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La crédibilité de François Hollande un peu plus mise à mal après les chiffres du chômage

Le président de la République a perdu son pari d'inverser la courbe du chômage, amoindrissant la portée de son discours volontariste sur le « pacte de responsabilité ».

Par  et  (Berlin, correspondant)

Publié le 27 janvier 2014 à 19h58, modifié le 28 janvier 2014 à 12h48

Temps de Lecture 3 min.

Il était 16 h 30 (heure de Paris), lundi 27 janvier, soit un peu moins de deux heures avant la publication officielle des chiffres du chômage, quand la question a été posée à François Hollande. « Je ne connais pas le chiffre qui va être publié », a, contre toute évidence, assuré le président de la République, qui achevait sa conférence de presse avec son homologue, Abdullah Gül, au premier jour de sa visite d'Etat en Turquie. Mais, preuve de l'importance de l'enjeu, il a tout de même tenu à répondre : « La seule conclusion qu'il convient de tirer, c'est que plus que jamais, le pacte de responsabilité devient un devoir qui engage tout le gouvernement », a-t-il commenté.

François Hollande, qui n'a pu inverser la courbe du chômage, opérerait-il un glissement de terrain dialectique ? D'un engagement pris en septembre 2012 à un dispositif tout juste annoncé pour l'avenir, l'on sent déjà, sous les mots du chef de l'Etat, se dessiner un nouvel argumentaire. Il y avait eu la promesse d'inversion de la courbe, il y a désormais le « pacte de responsabilité », qui semble prendre le relais. « Stabiliser ne suffit pas. Le sens, l'esprit du pacte de responsabilité c'est justement de permettre une mobilisation des entreprises, des entrepreneurs », a ainsi expliqué M. Hollande, qui semblait là envisager une forme de partage politique des responsabilités.

Le président de la République a implicitement convenu que les emplois aidés – contrats de génération et emplois d'avenir – n'avaient pas suffi, eu égard à la faiblesse du taux de croissance. « S'il n'y a pas de croissance forte, il n'y aura pas de diminution du chômage », a poursuivi M. Hollande qui, en une forme de nouvelle promesse, a assuré depuis Ankara que « les allégements de cotisations seront strictement respectés ».

UN REVERS MAJEUR

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Politiquement, l'on voit bien quelle raison le pousse aujourd'hui à procéder ainsi. Attirer l'attention sur une nouvelle promesse est une habile façon de faire oublier un pari perdu. Mais il n'est pas sûr que le chef de l'Etat y parvienne. Pour lui, les chiffres annoncés lundi par Pôle Emploi et le ministère de l'emploi constituent, quoi qu'il en dise, un revers majeur.

D'abord, ils mettent en lumière son impuissance. Inverser la courbe du chômage avant la fin de 2013 n'était pas un objectif parmi d'autres. C'était devenu l'engagement numéro un du président de la République. S'il l'avait atteint, cela aurait été pour lui une victoire décisive. Un élément central pour redorer sa crédibilité. Tout son discours sur la confiance aurait été écouté d'une autre oreille. « Il avait finalement eu raison d'y croire », aurait-on dit. Le fait d'avoir suscité le scepticisme pendant des mois sur la courbe du chômage l'aurait grandement aidé à inverser la courbe des sondages. « Avoir raison avant tout le monde est un grand tort », disait Edgar Faure. Dans son cas, cela aurait été l'inverse. Les Français lui auraient su gré d'y avoir cru contre toute évidence.

Mais le pari étant perdu, c'est la crédibilité même du chef de l'Etat, déjà sérieusement mise en doute, qui s'écorne à nouveau un peu plus. Or le moment est particulièrement mal venu. Avec son « pacte de responsabilité », François Hollande tient aujourd'hui un discours plus volontariste que jamais. Dès lors, comment donner crédit au volontarisme quand la volonté politique est ainsi prise en défaut ?

PARADOXE

Seconde conséquence des chiffres du chômage publiés lundi : l'impossibilité qui est désormais celle du chef de l'Etat, et de son gouvernement en général, de se fixer des échéances précises. Donner une date butoir pour l'inversion de la courbe du chômage s'est révélé être un piège. Désormais, quel crédit pourra-t-on accorder aux prévisions de croissance ou à d'autres objectifs chiffrés et datés ?

A partir de maintenant, c'est toute une façon de communiquer qui se trouve mise à mal. Celle qui conduisit François Hollande à promettre de ramener le déficit public à 3 % en 2013 et à tabler sur une croissance de 2 % en 2017. C'est tout le paradoxe : au moment où le chef de l'Etat clarifie sa politique, il est contraint d'être plus flou sur les objectifs qu'il se fixe. Un conseiller de l'Elysée le reconnaissait lundi soir : « Il n'y aura plus de nouvel objectif daté. Mais j'espère tout de même que le chômage baissera en mars ou avril, à la suite de l'effet d'annonce du pacte. »

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