Philippe Monloubou prend les rênes d'ERDF
Chaque salarié d'EDF travaillant dans le groupe depuis plus de quinze ans garde probablement en mémoire l'endroit où il se trouvait le 26 décembre 1999, lors de la grande tempête, qui avait mobilisé pendant des semaines les équipes de secours pour rétablir le courant des zones sinistrées.
Philippe Monloubou, qui succèdera demain à Michèle Bellon en prenant la présidence du directoire d'ERDF, la filiale de distribution d'EDF, s'en souvient très bien : alors directeur d'EDF GDF Services en Corse - « l'école de guerre d'EDF », selon un cadre du groupe -, il était sur le « Napoléon-Bonaparte » au large d'Ajaccio, empêché d'accoster par la houle après une nuit de mer. Armé de son téléphone portable pour coordonner les secours, le dirigeant avait dû aller jusqu'à mobiliser tous les pompiers de l'île pour qu'ils arrosent les lignes électriques fragilisées par les embruns...
Entré dès 1979 à EDF, sur le conseil d'un ami de promotion de son école d'ingénieurs (Ecole spéciale des travaux publics), Philippe Monloubou, qui fêtera ses cinquante-neuf ans le mois prochain, a ainsi passé l'essentiel de sa carrière dans la distribution et le commerce. Il était d'ailleurs, depuis 2011, directeur commerce France d'EDF.
D'Argenteuil à Vienne, en passant par Chambéry et Paris, où il a préparé et conduit l'ouverture du marché à la concurrence, l'éventail de postes occupés l'a convaincu qu'une carrière au sein d'un groupe public pouvait être aussi excitante que la création d'une entreprise, un sujet parfois évoqué dans les discussions familiales - chacun de ses trois enfants a intégré une école de commerce. Parmi ses postes les plus mémorables, il cite aussi l'Argentine, où il a ouvert, pour EDF, un bureau en 1993. Un poste pour lequel ce polyglotte - allemand, anglais et un peu d'arabe, fruit de dix années d'enfance passées au Maroc - a appris l'espagnol en trois mois.
Tour de France
Cet amateur de voyages lointains va désormais accomplir un tour de France des équipes d'ERDF. Il ne manquera pas de passer du temps avec les élus locaux, car ce sont les collectivités territoriales qui concèdent au distributeur, avec des hauts et des bas, la gestion de leur réseau électrique. « Il est rond, c'est un commercial », constate d'ailleurs, avec une pointe de prudence, un dirigeant de syndicat intercommunal d'électricité. D'autres dossiers-tests l'attendent au 31e étage de la tour Winterthur à la Défense : la mise en oeuvre du compteur communicant Linky, dossier sur lequel il vient de passer six mois, et la programmation des investissements sur le réseau, pour assurer la qualité de service de l'électricité.
Véronique Le Billon