La traque internationale controversée dans laquelle s'est lancée la Chine pour retrouver des criminels économiques vivant à l'étranger a permis d'appréhender 857 «fugitifs» l'an passé, a annoncé le ministère chinois de la Sécurité publique.

Cette opération, baptisée «Chasse aux renards», a fait grincer des dents dans certains pays, où les agents de police chinois sont accusés d'avoir opéré sans l'aval des autorités locales.

Peu de détails ont par ailleurs été donnés sur d'éventuelles procédures d'extradiction mises en oeuvre.

Cette «chasse» se concentre sur les citoyens chinois soupçonnés d'avoir commis des malversations financières, dont les fonctionnaires corrompus, cibles de la campagne médiatique contre la corruption orchestrée par le président Xi Jinping.

Sur l'ensemble des «rapatriés» de l'an passé, 366 se sont rendus, a déclaré mercredi soir le ministère dans un communiqué sur son site internet - sous-entendant que près de 500 autres ont été appréhendés contre leur volonté.

Le communiqué n'a pas mentionné clairement qui a procédé aux arrestations, mais précise que les individus concernés ont été ramenés de 66 pays et régions, dont les États-Unis, l'Espagne et l'Italie, et que plus de 70% d'entre eux vivaient à l'étranger depuis cinq ans ou plus.

Le ministère a également annoncé la création d'un service chargé des fugitifs à l'étranger afin de superviser la «Chasse aux renards» cette année.

En août, le journal New York Times assurait que des agents chinois étaient entrés aux États-Unis avec des visas de tourisme ou d'affaires et utilisaient «la manière forte» afin de contraindre au rapatriement.

Les inquiétudes quant à des opérations de la Chine hors de ses frontières se sont exacerbées ces dernières semaines avec la disparition de cinq libraires hongkongais connus pour leurs publications irrévérencieuses à l'égard des dirigeants chinois.

Parmi eux, Lee Bo, détenteur d'un passeport britannique, s'était volatilisé à Hong Kong avant de réapparaître en Chine continentale, assurant y «collaborer à une enquête».

Des députés hongkongais militant en faveur de la démocratie estiment que les services de sécurité chinois l'ont kidnappé, bien que n'ayant aucun droit d'intervenir dans la région semi-autonome.

Un autre libraire, le ressortissant suédois Gui Minhai, s'était évaporé en Thaïlande, avant de faire des «aveux» à la télévision chinoise, affirmant être retourné en Chine pour assumer sa «responsabilité» dans un accident de voiture ayant eu lieu 11 ans plus tôt.