France 3 diffusera, mercredi 29 janvier, un extrait audio d'une interview de l'ex-dictateur libyen Mouhammar Kadhafi, dans laquellle il affirmait, sans apporter de preuve, avoir financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il s'exprimait à Tripoli, quatre jours avant les premières frappes occidentales qui aboutiront à sa chute et à sa mort, en octobre 2011.
« Sarkozy a une déficience mentale... c'est grâce à moi qu'il est arrivé à la présidence », « C'est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner », « Il est venu me voir alors qu'il était ministre de l'intérieur. Il m'a demandé un soutien financier », affirme alors le dictateur.
Pourquoi aurait-il financé la campagne de Nicolas Sarkozy ? « Pour nous, en tant que Libyens, si le président de la République française gagne les élections grâce à nos fonds, c'est vraiment un gain », répond-il, sans donner ni montant ni détail sur les modalités de versement.
Le fils de Mouhammar Kadhafi Saïf Al-Islam Kadhafi avait lancé de telles accusations le même jour devant une caméra d'Euronews. Aucune preuve n'en a jusqu'ici attesté. Le site d'information Mediapart avait publié entre les deux tours de la présidentielle de 2012 un document évoquant la décision du dirigeant libyen de verser 50 millions d'euros à la campagne de Nicolas Sarkozy, qui en transmettait l'instruction à Béchir Saleh, alors directeur du cabinet de Kadhafi. La justice enquête sur ces accusations, que Nicolas Sarkozy réfute.
« UNE VINGTAINE DE MILLIONS DE DOLLARS »
L'interview dont France 3 diffuse un extrait sonore dans l'émission « Pièces à conviction » (23 h 15) avait été menée par Delphine Minoui, journaliste au Figaro. Les forces de Kadhafi semblaient alors reprendre l'avantage, un mois après le début de l'insurrection. Paris avait officiellement reconnu quelques jours plus tôt l'opposition au régime. La déclaration de Mouhammar Kadhafi sur Nicolas Sarkozy ne figure pas dans la version écrite de l'entretien disponible sur le site du journal. Elle avait été retranscrite par Mme Minoui dans son livre Tripoliwood (Grasset, 2011).
L'interprète francophone officiel du leader libyen, Moftah Missouri, qui traduit cet entretien, explique également à France 3 que Mouhammar Kadhafi lui aurait précisé le montant de son aide six mois plus tard : « Une vingtaine de millions de dollars », selon lui.
Plusieurs dignitaires du régime libyen ont également évoqué un tel financement, dont l'ancien premier ministre Baghdadi Al-Mahmoudi, lors d'une audience d'extradition à Tunis. La semaine dernière à Paris, Anoud Al-Senoussi, fille de l'ancien chef du renseignement Abdallah Al-Senoussi, affirmait à l'Agence France-presse que son père, actuellement détenu en Libye, avait disposé de preuves de ce financement. Mais d'autres ont nié, comme l'ex-secrétaire particulier du dictateur, Bachir Saleh, ou Moussa Koussa, l'ex-chef des services du renseignement extérieur.
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