Les bonnes nouvelles d’Amnesty, une petite victoire après l’autre

Le combat est permanent et Amnesty International s’apprête à publierun rapport annuel accablant. Mais pour faire avancer les causes,il faut aussi valoriser toutes les bonnes nouvelles.

Céline Fion
Les bonnes nouvelles d’Amnesty, une petite victoire après l’autre
- ©Teun Voeten

Sur son site internet, dans ses newsletters, sur les réseaux sociaux, Amnesty International fait état d'informations estampillées «bonnes nouvelles». «Une bonne nouvelle, ça peut consister en différentes choses, explique Sarah Goffin, chargée de campagne à Amnesty. Ça peut, par exemple, être la libération d'un prisonnier d'opinion, le changement d'une loi ou le fait qu'une personne puisse avoir droit à un procès alors qu'elle n'y avait pas eu droit avant. Mais aussi le fait qu'un prisonnier ait accès à un avocat ou puisse voir sa famille alors que ce n'était pas le cas avant… Une bonne nouvelle, ça peut donc être un progrès et pas forcément une libération en tant que telle ou un autre événement de cet ordre.»

Chaque signature compte

Certaines bonnes nouvelles sont en demi-teinte: «Fin 2015, on a eu le cas de Shaker Aamer, du centre de détention de Guantanamo. Il a enfin pu sortir alors qu'il était déclaré libérable depuis des années. Là, il sort et il va rencontrer pour la première fois un de ses enfants qu'il n'a jamais vu. C'est incontestablement une victoire, l'un de ces cas où l'attention de la population a poussé les gouvernements à agir dans le bon sens. En même temps, je ne sais pas s'il lui sera possible de se reconstruire», commente la chargée de campagne. Les vrais coups durs sont aussi légion mais il est important de valoriser le positif, «y compris pour montrer aux gens que leur signature compte, qu'elle peut avoir réellement du poids.»

Plus d’engagement

C'est aussi du côté de l'engagement qu'il faut aller chercher des signes encourageants: «Il y a une hausse au niveau de la signature de pétitions. Ça varie évidemment en fonction de la thématique. Par exemple, les cas de violence faite aux femmes ou de jeunes qui sont condamnés à mort vont plus mobiliser la population que d'autres thématiques, mais de manière générale la moyenne augmente, note Sarah Goffin. Même pour la migration qui est une thématique plus difficile, surtout avec les amalgames qui ont suivi les attentats mais ça vient petit à petit. » Les questions liées à la migration, cette permanente d'Amnesty les connaît bien puisque c'est elle qui s'occupe des campagnes nationales sur le sujet. Là aussi, elle peut annoncer des chiffres porteurs d'espoir: «Dans le cadre d'une campagne prioritaire sur le sort des migrants aux frontières de l'Union européenne, on avait pour objectif de récolter 30 000 signatures en Belgique francophone. Ce n'est pourtant pas un sujet facile mais on y est arrivé. On a aussi sorti un petit livret au mois de septembre pour déconstruire les préjugés et, en février, on en est déjà à 150 000 exemplaires distribués dans la Belgique francophone, ça a un grand succès». Un engagement, une prise de conscience de plus, c'est encore une bonne nouvelle à ajouter à la liste.

Bon début 2016

Pour les premiers jours de 2016, on peut déjà lire l’annonce des libérations en Chine d’un Suédois, employé par une ONG et de sept militants. Au Darfour huit étudiants emprisonnés après avoir participé à un sit-in pacifique contre l’instauration de frais de scolarité ont été relâchés. En Arabie saoudite, trois avocats, condamnés pour des messages sur Twitter, ont vu leur peine annulée. La liste se prolonge sur le site et grandira au fil des mobilisations.

En 2015…

Stop aux exécutions :Madagascar, Fidji, Suriname. L'année 2015 commençait bien puisqu'entre janvier et mars, trois pays ont aboli la peine de mort. En décembre, le Parlement mongol a suivi le même chemin. Ces modifications du code pénal ne sont pas encore en vigueur dans tous les pays concernés mais c'est un bel exemple à suivre pour des États comme la Corée du Nord, la Chine, l'Arabie Saoudite, le Pakistan ou encore le Japon qui ont exécuté des prisonniers l'an dernier. Amnesty mène également une campagne contre la reprise des injections létales en Californie.

Dédommagements au Niger : En janvier 2015, la compagnie pétrolière Shell a été contrainte de verser 55 millions de livres sterling (environ 70 millions €) aux victimes de deux déversements massifs d'hydrocarbures qui ont affecté le delta du Niger en 2008. C'est 54 996 000 £ de plus que la première offre de dédommagement de Shell en 2009. 15 600 personnes ayant vu leurs moyens de subsistance disparaître dans la région de Bodo ont reçu chacune environ 2 200 £, les 20 millions restants ont été alloués à la collectivité.

Intouchables ? À la suite d'une mobilisation internationale, la Cour suprême indienne a accordé, en septembre 2015, la protection de la police à une famille Dalit (considérée comme ne faisant pas partie du système des castes). Meenakshi Kumari (23 ans) et sa petite sœur (15 ans) avaient été condamnées par un khap panchayat (sorte de conseil de village non élu et 100 % masculin) à être violées et exhibées nues, avec le visage noirci. Leur « crime » ? Être les sœurs de Ravi Kumari, un Intouchable qui se serait enfui avec une femme mariée de la caste dominante.

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