Cosse, nommée ministre du Logement, se «met en retrait de EELV»

 

Emmanuelle Cosse devient  ministre du Logement comme une autre écologiste avant elle,Cécile Duflot, 
Emmanuelle Cosse devient ministre du Logement comme une autre écologiste avant elle,Cécile Duflot,  (LP/OLIVIER CORSAN.)

    Emmanuelle Cosse vient d'être nommée ce jeudi au gouvernement, comme ministre du Logement où elle succède à la radicale Sylvia Pinel. Depuis plusieurs jours, la rumeur se faisait de plus en plus insistante chez Europe-Ecologie-les Verts (EELV) et le parti s'y préparait.

    En entrant au gouvernement, la secrétaire nationale, élue à la tête du parti en novembre 2013, a fait un choix qui ne correspond pas à la ligne défendue depuis des mois par les écologistes. Dès mercredi, les porte-parole du parti Julien Bayou et Sandrine Rousseau ont publié un communiqué dans lequel EELV rappelait que les conditions d'un retour au gouvernement n'étaient pas réunies, histoire d'avertir Emmanuelle Cosse que son entrée se ferait à titre individuel. «EELV désapprouve cette participation et regrette cette décision personnelle alors que la politique gouvernementale est malheureusement incompatible avec des orientations écologistes, de justice sociale, solidaires, et à même de construire une société apaisée», ont-ils renchéri ce jeudi.

    «Maintenant soit elle se met en retrait, soit on le fait pour elle», expliquait au Parisien.fr Marine Tondelier, membre de la direction et proche de Cécile Duflot. Emmanuelle Cosse n'a pas tardé à réagir : dans une lettre aux militants diffusée jeudi après-midi, peu après le remaniement, elle annonce quitter son poste de secrétaire nationale. «J'achève donc aujourd'hui mon mandat de secrétaire nationale. J'ai pris cette décision en conscience, dans la continuité de mon engagement pour l'écologie et sans renier les positions que j'ai exprimées par le passé», écrit-elle. «Aujourd'hui, je me mets en retrait de EELV».

    C'est l'actuel numéro 2 d'EELV, David Cormand qui a pris la tête du parti, conformément aux statuts. Une décision validée à l'unanimité par le bureau exécutif, lors d'une réunion téléphonique de crise organisée juste après l'annonce de la composition du nouveau gouvernement. «Une période difficile s'ouvre pour le mouvement, mais il est capable de faire le job», lâche un écolo.

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    Les relations s'étaient tendues avec Duflot

    Emmanuelle Cosse sait qu'elle va être sous le feu des critiques de ses «copains» écolos pendant plusieurs jours. «On a du stock de vannes car ça fait deux jours qu'on les prépare», souriait mardi un membre d'EELV. Cela n'a pas manqué. «La déchéance c'est maintenant», balance le député Sergio Coronado, sur Twitter.

    «Même Nicolas Hulot a refusé un poste parce qu'il voyait qu'il n'y avait pas de chantier engagé sur l'écologie», fustige pour sa part le député européen EELV Yannick Jadot.

    «La semaine de vote de la déchéance de la nationalité, je souhaite beaucoup de courage à Emmanuelle Cosse pour justifier son entrée au gouvernement», s'agace Marine Tondelier qui a publié un tweet de colère avant même la nomination.

    D'autres élus, comme l'eurodéputée Karima Delli, reprochent à François Hollande de chercher à détruire EELV.

    En interne, Emmanuelle Cosse a longtemps été soutenue par Cécile Duflot dont elle était proche. Mais leurs relations se sont tendues, notamment depuis la décision de Cécile Duflot en mars 2014 de quitter le gouvernement  - où elle occupait le poste qui vient d'échoir à Cosse - sans d'abord associer le parti à cette décision. Alors que le prochain congrès d'EELV se tient en juin, la conseillère régionale d'Ile-de-France n'était pas assurée de retrouver son poste. «Elle a joué l'ambiguïté avec le PS et a trop ménagé des gens qui se sont retournés contre le parti», déplore un élu écologiste.

    EELV a perdu beaucoup de plumes depuis plusieurs mois. Des départs nombreux, des mauvais résultats électoraux... le parti est en pleine crise. Et ce nouvel épisode ne va pas arranger les choses. D'autres personnes pourraient quitter le navire, à commencer par Denis Baupin, député proche de la ligne d'alliance avec le PS défendue par Jean-Vincent Placé... et mari d'Emmanuelle Cosse.