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États-Unis

À Detroit, des professeurs américains photographient leur école en ruine

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Des souris, de la moisissure, des trous par terre, des toilettes hors d’usage et des salles informatiques sans connexion Internet : grâce à plusieurs photos publiées sur Twitter, les professeurs de la ville de Detroit, dans le Michigan, dévoilent leurs conditions de travail ahurissantes.

"Des champignons dans la classe"

La ville de Detroit est connue pour ses quartiers en ruine et ses maisons abandonnées. Mais on n’imaginait pas que les écoles étaient dans le même état.

Les toilettes fuient dans une classe maternelle. 

Cela fait des années que les professeurs de la ville se plaignent de leurs locaux, mais l’administration de la ville doit faire face à un énorme déficit et se retrouve dans l’incapacité de payer pour l’entretien des écoles.

Plusieurs mesures ont été prises pour trouver des financements, mais les professeurs craignent que cela ne soit pas suffisant. De nombreuses écoles ont donc dû recourir à l’aide d’ONG et de groupes religieux pour réaliser quelques travaux de première nécessité, comme réparer les toitures.

"Vous pensez peut-être qu’il s’agit d’une école abandonnée mais, non".

"Le gymnase est plein de moisissure. Du coup, les élèves se dépensent en faisant des allers-retours dans les couloirs"

Lakia Wilson travaille à l’école primaire et secondaire “Spain” de Detroit depuis 19 ans. Initialement enseignante, elle est aujourd’hui conseillère pédagogique.

Notre école était vraiment agréable, mais elle s’est rapidement dégradée. Depuis un an, il y a une énorme tâche de moisissure noire dans le gymnase à cause des fuites dans le plafond. L’odeur est atroce, c’est difficilement respirable. Cela fait deux mois qu’il est fermé, mais il n’a toujours pas été rénové. Pendant les cours de sport, les élèves font juste des allers-retours rapides dans les couloirs. Maintenant, ils détestent tous le cours de sport : ils ont l’impression d’être punis.

La salle de sport de l’école “Spain”.

Pendant la récréation, ils ne peuvent plus jouer dans la cour parce qu’elle a également été condamnée. Il y a un geyser d’air chaud qui se dégage du sol. Nous ne savons pas si cela vient d’un égoût ou d’autre chose…

Des enfants jouent dans la cour, avant que celle-ci ne soit condamnée. Le brouillard que l’on voit provient du sol, selon notre Observatrice.

La cour condamnée de l’école “Spain”.

“Les professeurs doivent acheter des chauffages et des ventilateurs”

Les enfants sont enfermés toute la journée. Du coup, ils sont très agités et ont du mal à se concentrer pendant les heures de cours. Les salles de classe sont également en très mauvais état. Quand il pleut, l’eau coule à travers le plafond.

"Une autre salle de classe inondée à cause d’une fuite d’eau dans le toit".

Quand une fenêtre est cassée, elle n’est jamais réparée. Elle est simplement recouverte de bois ou de plastique.

"Des professeurs ont rattrapé la vitre quand elle est tombée".

L’hiver, il fait très froid dans les salles, les élèves doivent garder leur manteau. Et l’été, il fait beaucoup trop chaud. Certains enfants ont du mal à respirer, voire saignent du nez. Les professeurs doivent acheter de leur poche des chauffages et des ventilateurs. Certains achètent même des glaces à l’eau à leurs élèves !

"Oui. Il neige dans la classe".

À chaque fois que l’on va voir l’administration scolaire pour leur demander ‘pourquoi cela n’a pas été réparé ?’, ils nous répètent la même chose : ‘Nous sommes endettés’. Nos réclamations tombent dans l’oreille d’un sourd ! Les professeurs en ont tellement marre qu’ils ont mis en place des journées ‘congés maladies’ : tous les professeurs appellent en même temps pour prévenir qu’ils sont malades, l’école doit alors fermer ses portes. Mon école a été fermée pendant deux jours de suite.

"Jolie peinture non ? Les professeurs ont eux-mêmes acheté la peinture et repeint la salle".

Bien sûr, ces conditions, doublées du fait que les professeurs n’ont pas reçu d’augmentation depuis dix ans, en ont poussé beaucoup à partir. C’est une véritable hémorragie. À cause du sous-effectif dans mon école, nous avons dû annuler les ateliers théâtre et musique.

"Ce ne sont pas des miettes de beignets".

Parfois, je rêve de travailler dans une banque, où tout est propre et calme. Mais je n’ai pas envie d’être banquière. Je veux continuer à travailler avec mes élèves que j’adore. Ils méritent bien mieux.

Aux États-Unis, les écoles publiques ne reçoivent pas toutes les mêmes subventions. Le budget alloué aux écoles dépend de la santé financière de la ville. Ce système a créé une énorme disparité entre les écoles.

À Detroit, les professeurs pointent du doigt l’État du Michigan, qui a repris en main la gestion des écoles, il y a sept ans, à la suite des mauvais résultats des élèves aux examens. Pourtant depuis que l’État a récupéré la gestion des écoles, les résultats ne se sont pas améliorés. Ils ont même continué à décliner.

Cette crise a été gérée par une série de "gestionnaires d’urgence "appointés par l’État du Michigan. Le responsable actuel, Darnell Earley, est aujourd’hui très critiqué. Dans son précédent poste, il avait pris la décision de changer l’alimentation en eau de la ville de Flint dans le Michigan dans le but d’économiser de l’argent. La nouvelle source d’eau s’était révélée être contaminée et dangereuse pour la santé.

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