Déplacements à Paris, les vélos dépassent (presque) les autos

Déplacements à Paris, les vélos dépassent (presque) les autos

    Les Parisiens circulent en bus, en métro, à véloâ?¦ mais de moins en moins en auto. Voilà le principal enseignement du bilan des déplacements en 2014 à Paris, qui sera rendu public ce vendredi par la mairie. La baisse du trafic automobile constatée s'est accompagnée d'une hausse de fréquentation dans les transports en commun mais aussi d'une forte augmentation du nombre de déplacements à vélo. Revue de détail.

    La voiture en perte vitesse. Le trafic automobile, mesuré grâce à une batterie de capteurs disposés sous tous les grands axes de la capitale, a enregistré une baisse de 4 % en 2014 par rapport à l'année précédente. Ce résultat confirme une tendance à la baisse engagée dès 2001. Par rapport à cette année de référence, la circulation en 2014 a plongéâ?¦ de 30 %. A la mairie de Paris, on attribue cette baisse aux changements de comportement et de mentalité (lire ci-dessous).

    Mais les difficultés de circulation engendrées par la redistribution de l'espace public au profit des « modes de déplacement doux » ne sont sans doute pas étrangères non plus au recul de l'auto dans Paris intra-muros. En 2014, on recensait environ 600 000 voitures immatriculées à Paris, soit 100 000 de moins qu'en 2004. Entre ces deux dates, les vitesses moyennes de circulation n'ont pourtant cessé de diminuer : 15,2 km/h en 2014 contreâ?¦ 16,3 km/h dix ans plus tôt.

    Les cyclistes passent le grand braquet. Le nombre de vélos comptabilisé sur les pistes cyclables de Paris a bondi de 8 % en 2014. La part des déplacements à bicyclettes représente désormais 4 % de l'ensemble des déplacements parisiens (contre 3 % en 2013). Problème : les aménagements cyclables sont loin d'être à la hauteur de cette progression.

    En 2014, seuls 5 km de nouvelles pistes sont venus compléter les équipements existants. Et le nombre de places de stationnements vélo (quasi inchangé entre 2013 et 2014 avec 25 900 emplacements) reste largement insuffisant. « 2014 était une année électorale durant laquelle on ne fait pas de travaux », justifie l'adjoint aux transports de la ville Christophe Najdovski. « Mais le plan-vélo que nous avons voté en avril 2015 va monter en puissance cette année. Nous allons débuter l'aménagement du réseau express vélo qui traversera toute la capitale. Et nous lançons les études pour la création de deux grandes vélostations (des parkings sécurisés de 2 000 à 3 000 places) sous les gares de Lyon et Montparnasse. 2016 sera l'année du vélo », promet-il.

    Maïté : « La voiture ? Totalement inutile dans Paris »

    Elle se déplace fréquemment à Vélib', emprunte régulièrement les transports en commun et utilise quelquefois sa trottinetteâ?¦ Mais il ne lui viendrait pas à l'idée de circuler en voiture dans Paris. Maïté, une habitante du IXe âgée de 35 ans, fait partie des nombreux Parisiens (un ménage sur deux selon l'enquête globale de transports de 2010) qui ne possèdent pas de véhicule.

    « C'est totalement inutile dans Paris », estime la jeune femme qui vient de raccrocher son vélo d'emprunt dans la station Vélib géante de la place de la République. « Les automobilistes sont tout le temps coincés dans les embouteillages. Ils polluent. Le stationnement est hors de prixâ?¦ Franchement aucun intérêt », lâche-t-elle en expliquant avoir très exceptionnellement dû emprunter la voiture de ses parents, domiciliés à Nanterre, pour transporter des objets lourds.

    « Et c'était avant la création d'Autolib'», ajoute la cycliste qui précise que le réseau de transport en commun et le vélo sont bien suffisants pour les déplacements du quotidien.

    Les Parisiens, qui patientent aux nombreux arrêts de bus voisins, sont plutôt du même avis. A l'exception d'Henri, un retraité « trop vieux pour rouler à vélo », qui préférerait bien le confort d'une voiture à la cohue dans les transports en commun. « Mais la moitié de ma pension passe dans mon loyer et je n'ai pas de place de parking. Alors si je n'ai pas de voiture, c'est juste pour des raisons financières », conclut-il.

    B.H.

    «Le signe d'un changement de comportement», Christophe Najdovski, adjoint à la maire chargé de la circulation

    «Un bilan très bien orienté.» Christophe Najdovski, l'adjoint (EELV) d'Anne Hidalgo en charge des transports, ne cache pas sa satisfaction. Les tendances relevées par le rapport 2014 correspondent bien à la politique de «rééquilibrage» entre les différents modes de déplacement mise en place par la mairie.

    L'élu se refuse cependant à voir dans le recul de la voiture la conséquence de «l'enfer» qu'un de ses prédécesseurs au Conseil de Paris, l'écologiste Yves Contassot, avait promis de faire vivre aux automobilistes dès 2001. «La diminution du nombre de véhicules en circulation dans la capitale est avant tout le signe d'un changementde comportement des Parisiens dans leur rapport avec la voiture», estime Christophe Najdovski.

    «Les plus jeunes, notamment, ne sont plus dans des logiques de voiture particulière. Ils privilégient les solutions d'autopartage, de covoiturage et surtout de panachage des différents mode de transport», conclut l'élu en rappelant la volonté assumée de la Ville de poursuivre la réduction progressive de la place réservée aux véhicules les plus polluants.

    B.H.