Cachez ces statues antiques qu'un Rohani ne saurait voir !

Apollon ©Maxppp - Belvédère
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Cachez ces statues antiques qu'un Rohani ne saurait voir !

Cachez ces statues nues que ne saurait voir un président iranien ! L’Italie a poussé la complaisance jusqu’à dissimuler plusieurs statues antiques du musée du Capitole de Rome « par respect envers la culture et la sensibilité iraniennes ». Les Romains, à la suite des Grecs, considéraient le corps humain comme un témoignage de la perfection à laquelle les dieux appelaient les hommes. Ainsi, la grâce, la dignité, l’extraordinaire maîtrise de soi dont témoignent ces œuvres issues des origines mêmes de notre civilisation auraient pu offenser Hassan Rohani et sa suite.

Rohani entame sa tournée des capitales par l’Italie, considérée comme sa « porte d’entrée en Europe », en raison de la présence, ancienne, du groupe ENI sur le sol iranien. Depuis que la République des mollahs a retrouvé son couvert dans le concert des nations, en renonçant à développer plus avant l’arme nucléaire pendant dix ans, tous les pays exportateurs lorgnent sur ce marché de 80 millions de consommateurs. Mais les Chinois sont déjà là. Le pays connaît une forte croissance – 5% l’an en moyenne au cours des 10 premières années du XXI° siècle. Il va récupérer une trentaine de milliards d’euros, bloqués dans les banques étrangères. On croit comprendre que la situation des droits de l’homme passe au second plan derrière des perspectives aussi alléchantes.

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Tahar Boumedra, écrivait hier dans Le Monde « Je trouve incroyable de voir des gouvernements occidentaux qui, à partir d’une campagne électorale dont les promesses restent encore à honorer, se lancer dans une course pour marquer leur présence à Téhéran et déclencher des contrats juteux avec un régime qu’ils jugent désormais fréquentable ». Rappelons que depuis l’élection de Rohani à la présidence, 63 femmes iraniennes ont été condamnées à mort, que leur pendaison s’effectuent souvent par groupes. Qu’Amnesty International évalue à 743 en 2014 et à 694 au cours des seuls 6 premiers mois de 2015, le nombre de personnes exécutées par le régime, malgré sa prétendue libéralisation. Que Rohani a fait voter une loi autorisant le mariage des tuteurs avec leurs fillettes adoptives mineures. Que la charia s’impose, en Iran, à tout accord international.

Le « respect » qui pousse l’Italie à cacher les statues antiques devrait-il nous pousser à retirer des librairies de Rome tous les exemplaires des versets sataniques de Salman Rushdie ? demande le quotidien libéral italien Il Foglio, qui évoque le roman de Michel Houellebecq, Soumission. « Nous en sommes, en effet, à la soumission la plus ridicule et la plus grotesque », poursuit le journaliste Giulio Meotti. « Voiler certaines statues par déférence envers un Iranien enturbanné est non seulement une atteinte à ce que nous sommes, mais aboutira à exciter encore davantage les appétits totalitaires des inquisiteurs islamiques. » 

La presse allemande, unanime, s’indigne, ce matin, de cette palinodie et critique le président du conseil italien.

Le même excès de zèle a conduit le chef du gouvernement italien à bannir le vin des tables, où le président iranien est invité. La France, en novembre dernier, avait fait preuve de davantage de dignité, lors de la tournée avortée pour cause d’attentat, du président iranien : l’Elysée avait refusé d’interdire le vin ; et avait suggéré la tenue d’un petit déjeuner de travail, si la délégation iranienne ne voulait pas voir ses homologues français absorber la boisson interdite.

Si leur religion interdit aux Iraniens d’en consommer, personne ne les oblige à en boire lorsqu’il s’en trouve sur nos tables. Mais pourquoi devrions-nous accepter qu’ils nous imposent, chez nous, leurs interdits ? C’est un problème avec lequel nous sommes constamment confrontés face à l’islamisme. Contrairement à ce que croient les partisans des « accommodements raisonnables », il ne s’agit pas seulement de tolérer la coexistence pacifique de mœurs et de coutumes différentes, chacun conservant les siennes. Non, ce dont il est question, c’est d’imposer au reste du monde un mode de vie, des lois et des interdits absurdes, qui sont donnés pour des commandements de Dieu et auxquels nul ne saurait se soustraire. Voiler les statues romaines du musée du Capitole est une bien pleutre ignominie. Elle témoigne de l’abaissement de l’Europe.

L’apaisement, disait Churchill dans les années trente, consiste à nourrir les crocodiles dans l’espoir d’être mangé le dernier.

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