf une chose peut-être… s’écouter et faire un pas l’un vers l’autre. L’engagement de l’exécutif vers des solutions enfin efficaces en serait sans doute simplifié.
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