Dès qu’il s’agit de parler d’argent au travail, les hommes et les femmes ne sont pas tout à fait égaux. Une étude du site web d’offres d’emploi Regionsjob, révèle que 67% des femmes interrogées n’ont pas négocié leur salaire avant leur prise de poste. Le chiffre descend à 51% pour les hommes. Elles sont également 39% à céder à la première offre de salaire, en cas de désaccord avec l’employeur lors du recrutement. Les hommes ne sont que 21% à accepter cette proposition. « Négocier son salaire est pourtant un des moyens pour les femmes de faire reculer les écarts de rémunération », souligne Catherine Lott-Vernet, coauteure de « Les filles, osons parler d’argent », (éd. Dunod). 17% des salariés français** pensent d’ailleurs que les femmes devraient prendre l’initiative de demander une augmentation pour gommer les inégalités.

Freins psychologiques et discrimination

« Les femmes souffrent toujours d’une certaine autocensure, explique Catherine Lott-Vernet. Elles sont beaucoup à penser qu’elles obtiendront des "bons points" en échange de leurs bons résultats. C’est le fameux syndrome de la bonne élève. » Les barrières psychologiques sont donc importantes mais n’expliquent pas tout. « L’autocensure que l’on attribue aux femmes vient d’une peur, très souvent justifiée, de la discrimination qu’elles vont vivre au travail en termes d’opportunités professionnelles ou de rémunération », précise Rachel Silvera, économiste et auteure de « Un quart en moins », (éd. La Découverte). « Par exemple, nombre de femmes reviennent de congé maternité sans avoir été augmentées et n’osent pas réclamer ce que leur employeur leur doit. La balle n’est pas uniquement dans leur camp, c’est la loi qui le dit ! » Effectivement, la loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes prévoit qu’une salariée revenant de congé maternité doit bénéficier « des augmentations générales ainsi que de la moyenne des augmentations individuelles perçues pendant la durée des congés ».

Les hommes obtiennent plus souvent une augmentation

Et même lorsqu’elles osent demander, les femmes obtiennent moins que ce qu’elles veulent : en 2015, hommes et femmes ont été presque aussi nombreux à demander une augmentation (environ 40%) mais seulement 25% des femmes ont obtenu une réponse favorable contre 35% des hommes. « Des études*** montrent également que les femmes se contentent davantage de leur travail et de leur salaire, remarque Rachel Silvera. Cela s’explique en partie par le fait qu’elles se comparent souvent aux autres femmes et non aux hommes qui ont le même poste qu’elles. »

* Enquête réalisée en ligne du 3 au 10 décembre 2015, auprès d'un échantillon de 1996 personnes inscrites sur les sites RegionsJob dans les six derniers mois.
** Etude Glassdoor : « Global gender pay gap », publiée le 11 février 2016.
*** « Les paradoxes d’une satisfaction, ou comment les femmes jugent leur salaire » (2006)