Iran : quels secteurs industriels vont profiter de la levée des sanctions ?

Dix jours après la levée des sanctions avec l’Iran, les grandes entreprises françaises espèrent signer des contrats lors de la visite du président iranien Hassan Rohani, la première depuis 17 ans.

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Pour les entreprises, la visite officielle d’Hassan Rohani tombe au meilleur moment. Dix jours après la levée officielle des sanctions européennes contre l’Iran, les grandes entreprises espèrent bien profiter de l’évènement pour signer une moisson de contrats. Jeudi 28 janvier, le Medef organise un forum d’affaires qui doit réunir la grosse centaine d’entreprises de la délégation iranienne et des groupes français.

Depuis la signature de l’accord de Vienne sur le nucléaire en juillet, les contacts se sont accélérés entre les industriels français et leurs homologues iraniens, pour conclure des partenariats industriels et profiter de l’ouverture d’un marché de 80 millions d’habitants. "L’Iran ressemble à l’Europe de l’Est à la chute du mur. Le pays a une industrie réelle", souligne Ardavan Amir Aslani, un avocat franco-iranien, qui a ouvert un bureau à Téhéran. Tous les secteurs industriels sont dans les starting-blocks. Après l’importante délégation emmenée par le Medef en septembre, ont depuis défilé à Téhéran des délégations d’équipementiers automobiles, de groupes de la chimie ou du secteur de la santé. Après trois ans d’embargo, l’Iran doit moderniser ses infrastructures de transport et de production de pétrole, remettre à niveau ses installations industrielles et renouveler sa flotte d’avions.

L'Aéronautique, premier bénéficiaire

L’aéronautique devrait être l’un des premiers bénéficiaires de la levée des sanctions. La flotte iranienne est, au mieux, vieillissante et a besoin d’être renouvelée au plus vite. Airbus doit en être le premier bénéficiaire. La visite du président Rohani devrait être l’occasion de signer un premier contrat avec l’avionneur européen, portant sur 114 appareils au moins. Une première commande mais d’autres pourraient suivre, y compris pour Boeing. Au total, le ministère des Transports iranien table sur 400 appareils à acheter dans les prochaines années. De façon plus large, les infrastructures aéroportuaires vont aussi devoir être remises à niveau. ADP et Vinci sont sur les rangs. Du côté du transport aérien, Air France a déjà annoncé qu’il rouvrirait à partir d’avril sa liaison aérienne avec Téhéran trois fois par semaine.

L'Automobile, l'autre grand secteur

C’est l’autre grand secteur qui aiguise les appétits des entreprises françaises. En 2012, PSA Peugeot Citroën avait dû quitter le marché iranien sous la pression de son partenaire GM. Le constructeur devrait profiter de la visite du président iranien pour officialiser son retour en Iran. Le groupe devrait renouer avec son ancien partenaire Iran Khodro, en s’engageant dans une nouvelle coentreprise capable de produire 200 000 véhicules par an. En 2011, l’Iran était le deuxième marché du groupe, dont les ventes ont dépassé 450 000 véhicules par an. Le groupe a aussi inauguré, en début de semaine, sa première concession pour sa marque premium DS dans Téhéran. Renault n’est pas en reste. Contrairement à PSA, la marque au losange n’a jamais cessé ses activités en Iran avec ses partenaires Saipa et Iran Khodro et compte en profiter pour gagner des parts de marché. L’Iran est le 14e marché pour le groupe avec 51 500 véhicules écoulés en 2015. Renault est lui aussi en discussion active avec ses partenaires pour renforcer sa présence sur place. Parmi les équipementiers, Faurecia est lui aussi resté en Iran.

La Chimie encore en discussion

L’Iran cherche avant tout des partenaires industriels pour moderniser son appareil de production existant. "D’autant que l’Iran n’est pas le Qatar, le pays n’a pas de cash. Il a besoin d’attirer des investissements", souligne Ardavan Amir Aslani. Dans la chimie, les grands groupes Solvay et Arkema se sont rendus mi-octobre sur place, accompagnés d’acteurs plus spécialisés comme Eurotab, le spécialiste européen industriel de la compression des poudres, ou l’entreprise de chimie fine Novasep. Mais pour l’instant, les grands contrats sont encore en discussion. Dans le domaine de la santé, 25 entreprises se sont aussi rendues avec le Leem (Les entreprises du médicament) et la Fefis (Fédération des industriels de la santé) la semaine dernière à Téhéran pour relancer leur activité. Les grands groupes pharmaceutiques comme Sanofi ont pu continuer leurs activités en Iran pendant les sanctions.

les Biens de consommation à l'affut

A plus court terme, les opportunités s’ouvrent aussi pour les entreprises de la cosmétique. La chaîne Sephora envisage d’ouvrir dès cette année des magasins en Iran, septième marché mondial pour la cosmétique. A côté de Lancôme ou l’Oréal, déjà distribués dans le pays depuis plusieurs années, des PME ont aussi tenté l’aventure depuis quelques mois comme la PME toulousaine Graine de Pastel. Autre secteur porteur, l’agroalimentaire. Une délégation d’entreprises d’équipements pour l’agroindustrie se rend d’ailleurs à Shiraz en avril prochain. Le groupe Bel, lui, n’a jamais cessé sa production. Le volailler Doux espère reprendre ses exportations.

une concurrence accrue

Les entreprises françaises ne sont cependant pas les seules sur les rangs. Avant d’atterrir à Paris, Hassan Rohani a fait escale à Rome. Les Italiens ont fixé la barre haut, en signant environ 17 milliards d’euros de contrats dans les infrastructures, la rénovation de raffineries et de pipeline, la sidérurgie et la construction navale. Avant l’embargo, l’Italie était le premier exportateur européen vers l’Iran avec près de 6 milliards d’euros d’exportations annuelles, très loin devant l’Allemagne et la France dont les ventes avoisinaient en 2010 le milliard d’euros. Fin décembre, le patronat italien a conduit une délégation de 300 entreprises à Téhéran. Deux fois plus que celle du Medef. Pour les Français, il va falloir accélérer.

Solène Davesne

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