Une « escalade ». C’est ainsi que les responsables militaires israéliens qualifient l’attaque mortelle organisée par trois Palestiniens, mercredi 3 février, dans un lieu hautement symbolique et touristique, la porte de Damas, l’une des entrées de la vieille ville de Jérusalem. Une garde-frontière israélienne de 19 ans est morte, une collègue a été blessée. Les agresseurs ont été tués. Depuis le 1er octobre, 26 Israéliens ont perdu la vie dans des attaques au couteau, à la voiture-bélier ou par arme à feu commises par des Palestiniens, qui de leur côté ont enregistré près de 160 victimes, en comptant les assaillants. Mais la particularité de l’opération de mardi, selon les autorités, réside dans son caractère prémédité, organisé et déterminé. Très différente des agressions impulsives au couteau, commises par des individus isolés, celle-ci aurait pu faire bien plus de victimes.
Ses trois auteurs sont des Palestiniens originaires du nord de la Cisjordanie, deux de Qabatiya et le dernier de Jénine. Ils seraient entrés illégalement dans Jérusalem. Selon la police, ils étaient équipés d’armes à feu, de couteaux et de deux bombes artisanales, qui n’ont pas été activées. Une patrouille de garde-frontières a repéré les trois individus, estimant que leur comportement était suspect, et a décidé de procéder à un contrôle d’identité. L’un d’eux a présenté un document, tandis que les autres ont agressé les forces de sécurité, qui ont ouvert le feu en retour. « Les officiers de police ont empêché une attaque beaucoup plus large et combinée », a expliqué le chef adjoint de la police de Jérusalem, Avshalom Peled. Dans un communiqué, le Hamas s’est félicité de cette opération « unique et héroïque », sans que sa responsabilité directe soit établie.
Double décrue
Les experts de l’armée ont observé depuis le début de la vague de violences une double décrue : celle de la participation populaire aux manifestations et rassemblements, aujourd’hui totalement négligeable ; et celle du nombre d’attaques. En moyenne, en octobre, il y en avait trois par jour, puis deux en novembre-décembre. Depuis le début de l’année, c’était plutôt une seule. Mais en même temps, l’armée estime que le Hamas pourrait être tenté d’activer certains militants en Cisjordanie avec un double objectif : déstabiliser l’Autorité palestinienne, engagée dans une coordination sécuritaire immuable avec les services israéliens, et revendiquer la primauté de cette nouvelle « résistance » à l’occupant. La violence « est là pour rester, a expliqué le général Nitsan Alon, chef de la direction des opérations, au cours d’une rencontre mardi à Tel Aviv avec des représentants de la presse étrangère. Nous avons connu des vagues de terreur dans le passé (...) Je ne crois pas que celle-ci va s’arrêter dans un mois ou deux ».
Depuis le début de la vague d’agressions il y a quatre mois, l’état-major de l’armée a défendu des positions plutôt modérées par rapport à de nombreux responsables politiques, notamment de droite, sur la réaction la plus appropriée à adopter. Il a rejeté l’hypothèse d’un bouclage complet de la Cisjordanie, qui empêcherait 58 000 Palestiniens dotés d’un permis en bonne et due forme de se rendre en Israël pour travailler. Les tensions sociales et sécuritaires en seraient dédoublées, selon les forces armées. L’état-major a préféré adopter des mesures temporaires très ciblées, en fonction de l’évolution des formes de violence. Lorsque les attaques se sont concentrées à Hébron, la présence militaire et les points de contrôle ont été fortement renforcés aux alentours. Lorsque, à la mi-janvier, des attaques ont eu lieu à l’intérieur de colonies, les travailleurs palestiniens n’ont pu accéder à leur emploi pendant quelques jours dans ces communautés.
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