VIDEOS. Egypte : au moins 29 morts dans les manifestations

 

VIDEOS. Egypte : au moins 29 morts dans les manifestations

    Voilà trois ans, Hosni Moubarak était chassé du pouvoir en Egypte par une révolte populaire. Un anniversaire marqué ce samedi par des rassemblements rivaux, au lendemain d'attentats meurtriers au Caire, attribués aux islamistes. Des appels à manifester avaient été lancés à travers le pays pour commémorer la révolte de 2011, à la fois par le pouvoir dirigé de facto par l'armée, et par les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, laissant redouter encore des violences.

    Au moins sept personnes ont été tuées, annonçaient les autorités en fin d'après-midi. Mais le ministère de la Santé révisait en début de soirée ce bilan et annonçait 29 morts. Une voiture piégée a explosé en milieu de journée près d'un camp de la police égyptienne dans la ville de Suez, faisant au moins neuf blessés.

    Pro-Morsi et des «Jeunes de la Révolution» de 2011 côte à côte. Au moins vingt-neuf personnes ont été tuées dans des heurts dans les manifestations, selon le ministère de la Santé. L'un des décès est survenu au Caire, où la police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes et de tirs de chevrotine des centaines de manifestants, aussi bien islamistes que libéraux. C'est la première fois que se côtoient des pro-Morsi et des «Jeunes de la Révolution» de 2011, qui répondaient à l'appel d'un mouvement libéral et laïc rassemblant des anciens militants de la révolte anti-Moubarak. Ces derniers scandaient des slogans hostiles aux militaires, aux policiers, aux caciques de l'ère Moubarak et aux Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi. Les manifestants se sont égaillés dans les rues adjacentes sous une pluie intense de grenades lacrymogènes et quelques détonations de fusils à pompe.

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    Le Caire sous haute tension, le général Sissi acclamé par ses partisans. Dans la capitale, la tension était palpable tôt ce samedi matitin, policiers et soldats bloquant avec des chars et des véhicules blindés de l'armée les grands axes et les principales places, dont l'emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier 2011 dans le tumulte du Printemps arabe. C'est là que des milliers d'anti-Frères musulmans ont acclamé leur héros, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée et nouvel homme fort de l'Egypte. La foule noyée sous une nuée de drapeaux égyptiens et de portraits du général scande sans discontinuer: «Sissi! Sissi!». Cependant, les commissariats et bâtiments gouvernementaux ont été littéralement bunkerisés pour ce jour de commémoration.

    Les attentats meurtriers de la veille revendiqués par un groupe proche d'Al-Qaïda. A l'aube, un petit engin incendiaire a provoqué de légers dégâts matériels sur le mur d'un centre d'entraînement de la police au Caire, au lendemain des quatre attentats à la bombe, qui ont fait vendredi six morts au Caire. Un groupe disant s'inspirer d'Al-Qaïda, Ansar Beit al-Maqdess, a revendiqué les attentats, comme il l'avait déjà fait ces derniers mois pour d'autres attaques.  Depuis la destitution de Mohamed Morsi en juillet dernier, les attentats visant les forces de l'ordre se sont multipliés, la plupart revendiqués par des mouvements jihadistes affirmant agir en représailles au «massacre» des pro-Morsi, mais sans lien connu avec les Frères musulmans. Ce qui n'empêche pas les autorités d'accuser la confrérie, relayées par des médias poussant quasi-unanimement le général Sissi à prendre officiellement les rênes du pays.

    L'armée accusée d'atteintes sans précédent aux droits de l'Homme. Le retour de l'armée aux commandes a signé pour les militants historiques de la révolte du 25-Janvier le retour de l'autoritarisme de l'ancien régime. Amnesty International a dénoncé des «atteintes sans précédent» aux droits de l'Homme par les autorités et une «trahison de toutes les aspirations» de la révolte de 2011, notamment après l'arrestation récente de manifestants libéraux et laïcs, dont des figures de proue de la «révolution». Mais pour une importante partie de la population du pays, désormais déserté par les touristes et dont l'économie est à genoux, les autorités intérimaires et la «transition démocratique» qu'elles promettent sont un gage de stabilité après trois années de «chaos».

    Chaque camp appelle à mobiliser. Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs appelé les Egyptiens à descendre massivement dans la rue samedi pour soutenir le gouvernement et prévenu que les forces de l'ordre riposteraient avec «fermeté» à toute tentative «des Frères musulmans de saboter les cérémonies». Des responsables du gouvernement, et même de l'armée, annoncent à demi-mot depuis plusieurs jours que ces manifestations pro-régime serviront aussi à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l'élection présidentielle promise pour 2014. De leur côté, les islamistes pro-Morsi appellent à manifester durant 18 jours, soit la durée de la révolte de 2011, alors que leur traditionnelle journée de mobilisation vendredi s'est soldée par quatorze morts lors de heurts avec des anti-Morsi et les forces de l'ordre.