Le Président iranien Hassan Rohani est accueilli ce mercredi à l'Elysée par le Président François Hollande.
Ce mercredi 27 Janvier ? C'est le jour de la commémoration de l'Holocauste, une Journée internationale dédiée à la mémoire de ses victimes. Et Puis Rohani, à Paris.
Au-delà de l'oubli, un agenda chargé.
Airbus A320, A380, A330... dix de l'un, cent de l'autre... l'antique flotte aérienne doit se
renouveler. Mieux vaut ici que là bas. L'Iran, ou la corruption règne, est un client comme tant d'autres.
Possible.
Possible à condition de fermer les yeux. Sur la prison d'Evin par exemple, où l'on rendrait pourtant visite au parloir à plus d'un journaliste qui veut dire et faire réfléchir, un dessinateur qui veut faire rire ou un poète qui veut faire partager la beauté.
Les droits de l'homme ? La prison d'Evin ne connaît pas. Là-bas, c'est torture et compagnie, passage à tabac, flagellation, isolement à l'infini. L'acte de torture n'est pas défini, il ne peut donc exister, alors le condamner... chercher les responsables ... non : mieux vaut confiner les plus sensibles dans des centres de détention plus discrets, à la disposition des services de renseignement. Quant à l'avocat, non bien sûr. Eventuellement un peu plus tard, 10 jours après l'interpellation - histoire d'avoir le temps d'obtenir l'aveu, reine des preuves.
L'abolition de la peine de mort ? Trop utile. Efficace. Peu couteuse. Lapidation, pendaison ; la tradition dira-t-on.
Peine corporelle : on flagelle. On opprime les femmes, les sunnites salafistes, les minorités religieuses, ethniques, les "pas d'accord". Une vie normale pour des coups de fouets.
Alors allez, à Téhéran, vous réunir, protester, revendiquer, manifester, scander vos slogans, parler démocratie et avenir de l'homme dans les cafés. Rêver rester libre.
Baillonnés, les journalistes à Teheran ? Peut-être. Mais nos Ministres, eh bien on aimerait bien les entendre à Paris. Le nucléaire, Madame Royal ? L'indépendance de la Justice, Mme Taubira ? La perspective d'un remaniement rend taiseux ou irez vous sur l'estrade, déjà déclamer quelque espoir pour de meilleurs lendemain là bas à quelques heures de nous ?
N'oublions pas, en recevant le Président Rohani à l'Elysée, qu'en vendant quelques avions et en signant quelques contrats, nous vendons aussi la liberté des Iraniens et le respect des Iraniennes.
La France peut-elle vraiment oublier que les "clients" de son nouveau "client" sont Bachar, Hezbollah et Houthis ? Que ses actionnaires de référence sont la Gardiens de la Révolution et la VEVAK ? Ou est notre RSE ? On ne connaît pas à Téhéran ? L'effet papillon.
Que le Président Rohani, en remontant dans son jet au Bourget, sache ce que le peuple de France attend vraiment de lui. La France sait qu'Iraniens et Iraniennes, shiites, sunnites, juifs, bahai et chrétiens méritent mieux qu'une paranoïa théocratique. Et je suis certaine que notre Président, attaché aux valeurs d'humanité et de dignité saura malgré tout le lui rappeler.
Rentre chez toi, Hassan, ouvre une fenêtre, regarde le ciel.
Femme, fière, française, libre.