Aux Etats-unis, les noms et symboles racistes ont encore la vie dure

Dans une petite ville de la côte Est, le sceau municipal montrant un homme blanc en train d'étrangler un Indien sera finalement gardé. D'autres symboles, comme le drapeau confédéré, sont aussi régulièrement mis en cause.

Par Romain Capelle

Publié le 14 janvier 2016 à 17h50

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h22

Le 11 janvier, les habitants de la petite ville de Whitesboro, dans l'Etat de New York, ont voté : il n'est pas question de changer le sceau (et emblème) de leur ville, pourtant jugé ouvertement raciste par nombre d'Américains.

La polémique sur ce sceau, controversé depuis des décennies, avait rejailli il y a quelques mois, poussant le maire de la ville à organiser un vote consultatif auprès de ses administrés pour savoir de quel côté du débat ils se situaient. Côté indigné (ce sceau représente un homme blanc en train d'étrangler un Indien, un motif pour le moins offensant envers la communauté amérindienne) ou côté conservateur (il symbolise la légendaire lutte amicale entre le colon et fondateur de la ville, Hugh White, et un Indien de la tribu Oneida). Les partisans du statu quo l'ont emporté, par 157 voix contre 55, une écrasante majorité, mais une très faible mobilisation pour cette ville d'environ 3 800 habitants. Bref, la polémique n'est pas près de disparaître. Le maire ayant déjà annoncé dans un communiqué qu'il allait « former un comité pour modifier le sceau actuel afin d'en créer une version plus moderne, professionnelle, et culturellement acceptable qui reflétera la relation historique entre notre fondateur, Hugh White et l'Amérindien Oneida avec qui il devint ami. »

Pourquoi le retour de cette vieille polémique ? Depuis la fusillade de Charleston (Caroline du Sud) du 17 juin 2015, où un homme avait fait irruption dans une église fréquentée majoritairement par des Noirs et tué neuf personnes, le débat sur les symboliques racistes ou offensants envers certaines communautés est très vif aux Etats-Unis.

C'est d'abord le drapeau confédéré qui s'est retrouvé sous les projecteurs, avec des pétitions, manifestations et campagnes sur Internet autour du slogan « bring down the flag » (« descendez le drapeau »). Pour ses détracteurs, son utilisation ne fait que glorifier les Etats esclavagistes unis lors de la Guerre de Sécession (et il faut dire qu'il avait aussi été beaucoup réemployé par les opposants à la lutte pour les droits civiques des Noirs dans les années 60). Pour ses défenseurs, il symbolise juste l'héritage du Sud des Etats-Unis. Mais cette fois-là, ce sont les premiers qui ont gagné, et le Sénat de Caroline du Sud a fini par le retirer du mât sur lequel il flottait aux abords de son capitole.

Logo des Indians de Cleveland

Logo des Indians de Cleveland

Certains veulent encore aller plus loin : pourquoi ne pas déboulonner les statues d'hommes, certes célèbres, mais aussi suprémacistes blancs militants, encore présentes dans les jardin municipaux ? Pourquoi ne pas renommer tous les toponymes racistes (Negro Moutain, Indio Muerto street, etc.) qui subsistent ? Le Guardian a même entrepris de recenser sur une carte tous les cas qui posent encore problème :

Vaines réécritures de l'histoire ou effort nécessaire ? Pour que les communautés puissent vivre ensemble, peut-être faut-il commencer par créer les conditions de la rencontre en agissant sur l'environnement culturel dans lequel elles vivent... De notre côté, en Europe, des musées ont bien pensé à renommer des oeuvres aux titres jugés offensants. Et en France, en Alsace, les têtes-de-nègre ne s'appellent déjà plus comme ça sur nombre de marchés de Noël...

Sur le même thème

Cher lecteur, chère lectrice, Nous travaillons sur une nouvelle interface de commentaires afin de vous offrir le plus grand confort pour dialoguer. Merci de votre patience.

Le magazine en format numérique

Lire le magazine

Les plus lus