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La ligne libérale de l'UMP divise le parti

L'UMP doit valider son programme d'alternance samedi. Mais à la veille de ce grand raout, plusieurs figures du parti s'inquiètent d'une ligne économique trop libérale.

Gaël Vaillant , Mis à jour le
François Fillon, Alain Juppé et Jean-François Copé lors du séminaire du 18 décembre dernier.
François Fillon, Alain Juppé et Jean-François Copé lors du séminaire du 18 décembre dernier. © Reuters

Il y a un an, la guerre Copé-Fillon a failli faire éclater l'UMP pour des raisons politiques. Aujourd'hui, c'est la ligne économique choisie par l'exécutif du parti qui menace son unité. Elle se traduit notamment par le programme d'alternance, arrêté à l'issue d'un séminaire le 18 décembre dernier et qui doit être voté samedi lors d'un Conseil national, le "parlement" du parti. Depuis une semaine, deux camps, libéraux et modérés, s'opposent dans les médias.

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Les partisans de la ligne libérale

Le 31 décembre dernier, lors de ses vœux aux Français, François Hollande a annoncé la mise en place du pacte de responsabilité. Après les précisions apportées par le chef de l'Etat lors de sa conférence de presse, le 14 janvier, plusieurs responsables UMP ont rejeté en bloc ce projet. Parmi eux, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand et surtout le président de l'UMP Jean-François Copé. Ce dernier répète depuis deux semaines que le programme d'alternance permettra une résolution plus rapide de la crise : "Nous, nous allons beaucoup plus loin. Ce que propose François Hollande, c'est 10% de notre projet."

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Ce projet s'articule autour d'une vingtaine de propositions issues des ateliers pilotés depuis un an par Hervé Mariton. Parmi elles, la fin des 35 heures, le passage de l'âge légal de la retraite à 65 ans, la lutte contre l'assistanat (plafonnement des minima sociaux, durcissement des règles d'indemnisation des chômeurs, fusion RSA-Prime pour l'emploi), la réforme le code du travail (avec la création d'un contrat de travail unique) et une simplification territoriale avec la suppression de certaines régions et départements. Alors que les socialistes ont annoncé 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017, l'UMP promet 130 milliards d'euros d'économies sur cinq ans.

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Depuis sa naissance en 2002, l'UMP a toujours fait la synthèse entre libéralisme, gaullisme et idéologie démocrate-chrétienne. Après la défaite de 2012, la tendance libérale s'est affirmée, notamment avec l'émergence de la Droite forte, de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, ou de personnalités comme Luc Chatel et Michèle Tabarot, respectivement vice-président et secrétaire générale du parti. Tous n'accordent aucun crédit aux annonces de François Hollande. Et s'agacent que certains membres de leur parti saluent au contraire la bonne volonté du chef de l'Etat.

Les plus modérés

Mercredi en plein Bureau politique, l'organe exécutif du parti, Jean-François Copé a dénoncé ceux qui "donnent des gages au camp d'en face pour monter dans les sondages". Une attaque qui visait directement François Baroin qui, le matin même dans Les Echos , déclarait qu'"une opposition aveugle est aussi inutile au pays qu'un pouvoir sourd". Pour l'ancien ministre de l'Economie, "ce que propose François Hollande, c'est la politique (de l'UMP)". "Je maintiens que c'est la piste à suivre. Et vite", ajoutait-il.

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Le député-maire de Troyes, qui sera présent samedi mais ne votera pas le projet de Hervé Mariton, n'est pas un cas isolé. Beaucoup ont salué le tournant social-démocrate du chef de l'Etat tout en attendant des actes concrets. "Le Président fait enfin le bon diagnostic", a estimé dans Le Monde daté de vendredi Jean-Pierre Raffarin, qui se revendique d'un courant libéral modéré. "Il en va de notre crédibilité de reconnaître que la suppression des cotisations familiales est une bonne idée dès lors qu'elle se trouvait dans notre projet", a analysé Bruno Le Maire dans Challenges . Même François Fillon a validé l'idée d'un pacte de responsabilité : "La discussion va être engagée avec les organisations patronales, et je ne puis que souhaiter qu'elle aboutisse et qu'il en sorte quelque chose d'utile au pays", a-t-il déclaré lors d'un meeting le 15 janvier.

D'autres s'attaquent directement au projet d'alternance. "Méfions-nous de la tentation de recycler de vieilles idées que nous n'avons pas eu le courage de mettre en œuvre quand nous étions au pouvoir", a ainsi lancé Laurent Wauquiez, jeudi dans Le Figaro. Vendredi, c'est Alain Juppé qui a pris ses distances avec ce programme qui le "met mal à l'aise". "Le texte me semble un peu trop libéral. Certains voulaient même supprimer le smic! Heureusement que l'on a été plusieurs à s'y opposer", a-t-il expliqué dans Le Monde . "Vu l'ampleur de la crise, mieux vaut en faire trop que pas assez", lui aurait répondu Hervé Mariton selon Le Monde. Le maire de Bordeaux ne sera pas au Conseil national de samedi. Jean-François Copé espérait pourtant que ce grand raout montre l'unité retrouvée de l'UMP.

Voir l'édito vidéo de Bruno Jeudy, rédacteur en chef au JDD : Copé, "moi président" .

Source: leJDD.fr

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