Lorsqu'il s'agit de choisir un leader, on a tendance à confondre compétence réelle et confiance en soi. © iStock

Voici pourquoi il y a tant d’incompétents au pouvoir

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La Harvard Business Review a mené une étude sur la forte présence d’hommes incompétents parmi les instances de direction. Lorsqu’il s’agit de choisir un leader, nous aurions tendance à confondre compétence réelle et confiance en soi.

« La principale raison du déséquilibre du ratio homme/femmes dans le management est notre incapacité à distinguer la confiance (en soi) de la compétence« , explique Tomas Chamorro-Premuzic, professeur de psychologie des affaires au University College London. La réalité est plus complexe que le fameux plafond de verre, selon la Harvard Business Review.

Confiance en soi ou compétence ?

C’est cette difficulté à distinguer les signes de compétence et les signes de confiance en soi qui nous ferait croire que les hommes sont de meilleurs meneurs, rapporte le Madame Figaro. « Quand on parle leadership, l’unique avantage des hommes sur les femmes, c’est le fait que les manifestations d’arrogance – sous couvert de charisme ou de charme – sont souvent interprétées comme un potentiel de leadership. Or ces attributs sont plus fréquents chez les hommes que chez les femmes.« , poursuit Tomas Chamorro-Premuzic.

Une étude de l’Université de l’Ohio confirme qu’un groupe de personnes aura tendance à désigner comme dirigeant quelqu’un de narcissique, d’égocentrique et avec une confiance en lui à toute épreuve. En guise d’explication, la Harvard Business Review fait référence à Sigmund Freud, qui a notamment analysé la manière dont nous donnons le pouvoir à des gens que l’on admire. Dans ces situations, « un groupe de personnes, les suiveurs, ont remplacé leur propre tendance narcissique par celle du leader. Leur amour pour lui est une forme déguisée d’auto-amour ou un substitut à leur incapacité de s’aimer eux-mêmes » écrivait Freud.

C’est la raison pour laquelle beaucoup de « chefs de guerre » accèdent à des postes importants, et finissent par montrer des signes d’incompétence. Pourtant, l’arrogance et l’excès de confiance, indispensables pour être perçus comme bon leader, seraient inversement proportionnels au talent et à la compétence d’un chef, postule la Harvard Business Review. « La plupart des leaders de ce type échouent donc à moyen terme« , selon Tomas Chamorro-Premuzic.

Fédérer une équipe autour d’un projet commun

Un bon dirigeant doit se montrer capable de construire et de fédérer une équipe autour d’un projet commun. Et selon une étude publiée par l’American Psychological Association, les femmes, qui ont plus d’intelligence émotionnelle et de considération pour les autres, seraient plus enclines à mettre en oeuvre une bonne dynamique collective. Les femmes adopteraient naturellement des stratégies de management plus efficaces, notamment en s’attachant sur la progression des compétences de l’équipe dans son ensemble.

« En l’absence de véritable méthode pour évaluer les qualités d’un leader et ses réalisations, nous nous laissons aveugler par les parades des vantards« , regrette Tomas Chamorro-Premuzic. Les récompenses de management vont, elles aussi, plus souvent à ceux qui savent se vendre, plutôt qu’à ceux qui s’impliquent réellement pour faire avancer leur équipe.

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