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FRANCE

Une école bricolée au milieu de l'enfer du camp de migrants de Grande-Synthe

Photos publiées sur la page Facebook de Dunkirk Kid's Welfare
Photos publiées sur la page Facebook de Dunkirk Kid's Welfare
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Quand on pense aux de camps de migrants du nord de la France, on imagine le plus souvent des hommes jeunes qui tentent leur chance pour rejoindre l'Angleterre. Mais il y a aussi de nombreuses familles, et donc beaucoup d'enfants, qui essaient de traverser la Manche et se retrouvent bloqués. C'est le cas à Grande-Synthe (lire le long-format de France 24 à ce sujet), en banlieue de Dunkerque, où 250 enfants et au moins huit nouveaux-nés vivent dans des conditions abominables. Notre Observatrice tente de leur venir en aide.

Critiquées pour les conditions épouvantables d’accueil des migrants à Grande-Synthe, les autorités françaises ont autorisé Médecins Sans Frontières à installer un camp humanitaire, avec 500 tentes chauffées, des douches avec de l’eau chaude et des sanitaires sur un terrain plus sec. Les travaux devraient être bouclés dans un mois. Jusqu’à ce déménagement, 2 500 migrants, la plupart des Kurdes d’Irak, continuent de vivre dans le froid et la boue.

Another vid from Dunkirk, Grand Synth camp. Path leading up to a central open area that was once a football field.

Posted by Rowan Farrell on Monday, 4 January 2016

“Presque tous les enfants ici toussent, ont de la fièvre et des diarrhées”

Sara Stanley, éducatrice de nationalité anglaise, travaille bénévolement dans "l'école" du camp. Un tout petit bâtiment en dur qui a été construit avant l’interdiction des autorités d’ériger des structures permanentes. Elle décrit les conditions terribles dans lesquelles vivent ces enfants.

Depuis les pluies diluviennes de décembre, le terrain est recouvert de boue et les enfants jouent dedans. C’est extrêmement sale - j’ai vu des flaques de vomi et d’excréments, des détritus et des rats morts à l’intérieur…. Sans oublier la mort aux rats par terre. Il n’y a pas de douches ici, donc les parents ne peuvent même pas laver convenablement les petits.

Les gens ici brûlent tout ce qu’ils trouvent pour se réchauffer – quelque fois meme du plastique, dégageant de la fumée âcre et des émanations. Conséquence : les enfants ont les yeux rouges, toussent et leur voix est érayée. Il y a aussi des enfants qui risquent de s’intoxiquer au monoxyde de carbone en restant enfermés dans les tentes la journée avec ces émanations de gaz.

J’ai vu des bébés qui devraient ramper, mais qui n’ont nulle part où le faire. Le développement moteur est lié à celui du cerveau ; ces enfants risques d’être affectés gravement par ces conditions de vie.

En dépit de tout cela, les familles de réfugiés se sentent plus en sécurité à Dunkerque qu’à Calais. [Les Observateurs ont souvent rapporté la situation des migrants à Calais, victimes de racisme et de certaines violences policières, NDLR.]

“Ce sont des enfants traumatisés, ils peuvent avoir des comportements destructeurs”

Une organisation belge a construit cette école, qui comprend deux pièces et une cuisine. J’ai organisé l’espace et je les ai aidés à trouver une chaudière. La nuit, des familles dorment ici, mais le jour, c’est réservé aux enfants.

 

C’est un défi. Les enfants ici ne viennent pas à des horaires fixes ou accompagnés par leurs parents. Nous ne sommes pas dans une situation de cours normale. Ce sont des enfants traumatisés, qui ont tout perdu de leur ancienne vie. Lorsque nous leur donnons des jouets, ils ne savent parfois pas quoi en faire, ils les jettent au sol, ces enfants peuvent avoir des comportements destructeurs.

Une jeune femme est venue avec sa fille de trois ans, Leah, qui hurlait si les autres enfants s’approchaient de ses jouets. Elle nous a dit que sa fille avait perdu son doudou pendant le voyage. Depuis lors, elle pleure tout le temps parce qu’elle ne possède plus rien de son passé.

 

Chaque jour, nous recevons une vingtaine d’enfants âgés de 3 à 12 ans. Une pièce est reservée aux grands, une autre aux mères avec leurs bébés.

 

“Les autorités françaises jouent avec la vie des gens”

Actuellement, on attend de voir ce qui se passera avec le nouveau camp. J’aimerais proposer une bibliothèque mais la police ne me laissera pas faire ; on ne peut plus emmener de planches ou d'étagères dans ce camp.

Lundi, la police a autorisé les militants à apporter de nouvelles tentes et des sacs de couchage. Mais c’est terminé, maintenant, les volontaires vont devoir faire passer tout un tas de choses par la forêt. Ils continuent à apporter de l’aide car il y a des personnes vraiment malades. Les autorités françaises jouent avec la vie des gens. Si la météo se gâte, les migrants – et particulièrement les enfants – seront vraiment en danger pour leur vie.

Les médias français rapportent que la politique très ferme des autorités est due à leur volonté de ne pas encourager l’installation d’un camp permanent, par crainte de générer un afflux encore plus important de réfugiés.

 

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