Alors que de plus en plus d’observateurs craignent l’explosion d’une nouvelle crise financière, les dégâts causés par les banques lors de la précédente n’en finissent pas d’être réparés. Goldman Sachs a ainsi annoncé, jeudi 14 janvier, être parvenu à un accord avec les régulateurs financiers américains dans le cadre des litiges liés à l’éclatement de la bulle des subprimes – ces crédits hypothécaires souscrits par des emprunteurs insolvables, à l’origine de la dépression de 2008. La banque d’affaire a accepté de verser un total de plus de 5 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros) pour stopper les poursuites dont elle faisait l’objet.
L’affaire remonte à 2005-2007, au plus fort de la bulle immobilière aux Etats-Unis. Goldman Sachs avait commercialisé des produits titrisés, liés à des prêts hypothécaires. La technique de la titrisation permet de transformer des créances en produits financiers, qui sont ensuite émis sur le marché des capitaux. Lorsque les prix de l’immobilier se sont effondrés, les investisseurs ont vu fondre la valeur de ces produits, entraînant pour eux de lourdes pertes. Des pratiques qui violent les lois fédérales en matière de crédit.
A titre de sanction, Goldman Sachs s’est vu infliger une amende d’un montant 2,38 milliards de dollars, à laquelle s’ajoute le versement de 875 millions qui serviront à indemniser les consommateurs lésés. Par ailleurs, la banque devra consacrer 1,8 milliard au financement de travaux de réhabilitation de logements, à la restructuration de la dette de ménages en difficulté et au financement de programmes de prévention contre les saisies immobilières.
« Accord de principe »
Cet accord va obliger Goldman Sachs à inscrire une provision de 1,5 milliard de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre 2015, qui seront publiés le 20 janvier. « Nous sommes heureux d’avoir trouvé un accord de principe pour résoudre cette affaire », a déclaré avec soulagement Lloyd Blankfein, le PDG du groupe dans un communiqué.
Il s’agit du plus gros montant jamais payé par Goldman Sachs dans le cadre du règlement d’un litige, qui reste toutefois très inférieur aux amendes acquittées par Bank of America et JPMorgan dans des affaires similaires. Ces deux banques avaient dû régler respectivement 16,6 milliards de dollars en 2014 et 13 milliards en 2013 aux régulateurs financiers.
De son côté, Goldman Sachs avait déjà payé 3 milliards de dollars en 2014 dans le cadre d’un accord concernant Fannie Mae et Freddie Mac, les organismes fédéraux spécialisés dans les prêts hypothécaires. Dès 2010, la banque avait également dû verser 550 millions de dollars à la Securities and Exchange Commission – le gendarme de la Bourse américaine – pour éteindre les poursuites concernant Abacus, un type de « collateralized debt obligation » (CDO), c’est-à-dire des obligations adossées à des actifs destinées à se défaire des risques de crédit. Au plus fort de la crise, Goldman avait été très critiqué sur l’utilisation de ces CDO, qui lui avaient permis de tirer profit de l’effondrement général du marché immobilier.
L’ensemble des règlements des litiges liés à la crise des subprimes représente un montant total de 181,1 milliards de dollars, selon Navigant, une firme spécialisée dans les contentieux, citée par le Wall Street Journal. Un montant qui n’est toujours pas définitif dans la mesure où d’autres enquêtes sont toujours en cours.
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