L’UE sabre les financements de la mission de paix en Somalie

L’UE a décidé de réduire de 20 % son aide à la mission de paix en Somalie, une décision qui irrite l’Union africaine, empêtrée dans une lutte acharnée contre le terrorisme. Un article d’EURACTIV Allemagne.

Depuis neuf ans, l’Union africaine (UA) envoie des forces opérationnelles en Somalie pour combattre le groupe affilié à Al Qaida, Al Shabaab, dans l’espoir de libérer la région. À l’heure actuelle, 22 000 personnes sont déployées dans le cadre de la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Avec l’ONU, l’Union européenne est le principal bailleur de fonds de la mission, composée de troupes issues des armées kenyane, éthiopienne, ougandaise et burundaise. Les soldats de l’AMISOM sont payés par leurs gouvernements grâce au 1,08 million d’euros fournis par la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique de l’UE depuis mars 2007.

Face aux besoins croissants de l’AMISOM, le budget initial de la facilité de soutien à la paix en Afrique, censé être de 750 millions d’euros pour la période 2014-2020, a été augmenté à 900 millions d’euros et plus de 85 % sont alloués à l’AMISOM. La mission de paix devrait toutefois avoir besoin de 710 millions supplémentaires d’ici 2019.

Selon l’UA, Bruxelles entend pourtant réduire ce soutien de 20 %, afin d’avoir une marge de manoeuvre pour réagir aux nouvelles crises qui pourraient survenir sur le continent. Lors d’une réunion à Addis Abeba fin janvier, les dirigeants de l’UA se sont inquiétés des conséquences d’une telle chute des financements. 

« Comme vous le savez tous, l’Union européenne a décidé de réduire son soutien au personnel en uniforme de la mission de 20 % à partir de janvier 2016 », a déclaré à cette occasion l’ambassadeur Francisco Caetano José Madeira, qui dirige l’AMISOM. « Cette mesure aura sans aucun doute un impact sur le personnel qui fait le sacrifice ultime au service de l’Afrique. Surtout en cette période, alors que le rôle de l’AMISOM est de plus en plus important. J’estime que les différents mécanismes de financement de l’AMISOM devraient être prolongés. »

Le groupe Al-Shabaab est actif en Somalie depuis des années. Son but est de faire du pays une théocratie musulmane. Il serait à l’origine d’un attentat-suicide qui a sévèrement endommagé un avion le 3 février.

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L’AMISOM est la seule mission de maintien de la paix en Somalie à soutenir le gouvernement reconnu par la communauté internationale, mais la décision de l’UE de réduire sa participation financière signifie que le salaire mensuel des soldats passera de 828 dollars américains à moins de 165 dollars.

Cette réduction intervient à un moment particulièrement sensible, puisque les forces d’Al-Shabaab se rassemblent et se préparent à prendre position de manière stratégique dans les villes somaliennes. Leur dernière offensive contre les troupes de l’AMISOM a eu lieu à El Ade, près de la frontière kényane, et a fait plus de 100 victimes. Plusieurs personnes ont également été prises en otage. Al-Shabaab a également pris la ville historique de Marka il y a quelques jours.

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« Il faut comprendre que la guerre coûte cher. La guerre contre le terrorisme s’est déplacée vers l’Afrique, d’où elle n’est pas prête de partir. C’est pourquoi nous devons être prêts à mettre la main au portefeuille », estime le professeur Derrick Muasya, chercheur spécialisé dans les conflits sub-sahariens, lors d’un entretien avec EURACTIV.

« C’est un exercice d’équilibre pour l’Union africaine, qui a du pain sur la planche face à la propagation du terrorisme, mais qui dispose de ressources limitées. Elle devra donc trouver d’autres sources de financements pour cette guerre, qui durera longtemps. »

Selon Erastus Mwencha, vice-président de l’UA, la guerre en Somalie coûte près de 40 millions d’euros par mois aux gouvernements qui la soutiennent.

« Le conflit serait encore plus cher si l’UA retirait ses troupes de Somalie », estime-t-il. « Cela signifierait qu’Al-Shabaab a gagné et que le terrorisme pourrait se propager de manière incontrôlée. La réduction de 20 % des financements européens force l’UA à développer une stratégie de financement à long terme et de réduire les coûts liés à cette guerre. »

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Le 16 septembre 2013, l'UE et la Somalie ont conjointement lancé l’initiative « le New Deal pour la Somalie » lors d'un évènement à Bruxelles. Le programme comprend une aide de 650 millions d'euros.

L'année précédente, le nouveau parlement somalien élisait Hassan Sheikh Mohamoud au poste de président. Cette élection a mis un terme à la phase transitoire du gouvernement fédéral. Objectif : achever la rédaction de la nouvelle Constitution avant les prochaines élections prévues en 2016.

Le pacte s'appuie sur des principes du New Deal, convenus lors du Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide à Busan (Corée) en 2011.1) des priorités sectorielles qui suivent 5 objectifs de consolidation de la paix et des États 2) des principes de partenariat et 3) la mise en place et le contrôle des dispositions.

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