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La terre désenchantée du président - François Hollande en Corrèze

François Hollande et Sophie Dessus, députée socialiste de la Corrèze, en déplacement à Gros-Chastang
François Hollande, accompagné de Sophie Dessus, députée socialiste de la Corrèze, en déplacement à Gros-Chastang, le 18 septembre 2015. © Liewig Christian / SIPA
Par Mariana Grépinet

Le retour de bâton électoral pour François Hollande a commencé dans son fief en 2014. A droite comme à gauche, les Corréziens sont circonspects.

«Est-ce que la population de Tulle est contente de son président ? » demande Bernadette Chirac. « Tout le monde se plaint », répond le commerçant ­auquel elle s’adresse avant d’enchaîner sur les impôts. L’ancienne première dame s’engouffre : « Ils vont continuer à augmenter jusqu’à ce que vous alliez à la soupe populaire. » Bernadette Chirac, désormais simple conseillère départementale suppléante à Brive-la-Gaillarde , n’a pas à insister beaucoup pour que les habitants pestent contre le chef de l’Etat. Ici comme ailleurs, les Français sont déçus par François Hollande . « Qu’il commence par nous augmenter nos retraites », lâche une octogénaire qui commande des chocolats. Dans ce département vieillissant, le maintien de la suppression de la demi-part des parents isolés et des veufs ayant eu un enfant n’est toujours pas digéré. Le rétropédalage du gouvernement n’a rien changé. « Les gens ne suivent pas très bien ce qui se passe », regrette la députée PS de Corrèze Sophie Dessus. Elle déplore aussi « l’inflation législative ». Ici, les chefs d’entreprise se plaignent, dit-elle, de ces « amendements de trois lignes qui leur pourrissent la vie ».

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A La Calèche, le bar où François Hollande a ses habitudes, les touristes se prennent en photo à sa table habituelle. « Humainement, il est super », ­assure Romain Sailly, 28 ans. Le jeune serveur n’a plus voté depuis 2012, quand il avait glissé un bulletin Hollande. « La politique, ça ne m’attire pas », confie-t-il. Il remercie Hollande pour la baisse de la TVA à 5,5 % dans la restauration. « Mais mon patron m’a expliqué qu’elle a été compensée par une nouvelle taxe, ce qui l’empêche d’embaucher », explique-t-il. Pour 2017, il préférerait revoir Nicolas Sarkozy, avec qui« il y a plus d’action ».

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Envers le chef de l’Etat, « il y a une déception, mais aussi une affection et un attachement » Bernard Combes

A gauche comme à droite, les Corréziens sont circonspects. « Avec la déchéance de nationalité, on suce la roue du FN », se désole Pascal Bagnarol, secrétaire départemental du PCF. « Il fait tout pour les patrons, rien pour les salariés », râle Sylvie ­Birolini, 51 ans, pourtant elle-même patronne – « mais petite patronne » – d’une société de taxis. Les nouvelles mesures ­annoncées par le chef de l’Etat contre le chômage sont noyées dans le reste. Il a déjà tellement annoncé... Le retour de bâton électoral a commencé là, dès 2014. Aux municipales, toutes les villes importantes ont basculé à droite : Brive-la-Gaillarde, Ussel, ­Arnac-Pompadour. Puis, en mars 2015, les socialistes ont perdu le département, que François Hollande avait ravi à la droite en 2008. « A ce scrutin, 52 % des Corréziens ont voté à droite alors qu’ils étaient 65 % à avoir voté Hollande en 2012 », rappelle Pascal Coste, le nouveau patron de l’hôtel Marbot, siège du ­département. Pour lui, François ­Hollande a été sanctionné « car il n’a pas réussi à inverser la courbe du chômage ». Il lui reproche aussi de ne pas assez tenir compte du sentiment de relégation du monde rural : « La ruralité n’est pas un hochet qu’on secoue à chaque période électorale. » Il considère quand même que, « contrairement à Nicolas Sarkozy, il ne suscite pas l’antipathie ».

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Pourtant, aux régionales, la Corrèze est redevenue rose. La gauche est arrivée première au second tour avec 44 % des suffrages, contre 37,6 % à droite et 18,3 % au FN. « Sa cote de confiance remonte, à l’égale de ce qui s’opère auprès des Français », veut croire le maire de Tulle, Bernard Combes. D’après lui, le président profite du succès de la Cop21 et de sa bonne gestion des attentats. « Pour 2017, on a confiance. Il y a une déception, mais aussi une affection et un attachement. Les gens mesurent l’extrême difficulté de la fonction », analyse-t-il. C’est le cas de Maurice Gallet, 81 ans, ancien ouvrier. « Je revoterai pour lui en 2017, il n’y a rien d’autre en face et on ne peut pas voter n’importe quoi », explique-t-il en faisant allusion au FN. Dans le département, le parti de Marine Le Pen était inexistant il y a quatre ans. ­Aujourd’hui, près de 1 électeur sur 5 vote FN. Sur le fronton de la cathédrale de Tulle fraîchement rénovée, une banderole indique « décembre 2015 à novembre 2016, jubilé de la Miséricorde ». François Hollande pourrait y voir un signe.

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