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Cologne : « Je prends mes responsabilités, je parle pour toutes les femmes »

Plus de 760 plaintes ont été déposées après les vols et agressions perpétrés le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre à Cologne, mais les témoignages demeurent rares.

Par  (envoyée spéciale à Cologne)

Publié le 18 janvier 2016 à 19h01, modifié le 01 février 2016 à 13h00

Temps de Lecture 10 min.

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Se taire, dit-elle, serait « capituler ». Se taire, couvrir ses agresseurs, reviendrait à leur abandonner le terrain, à les reconnaître en nouveaux maîtres du jeu. Se taire, en se laissant intimider par la dimension politique que prend l’affaire du réveillon de la Saint-Sylvestre en Allemagne, n’est donc pas une option. « Je prends mes responsabilités, je parle pour toutes les femmes. » Pour celles qui ont vécu cette nuit de cauchemar à la gare de Cologne, le 31 décembre 2015, et se terrent désormais, avec leur traumatisme et leur secret (les plaintes ne cessent d’augmenter – 766 déposées à ce jour, dont plus de la moitié pour délit sexuel – mais les témoignages demeurent rares et souvent anonymes). Et aussi pour toutes les autres, « qui tiennent à leur liberté et au principe d’égalité entre les hommes et les femmes pour lesquelles tant d’Allemandes se sont battues », dit-elle. Car ce sont des valeurs et un mode de vie qui lui semblent menacés. « C’est bien plus grave que ce qu’Angela Merkel veut croire… »

Elle s’appelle Lisa C. Elle a 24 ans, habite Düsseldorf et termine ses études de dentiste. Surtout qu’on ne lui fasse pas le coup de la taxer de racisme. « Ah non ! Pas ça ! Ce chantage m’est odieux ! Toute l’Allemagne tremble depuis 1945 d’être exposée à cette accusation et cela nous paralyse ou nous fait faire des choses irrationnelles. Ce n’est pas la question, vous entendez ? Si des Allemands avaient fait ce que je vais vous raconter, je le dénoncerais avec la même vigueur. » Son père, roumain, a immigré en Allemagne il y a trente ans, et elle a des amis, assure-t-elle, de toutes cultures et de toutes religions. « Oui bien sûr, beaucoup de musulmans. Je vis depuis ma naissance dans un environnement multiculturel. Mais encore une fois, ce n’est pas la question. »

« Je me disais : c’est inouï, pas un flic à l’horizon, mais pas non plus le moindre Allemand. »

Cette soirée de réveillon, elle avait donc décidé de la passer à Cologne avec trois copines. La ville, plus grande ville du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, a la réputation d’être l’une des plus cool d’Allemagne. Les fêtes y sont joyeuses, les habitants noceurs, et pas seulement en période de carnaval. La fête du Nouvel An, son chahut, ses pétards et son feu d’artifice tiré sur les berges du Rhin attirent la jeunesse de toute la région. Trois des filles devaient partir en train de Bonn et retrouver la quatrième dans la gare. C’est donc en débarquant vers 23 heures dans le grand hall central que Lisa découvre l’environnement. « Une masse compacte d’hommes bruns, entre 20 et 30 ans, visiblement originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Des dizaines d’hommes au regard allumé et intrusif. Des hommes qui, d’emblée, nous ont encerclées en nous scannant, sans la moindre retenue. Comme s’ils nous déshabillaient, nous évaluaient, nous soupesaient. »

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