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Économie

L'absentéisme galopant des agents municipaux

La ville de Montpellier apparaît comme le mauvais élève du palmarès établi par le think tank Ifrap. Le taux d'absentéisme de ses fonctionnaires est 4 fois plus élevé que dans les entreprises privées.
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Hôtel de ville de Montpellier
Hôtel de ville de Montpellier
(c) Ville de Montpellier via Wikipédia

L’absentéisme est encore un tabou dans la fonction publique et notamment la fonction publique territoriale. Le think tank l’Ifrap a donc eu toute la peine du monde à recueillir des données et établir un classement. "Nous avons réclamé aux trente premières villes de France leur bilan social qui donne un état précis des effectifs des mairies, six mois plus tard, 17 mairies seulement, ont accepté de nous livrer leurs chiffres pourtant sensés être parfaitement publics", explique Agnès Verdier Molinié qui dirige cet organisme.

Le bilan social est un exercice obligatoire auquel les mairies doivent se plier une fois tous les deux ans minimum. C’est là l’autre difficulté de cette étude. Car non seulement la moitié des plus grandes agglomérations françaises ont livré leurs statistiques mais les 17 agglomérations qui ont joué le jeu ont, pour certaines, fait état de documents qui datent de 2011, quand d’autres ont ouvert leurs comptes de 2012. La base n’est donc pas la même.

39 jours d'absence en 2011 à Montpellier

Il n’empêche les résultats sont évocateurs d’une très mauvaise gestion des ressources humaines dans les grandes mairies françaises. Et c’est un euphémisme. Comment est-il possible d’imaginer qu’un agent de la mairie de Montpellier ait pu s’absenter jusqu’à 39 jours en moyenne en 2011…? Comment Hélène Mandroux, le maire socialiste de cette ville de 264 000 habitants (15ème ville de France), qui ne se représente pas en mars prochain, justifie-t-elle pareil bilan?

La Cour régionale des comptes (CRC) avait déjà pointé dans un rapport de novembre dernier l’explosion du nombre de journées d’absence passé, dans cette ville, de 24 journées par agent en 2007 à 40 journées en 2011. Et ce alors que la mairie a octroyé depuis 2000 une sixième semaine de congés payés à ses fonctionnaires. La ville avait, dans une réponse rendue public, contesté le mode de calcul de la CRC.

Des catégories de personnel plus ou moins assidues

Montpellier n’est pas la seule agglomération mauvaise gestionnaire. Strasbourg, Bordeaux, Villeurbanne et Clermont-Ferrand disposent d’un taux d’absentéisme de leurs agents supérieur à la moyenne nationale de 11,75%, soit 26 jours par agent et par an. Paris ne figure pas dans le classement de l’Ifrap. La Chambre régionale des comptes s’est penchée sur le cas parisien. Ce document présenté en mars 2012 fait état d’environ 20 jours d’absence par agent et par an. Paris est donc en dessous de la moyenne nationale (26 jours). Mais ce chiffre est en constante augmentation : le taux d’absence est passé de 9,7% en 2007 à 10,9% en 2009.

En tête des catégories de personnel les moins assidues à leur travail, on trouve, à Paris, les agents techniques de la petite enfance (18,25%), suivis des auxiliaires de puériculture (15,84%) et des éboueurs (15,80%). "Nous avons des métiers pénibles, beaucoup de métiers pénibles", justifie Maïté Errecart, l’adjointe au maire en charge des ressources humaines.  

Des arrêts plus longs et plus fréquents que dans le privé

En attendant, certaines agglomérations s’en tirent beaucoup mieux que d’autres. C’est le cas du Havre (7,9%), de Nîmes (7,6%), Saint Etienne (7,15%) ou encore Besançon (6,32%). Des chiffres qui avoisinent les taux d’absentéisme observés dans les entreprises françaises qui était, en moyenne, de 4,5% en 2012. Certains grands groupes comme Air liquide (2,5%), BNP Paribas (2,15%) ou même Renault (3,35%) parvenant à des performances remarquable sur ce sujet.

Mais d’une façon générale, tous les indicateurs des collectivités sont dans le rouge et empirent année après année. En 2011, les fonctionnaires territoriaux sont en France plus nombreux à s’arrêter (+13%), plus souvent (+19%) et plus longuement (+14%). La mise en place de "prime de rendement administratif" n’a rien changé. "La pyramide des âges vieillissante et le peu d’évolution de carrière sont les premières causes de ce fléau", explique Pierre Souchon, directeur adjoint au service étude de la Sofaxis, l’assureur des collectivités locales.

Un surcoût estimé à 2.000€ par an et par agent

Plus la collectivité est importante, plus les agents sont nombreux à s’arrêter. Pour le think tank libéral, l’Ifrap, cet absentéisme record s’explique d’abord "par l’absence jusqu’à l’année dernière de jours de carence", rappelle sa directrice Agnès Verdier-Molinié. "Leur fiche de paye n’est jamais amputée, c’est une vraie différence avec le privé", ajoute-t-elle. Car ces absences à rallonge ont un coût pour la collectivité : environ 2000 euros par agent et par an. Une charge de moins en moins supportable pour des collectivités surendettées. 

Méthodologie: Pour calculer le taux d'absentéisme, l'IFRAP a calculé un ratio entre le nombre de jours travaillés (224 par an en moyenne une fois retranché les jours non-ouvrés et congés payés notamment) et le nombre de jours d'absence pour cause de maladie, enfant malade, mariage ou encore accident. 

 

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