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L'Islande ne veut pas être inondée de capitaux étrangers

Par Reuters

Publié le 31 janv. 2016 à 18:14

par Marc Jones

LONDRES, 31 janvier (Reuters) - L'Islande envisage de soumettre à l'impôt les étrangers qui souscrivent à ses emprunts ou de mettre fin à certains privilèges sur les intérêts pour éviter d'être submergée par des flux financiers que les taux d'intérêt les plus élevés d'Europe occidentale attirent comme un aimant.

L'Islande est près de supprimer le contrôle des changes mis en place depuis "la troisième plus grande faillite de l'histoire de l'humanité", suivant les propres termes du gouverneur de la banque centrale Mar Gudmundsson.

Avec une économie en plein redressement et des taux d'intérêt de 5,75%, alors qu'ils sont pratiquement nuls dans le reste de l'Europe, les autorités locales craignent de devoir faire face à une déferlante de capitaux étrangers.

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"Les conditions pour lever le contrôle des capitaux sont bonnes; elles n'ont jamais été meilleures", a dit Gudmundsson à Reuters. "Un excédent des comptes courants, des réserves élevées, un excédent budgétaire et, espérons-le, une inflation qui n'est pas encore trop élevée".

L'effet inflationniste des hausses salariales en Islande est compensé par de la déflation importée du fait de la chute des cours pétroliers.

La première étape de la procédure se fera sans doute dans les mois qui viennent, pense-t-il. Il s'agira de supprimer l'encadrement des fonds "couronne offshore" des étrangers, qui représentent 14% environ du PIB islandais.

Une fois cela fait, la banque centrale utilisera une partie de ses réserves de change pour parer à tout réaction brutale, avant de procéder à la levée des contrôles pour l'ensemble de la population, une opération encore plus délicate qui se fera "peut-être à l'automne ou, espérons-le, au moins avant la fin de l'année".

OUTILS DE PRÉVENTION

Au vu des taux d'intérêt relativement élevés en Islande, il est peu probable que les résidents se hâtent de retirer leurs économies des banques et il est plus probable que ce soit les investisseurs étrangers qui se pressent aux guichets pour déposer, analyse le gouverneur de la banque centrale.

L'afflux de fonds étrangers dans les banques locales est l'une des raisons qui ont provoqué la crise financière de 2008 en Islande et le pays a instauré toute une batterie de mesures pour éviter que cela se reproduise.

Mais à présent, le problème est différent: ses emprunts ont un tel succès que hausser les taux d'intérêt n'a pratiquement plus d'effet. Il lui faut dès lors élaborer des contre-mesures.

"Nous concevons certains outils dont nous espérons n'avoir pas à nous servir souvent mais qui seront toujours disponibles si les flux de capitaux dans le marché obligataire faisaient qu'il nous soit très difficile de gérer notre propre politique monétaire", observe Gudmunsson.

"En théorie, on peut choisir la voie fiscale, donc, plutôt que d'avoir un taux d'intérêt disons de 6%, on a un taux d'intérêt réel de 3% à 4%. On peut faire la même chose avec des réserves non rémunérées".

Un autre problème auquel l'Islande est confrontée c'est la nouvelle union bancaire de la zone euro, préjudiciable, à son sens, aux pays conservant leur propre monnaie. Reykjavik pourrait également entrer en conflit avec Bruxelles sur l'usage de règles macroprudentielles pour combattre des phénomènes tels que l'afflux excessif de capitaux.

"Si nous devions instaurer des règles prudentielles pour que nous puissions conduire notre politique monétaire en toute indépendance et assurer notre stabilité financière, et que ces règles soient réputées enfreindre celles de l'Union européenne, alors il nous faudrait bien admettre qu'il y a un problème", observe Gudmunsson.

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"Si quelqu'un me dit de sauter d'un avion sans parachute, je lui dis: 'Merci bien! Je préfèrerais avoir un parachute'".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

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