La page de profil LinkedIn de Muhammad Daniel, avant sa suspension.

Le profil LinkedIn de Muhammad Daniel, avant sa suppression, invitait les potentielles recrues à la rejoindre en Syrie.

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"Vivre au coeur de l'État Islamique est une belle expérience et je vous encourage à venir le constater par vous-mêmes. Il n'y a aucun danger ici, c'est un super endroit pour s'installer avec sa famille. Mis à part les bombardements des avions occidentaux sur les civils!" Ce message de propagande n'est pas une plaisanterie. Il a été publié sur le profil LinkedIn de Mark John Taylor, alias Daniel Muhammad, un Néo-Zélandais de 43 ans basé en Syrie depuis 2014, rapportent les médias australiens et Néo-Zélandais.

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Son but: recruter parmi la communauté de LinkedIn pour grossir les rangs de Daech, comme le feraient les grandes entreprises ou les chasseurs de têtes avec, pour différence notable, une appétence pour les fanatiques et autres amateurs de ce que la charia fait de pire. But qui n'a vraisemblablement pas plu à LinkedIn, puisque son compte a finalement été suspendu après sa découverte, il y a quelques jours, par les médias.

"Les terroristes ne sont pas les bienvenus"

Contactée par L'Express, l'entreprise américaine ne s'étend pas sur les détails, mais veut afficher une politique ferme. "Nous ne tolérons ou ne permettons aucune activité sur notre site qui viole nos Conditions d'utilisation, y compris les discours de haine, de violence et de menaces. Isis [acronyme pour désigner Daech en anglais, NDLR], les terroristes et ceux qui se livrent à des crimes violents ne sont pas les bienvenus sur LinkedIn et sur nos services", nous explique-t-on.

"Ce profil a été supprimé", confirme également l'entreprise américaine, qui précise "travailler également en étroite collaboration avec les autorités sur ces questions".

Professeur d'anglais pour les 5 à 12 ans, ex-militaire

Mais avant que son profil soit suspendu, plusieurs médias ont pu en faire une capture d'écran. Daniel Muhammad s'y présente comme un professeur d'anglais pour les enfants de 5 à 12 ans.

Linkedin Daech Isis

La page de profil LinkedIn de Muhammad Daniel, avant sa suspension.

© / Linkedin

"Je suis très fier de travailler et de faire de mon mieux dans le secteur de l'éducation. Je fais tout mon possible pour m'améliorer et pour donner mes meilleurs conseils à ceux qui en ont besoin. Je suis loyal, discipliné, travailleur et possède de nombreuses compétences", écrit-il en guise d'introduction.

L'homme prétend également être un ancien membre du régiment d'artillerie 16FD de l'armée Néo-Zélandaise et avoir travaillé pour "de nombreuses sociétés spécialisées dans la sécurité entre 2004 et 2012, dans l'informatique, 171 radios, des ballons météorologiques et des radars". Fier de servir "son Dieu, sa Reine et son Pays, la Nouvelle-Zélande", Daniel Muhammad indique également avoir été "professeur d'anglais en Indonésie" et "aimer apprendre à l'aide d'une marionnette et s'amuser avec ses élèves (sic!)"

Muhammad Daniel

Muhammad Daniel a accordé plusieurs interview aux services de propagande de l'organisation État islamique.

© / Site pro-Daech

The Australian et The New Zealand Herald indiquent de leur côté que Mark John Taylor a changé de nom en 2009 quand il a été expulsé du Pakistan. Il a ensuite acheté un aller simple pour la Syrie en 2014 et s'est déclaré "soldat d'Allah" peu après. Lors d'une interview accordée au magazine néo-zélandais 60 Minutes en 2011, il expliquait qu'il voyageait en Syrie pour trouver une femme. Il aurait rejoint les rangs de l'organisation l'Etat Islamique en décembre 2014 et est depuis apparu dans des vidéos de propagande de Daech, notamment aux côtés de Neil Prakash, l'un des recruteurs australiens les plus connus.

Daech et les réseaux sociaux, une longue histoire d'amour

Si les réseaux sociaux -Facebook, Twitter etc.- sont, depuis longtemps, un des terrains de jeu préférés des djihadistes pour effectuer le recrutement, LinkedIn semblait jusqu'ici épargné. De quels outils la plateforme dispose-t-elle pour lutter? Interrogée par L'Express, l'entreprise explique "surveiller activement la plate-forme pour ces violations [de leurs Conditions d'utilisation, NDLR]. Quand nous prenons connaissance de toute activité sur notre site visant à soutenir le terrorisme, nous prenons les mesures appropriées", affirme le réseau social professionnel.

LIRE >> Comment Daech parvient-il à se connecter à Internet?

Conscient de ne pas non plus pouvoir être parfait, surtout face à l'armée de Daech sur Internet, LinkedIn "encourage" tout de même ses membres "à signaler du contenu et messages inappropriés, ou des problèmes de sécurité".

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