Marseille : quand Jean-Noël Guérini "oublie" un vieux compte suisse

Une enquête devrait être ouverte pour "fraude fiscale".

Une enquête devrait être ouverte pour "fraude fiscale".

Ph. G.R.

Marseille

Un compte en Suisse contenant 100 000 euros

Le 2 avril 2013, devant un inspecteur des douanes l'interrogeant en garde à vue, dans le cadre d'une affaire de corruption, Jean-Noël Guérini n'avait visiblement pas encore perdu la mémoire. Après avoir répondu par la négative sur l'éventuelle possession d'un compte bancaire personnel à l'étranger, à la question : "Êtes-vous bénéficiaire économique de comptes bancaires à l'étranger ?", le sénateur avait avoué l'existence d'un compte en Suisse, que les parents de son épouse, Martine Aelion, avocate, avaient ouvert au nom de celle-ci, il y a fort longtemps. "Je devais avoir procuration sur le compte de ma femme. Mais je n'en étais pas bénéficiaire économique et je m'en suis jamais servi", précisait alors l'élu Force du 13.

Pour autant, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, après avoir étudié la déclaration patrimoniale faite par l'élu le 1e février 2014, a estimé qu'il aurait dû indiquer l'existence de ce bien. "Cela me paraît difficile d'oublier un compte sur lequel on a procuration", ironisait hier le procureur Eliane Houdelle, patronne du parquet national financier, destinataire jeudi dernier du signalement de la HATVP, jugeant "nécessaire de porter ces faits, susceptibles de constituer des infractions pénales, à la connaissance du procureur de la République financier". Selon nos sources, c'est bien l'omission de déclaration de ce compte ouvert au début des années 1980, sur lequel ont été découverts environ 100 000 euros et peu de mouvements, qui devrait amener à l'ouverture d'une enquête préliminaire.

"Tout le patrimoine du couple Guérini est au nom de madame"

Ce signalement fait suite à ceux effectués par la HATVP quant aux déclarations des époux Balkany (LR), de Marine Le Pen et Louis Alliot (FN), du sénateur centriste Montesquiou, mais aussi, en avril dernier, au Parquet de Paris cette fois, de celle de Dominique Tian (LR), premier adjoint du maire de Marseille, qui avait omis de déclarer un compte en Suisse contenant 1,5 million d'euros. "On est là sur une somme bien moins importante mais c'est logique puisque tout le patrimoine du couple Guérini est au nom de madame, lui a un patrimoine net personnel de quelques dizaines de milliers d'euros seulement", commentait hier un proche de ce dossier.

"Ce compte a été régularisé depuis, et l'était peut-être même déjà au moment de la déclaration, assurait hier Me Témime, avocat de Jean-Noël Guérini, je suis donc surpris de ce signalement qui prouve encore un traitement très personnalisé quand il s'agit de mon client". L'autre conseil du sénateur, Me Mattéi, d'indiquer que "des pénalités ont même déjà été acquittées".