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L'argent de l'UE a-t-il sauvé les banques d'Espagne ?

Le programme d'aide européen aux banques espagnoles est officiellement clos. Il a conduit à une restructuration du secteur, qui, financièrement, va un peu mieux. Mais le taux de créances douteuses atteint un niveau record.

Par  (Madrid, correspondance)

Publié le 23 janvier 2014 à 15h18, modifié le 05 février 2014 à 14h54

Temps de Lecture 3 min.

Bankia a renoué avec les bénéfices au premier trimestre 2013 et récupéré de la valeur en Bourse. Sa vente devrait permettre au gouvernement espagnol de récupérer une partie des 24 milliards d'euros d'argent public qu'elle a engloutis.

Le programme d'aide européen aux banques espagnoles a été officiellement clos à minuit, mercredi 22 janvier. Madrid, qui avait demandé l'aide de Bruxelles en juin 2012 pour recapitaliser son secteur financier mal en point, a utilisé au total 41,3 milliards d'euros des 100 milliards mis à sa disposition par l'Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE), sous la supervision du Fonds monétaire international (FMI).

Un an et demi plus tard, Bruxelles a qualifié le plan d'aide de « succès ». Qu'en est-il vraiment ?

Quelles ont été les conséquences du plan d'aide européen pour le secteur bancaire espagnol ?

Fortement exposées au secteur immobilier, fragilisées par l'éclatement de la bulle en 2008, les banques espagnoles ont dû faire des efforts considérables pour assainir leur portefeuille de crédits. Au total, elles ont passé, depuis 2010, 250 milliards d'euros de provisions dans leurs comptes, soit 25 % du produit intérieur brut (PIB) espagnol.

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Pour cela, les banques les plus solides ont puisé dans leurs fonds propres et réduit leurs marges bénéficiaires, tandis que les établissements les plus fragiles, essentiellement des caisses d'épargne régionales, ont reçu près de 70 milliards d'euros d'aides de Madrid et 41,3 milliards d'euros par l'intermédiaire du programme d'aide européen.

Par ailleurs, à la suite des injections de fonds publics, quatre banques avaient été nationalisées en 2012 : Bankia, CatalunyaCaixa, NovaCaixaGalicia et Banco de Valencia.

Un important processus de fusions a également conduit à réduire le nombre d'établissements financiers de 45 avant la crise à une douzaine et de transformer les caisses d'épargne, fortement politisées, en des banques plus professionnalisées.

Enfin, la création de la Société de gestion des actifs procédant de la restructuration bancaire (Sareb) a permis de nettoyer le bilan des établissements financiers. Cette « bad bank », détenue à 45 % par l'Etat, a racheté les actifs immobiliers « pourris » des banques nationalisées et s'est donné quinze ans pour les revendre.

Quel est l'état de santé du système bancaire espagnol ?

Bankia compte vendre un portefeuille de 50 milliards d'euros d'actifs immobiliers toxiques à la Sareb, dont 38 milliards de prêts immobiliers et 12 milliards de biens saisis.

L'action de la Sareb, mais surtout les recapitalisations ont permis aux banques de renouer avec les bénéfices. La banque d'Espagne estime que le secteur bancaire dans son ensemble a dégagé 8,9 milliards d'euros de bénéfices en 2013, contre 17 milliards de pertes en 2012.

Par ailleurs, après la nationalisation, en 2012, de Bankia, CatalunyaCaixa, NovaCaixaGalicia et Banco de Valencia, l'Etat espagnol a remis dans le privé ces deux dernières. Mais cela s'est fait au prix d'importantes pertes pour Madrid à chaque fois.

CatalunyaCaixa, qui a absorbé 12 milliards d'euros d'aide publique, reste, elle, un point noir pour le gouvernement qui aura du mal à trouver des acquéreurs sans que le gouvernement asssume de nouvelles pertes.

« C'est une banque qui a des marges réduites, un portefeuille de crédit immobilier très grand, avec des taux d'intérêts bas, qui génère peu de revenus et un taux d'impayés élevé », résume Joaquin Maudos, professeur d'économie spécialiste dans le secteur bancaire à l'université de Valence.

Bankia, en revanche, semble avoir remonté la pente. Elle a renoué avec les bénéfices dès le premier trimestre 2013 et récupéré de la valeur en Bourse.

Sa vente future devrait permettre au gouvernement de récupérer une partie des 24 milliards d'euros d'argent public qu'elle a engloutis.

L'augmentation des impayés représente-t-elle un nouveau risque pour le secteur ?

Le taux de créances douteuses, c'est-à-dire les impayés de plus de trois mois, a encore battu des records en novembre 2013. Il dépasse à présent 13 % du total du crédit bancaire et la Banque d'Espagne estime qu'il pourrait atteindre 15 % en 2014. Or, le total de la dette accumulée par les ménages et les entreprises s'élève à 1800 milliards d'euros, soit 188 % du PIB espagnol !

Lire également (en édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés En Espagne, la hausse des impayés pèse sur la distribution du crédit

Le FMI a averti, en octobre 2013, du risque que faisait courir ce fort endettement privé en Espagne. Selon ses estimations, 40 % de la dette des entreprises, soit 400 milliards d'euros, est détenue par des sociétés vulnérables.

« Le principal problème des banques est la situation macroéconomique : le chômage (26 % des actifs), la faible relance économique (0,6 % prévu en 2014) vont sans doute obliger les banques à effectuer de nouvelles provisions, mais elles devraient pouvoir les affronter avec leurs bénéfices, sans nouvelles aides publiques, estime M. Maudos. Et si la croissance se renforce, la vulnérabilité des entreprises dont parle le FMI diminuera. »

Reste à vaincre un cercle vicieux : les banques espagnoles restent plongées dans un programme de désendettement qui restreint le crédit aux PME et freine par conséquent la reprise économique, indispensable pour écarter les derniers doutes qui peuvent subsister sur le secteur.

Lire également (en édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés L'Espagne n’en a pas encore fini avec l’austérité
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