Publicité

Notre-Dame-des-Landes : le juge approuve toutes les expropriations

+ VIDEO Le tribunal de grande instance de Nantes a ordonné lundi l'expulsion sous deux mois, et sans astreinte financière, de onze familles et quatre exploitations agricoles, opposants au projet d'aéroport de futur aéroport du Grand Ouest.

021644683061_web.jpg
Le premier vice-président du tribunal de grande instance de Nantes a ordonné l’expulsion de certaines familles avant le 26 mars.

Par Jean-Michel Gradt

Publié le 25 janv. 2016 à 09:02

Pour le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, ses partisans et ses opposants, c'était quitte ou double ce lundi. Et c'est quitte pour les anti-aéroports. Pierre Gramaize, premier vice-président du tribunal de grande instance de Nantes, a en effet ordonné l'expulsion sous deux mois de onze familles et quatre exploitations agricoles, opposants au projet d'aéroport du Grand Ouest.

Huit des onze familles se sont vues accorder un délai de deux mois, courant jusqu'au 26 mars. "L'évacuation peut commencer pour les exploitations agricoles" et pour les familles non concernées par le délai, a-t-il ajouté en annonçant sa décision.

Pas d'astreinte

Lors d’une audience en référé, le 13 janvier, Aéroports du Grand Ouest (AGO) filiale du groupe Vinci et concessionnaire du site avait en effet demandé l’expulsion immédiate de onze famille et quatre agriculteurs, opposants historiques au projet d’aéroport, assortie d’une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et d’une mise sous séquestre de leurs biens s’ils n’obtempéraient pas.

Publicité

"Le principe de l'astreinte n'était pas justifié" car celle-ci est "disproportionnée pour des familles qui ne disposent que de revenus modestes (...) La situation individuelle de chaque cas a été étudiée, notamment la présence d'enfants, conformément à la convention européenne des droits de l'homme et des droits de l'enfant", a précisé le juge qui a étudié de près le cas d'une personne de 83 ans.

Cette procédure, cruciale pour l'avenir du chantier, avait été relancée après l’annonce par l'Etat, fin octobre, de la reprise des travaux suspendus depuis... 2012 (voir encadré). Mais attention, rien n'est totalement acquis pour les partisans de l'aéroport du Grand Ouest. En effet, si les expulsions ne débutent que le 26 mars, "cela reporte de fait le chantier d'un an", font observer des opposants au projet.

Il existe en effet un calendrier, notamment pour la zone humide de Notre-Dame-des-Landes, qui prévoit des périodes où des travaux seraient illégaux (voir le tweet -ci-dessous). Et l'arrêté préfectoral du 20 décembre 2013 (voir ici), stipule aussi que " tout abattage d’arbres est interdit entre le 10 mars et le 15 juillet ".

Un report des travaux que le sénateur écologiste de Loire-Atlantique Renan Dantec (voir son tweet) veut mettre à profit pour "engager des études indépendantes". Lors du référé du 13 janvier, l’avocat de Vinci, Rajess Ramdenie, avait plaidé "l’urgence à faire place nette" pour les travaux. Il avait souligné que l’ordonnance d’expropriation du préfet datait de janvier 2012 et que, sa validité étant de cinq ans, cette procédure serait caduque... en janvier 2017. Quant à la déclaration d'utilité publique du projet, comme le décret a été publié le 10 février 2008, cela laisse jusqu’au 10 février 2018.

Contacté par "Les Echos", un porte-parole Vinci a déclaré que le groupe " ne commentait pas les décisions du justice".

Pour ce qui concerne les indemnisations, les agriculteurs concernés avaient obtenu en janvier (voir ci-dessous) "six années de marge brute d'exploitation".

Notre-Dame-des-Landes : un projet, des années d'atermoiements

- 1965: le préfet de Loire-Atlantique lance la recherche d'un "nouveau site aéronautique pour les régions Bretagne et Pays de la Loire". - 1974: une zone d'aménagement différé (ZAD) est créée par arrêté préfectoral, entraînant pendant 20 ans la préemption progressive de terres par le conseil général. - 26 octobre 2000: le Premier ministre socialiste Lionel Jospin décide la réalisation de l'aéroport.- 10 février 2008: la déclaration d'utilité publique (DUP) est publiée après avis favorable de la commission d'enquête.- 30 décembre 2010: Vinci obtient la conception, le financement, la construction et l'exploitation du futur aéroport durant 55 ans- 18 octobre 2013: le Conseil d'État rejette un recours des opposants contre la déclaration d'utilité publique.- 22 février 2014: une manifestation anti-aéroport rassemble entre 20.000 et 60.000 personnes à Nantes et se termine dans la violence.- 17 juin 2015: La Cour de cassation rejette les pourvois contre les ordonnances d'expropriation de janvier 2012.- 17 juillet 2015: Le tribunal administratif de Nantes rejette les recours contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux. Les opposants font appel. - 30 octobre 2015: La préfecture annonce la reprise des travaux pour 2016.

"Zone à défendre"

Depuis la déclaration d’utilité publique en 2008, 244 personnes qui vivaient sur le site ont accepté de partir à l’amiable, rappellent les partisans de l’aéroport. Mais certains agriculteurs ont refusé de vendre leurs terres, et les familles, anciens propriétaires ou locataires de maisons rétrocédées à AGO, pour certaines présentes depuis des générations, assurent qu’ils ne partiront pas.

Le site est ainsi devenu le terrain d'affrontement entre les opposants qui occupent la zone d’aménagement différé (ZAD), rebaptisée par eux "zone à défendre " et les partisans du futur aéroport du Grand Ouest. Deux cents "zadistes" occupent le site en permanence, certains depuis trois ans.

Les opposants à la plate-forme qui doit voir le jour sur les terres de l'ex Premier ministre Jean-Marc Ayrault, accusent François Hollande d’avoir "trahi " son engagement (pris en 2012) de geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet n’ont pas été épuisés. Cet accord inclut selon eux les procédures d’appel et donc celui introduit après le rejet de leurs recours environnementaux le 17 juillet par le tribunal administratif de Nantes, qui avait validé les arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.

Publicité

Eviter un nouveau Sivens

Pour les partisans du projet au contraire, collectivités locales en tête, les engagements pris " ont été scrupuleusement respectés ", ceux-ci se limitant aux recours déposés avant le 4 mai 2012, date à laquelle l’accord a été signé. Le transfert de l’actuel aéroport vers le site de Notre-Dame-des-Landes, un projet vieux de plus de 40 ans, devait initialement s’achever en 2017.

"Visiblement l’Etat se montre plus ferme quand il s’agit de dépenser de l’argent plutôt que d’en collecter. Dans un cas comme dans l’autre, les lobbies économiques surdéterminent les arbitrages de l’Etat", a réagi l'association France Nature Environnement. Après le prononcé du jugement, des appels à manifester contre les expulsions _ à Toulouse, Rennes, Brest, Belleville (Paris), Tours, etc. _ont fleuri sur Twitter. Au-delà des préoccupations de droit et d'aménagement du territoire, le souci du gouvernement Valls est ailleurs : éviter à tout prix que la confrontation entre pro et anti-NDDL ne dégénère et que se reproduise la catastrophe de Sivens au cours de laquelle un jeune opposant au barrage, Rémi Fraisse, avait perdu la vie lors d'une confrontation avec les forces de l'ordre.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité