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SYRIE

Syrie : les Kurdes, incontournables sur le terrain, écartés des négociations

Régime syrien et opposition sont à Genève pour des négociations de paix. Mais un acteur important de la crise syrienne en a été écarté, les Kurdes, pourtant l’une des principales forces contre l'EI sur le terrain. Analyse.

Un combattant kurde en juillet 2015 à Hassakeh, où les milices du PYD ont fait face aux jihadistes de l'EI.
Un combattant kurde en juillet 2015 à Hassakeh, où les milices du PYD ont fait face aux jihadistes de l'EI. Delil Souleiman, AFP
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Les négociations de paix pour la Syrie tentent difficilement de démarrer à Genève. Pour l’heure, les pourparlers sur une issue au conflit n’ont pas vraiment commencé, l’opposition posant des conditions préalables à toutes discussions. Mais un acteur majeur de la crise syrienne est toutefois absent de cette conférence : les Kurdes, et notamment le Parti de l'union démocratique (PYD), principal parti kurde syrien. Ils n’ont pas été invités.

Et pourtant ils ont cru jusqu’à la dernière minute qu’ils seraient conviés. Des représentants du PYD se sont même rendus à Genève. Mais le 30 janvier, sûrs qu’ils ne seraient pas de la partie, ils se sont résolus à quitter la Suisse.

"Nous avons quitté Genève parce que nous n'avons pas eu d'invitation. Nous ne nous sentirons engagés par aucune décision prise à Genève, y compris par un cessez-le-feu", a indiqué à l’AFP une source kurde sous couvert de l'anonymat. "Sans nous, le processus de Genève connaîtra le même sort que les précédentes discussions", a ajouté cette source, en référence à l'échec des précédentes discussions intersyriennes en 2014 en Suisse.

Les alliés d’Assad ?

Principal parti kurde syrien, le PYD est considéré par la Turquie comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'ennemi numéro 1 d'Ankara.

Il est également accusé par l'opposition syrienne de complaisance envers le régime de Damas. "Certains membres de l’opposition syrienne ont eu des mots très durs envers les Kurdes, ils les considèrent comme des collaborateurs du régime syrien, prenant pour preuve que l’armée syrienne est toujours présente dans les villes contrôlées par les Kurdes, Hassaké et Qamishli", rapporte Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et chercheur invité au Washington Institute.

"Les Kurdes veulent avoir une autonomie régionale, voire plus, et dans le but de réaliser cet objectif, peuvent s’allier à Assad. Il faut le reconnaître", explique le chercheur. Il raconte ainsi que la Russie, allié indéfectible du régime de Damas, livre des armes aux combattants kurdes, notamment autour de la ville d’Afrin où ils subissent les attaques des jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI). Moscou a d’ailleurs défendu la nécessité d’inviter les Kurdes à Genève.

En première ligne contre l’EI

De fait, ils sont incontournables, contrôlant environ 15 % du territoire syrien, soit une population de quelque 2 millions de personnes. Les Kurdes du PYD sont surtout en pointe sur le terrain contre l'EI. La coalition menée par les États-Unis, et dont la France fait partie, en a d’ailleurs fait son allié dans la lutte contre les terroristes. En septembre 2014, la bataille de Kobané, ville à majorité kurde du nord de la Syrie, et les efforts de la communauté internationale pour aider les Kurdes à repousser l’EI, en sont l’exemple.

Malgré tout cela, l’ONU a finalement renoncé à les inviter. "Les Saoudiens et les Turcs n’en voulaient pas", explique Fabrice Balanche. Les Turcs en raison de leurs liens avec le PKK, et les Saoudiens "parce qu’ils refusent qu’un autre type d’opposition soit représenté ".

"Aujourd’hui, les Kurdes sont furieux ", poursuit-il. "Ils ont le sentiment qu’ils se battent contre Daech [autre appellation de l’EI], qu’ils montrent une volonté de discuter, et qu’on ne les inclut pas dans un processus de paix ". Pour tenter d’apaiser la colère du PYD, une délégation de responsables américains, français et britanniques a rapidement pris le chemin de Kobané. Elle comprend notamment l'envoyé spécial américain pour la lutte contre l’EI, Brett McGurk. Il s’agit de la première visite d’un haut responsable américain en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011. Du moins sur le plan officiel. "Ce n’est pas du tout une coïncidence, c’est pour essayer de les calmer ".
 

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