Est-ce que les prisonniers portent vraiment des uniformes orange aux États-Unis ?

On voit souvent, à la télévision, des détenus américains porter des uniformes orange. Ceux-ci ont largement été popularisés par la série "Orange is the New Black"? Mais est-ce vraiment là un uniforme standardisé?

ADRIEN SUYS (ST.)
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©AP

Les uniformes ne sont apparus, en prison, que vers la fin du 18e siècle. Avant les réformes qu'ont connues les États-Unis et la Grande-Bretagne, les conditions pénitentiaires étaient déplorables et les prisonniers portaient les vêtements avec lesquels ils avaient été arrêtés.

Comme le site Racked l'explique, une des premières prisons à accorder une certaine attention à ses détenus fut le centre pénitentiaire du Sussex en Angleterre, construit en 1775 par le duc de Richmond. Les prisonniers, à leur entrée, étaient lavés, rasés, habillés et on leur fournissait un lit. De l'autre côté de l'Atlantique, les hommes ont commencé à porter des uniformes rayés et allaient travailler, à l'extérieur de la prison, attachés les uns aux autres. Ainsi exposés au monde extérieur et à cause de la nature humiliante de la situation, leurs uniformes se sont figés dans les mémoires et dans la culture populaire.

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©wikipedia.org

Un siècle plus tard, les prisons commencèrent à abandonner les rayures les jugeant trop dégradantes pour les détenus. Ainsi, l’État de New-York les abandonna en 1904, passant à un uniforme gris. L’État de Caroline du Nord garda la tunique rayées jusque 1958.

Des différences entre Etats

Comme l'explique Slate, de nos jours, la couleur de la tenue des détenus dépend des établissements dans lesquels ils sont maintenus ou de leur niveau d'emprisonnement (prisonniers hautement, moyennement ou peu dangereux). L'uniforme orange date des années 1970 et est surtout utilisé lors de transferts ou de travaux en extérieur. L'orange étant une couleur très voyante, il est plus facile de repérer les prisonniers au milieu de civils.

L'orange est loin de faire l'unanimité dans les établissements carcérals américains. En Californie, les détenus sont vêtus d'uniformes bleus, souvent en jeans. Au Colorado, on trouve des tenues kaki alors que l’État de New York impose un pantalon « vert chasseur », les prisonniers pouvant choisir eux-mêmes leur t-shirt tant qu'il n'a pas la même couleur que les uniformes du personnel. Certaines prisons acceptent même que les hommes portent leurs vêtements de ville bien que ce soit de plus en plus rare.

Les établissements pénitentiaires réservés aux femmes ont longtemps accepté que celles-ci gardent leurs vêtements jusqu'à ce qu'au nom de l'égalité des sexes, on leur impose l'uniforme.

L'impact de Orange is the New Black

La couleur orange, si populaire dans notre culture, l'est devenue grâce notamment aux médias ou aux films. Ainsi, les détenus quand ils apparaissent au tribunal portent souvent de l'orange (alors que ce n'est pas le cas quand ils sont à l'intérieur de la prison). De plus, les images des terroristes enfermés à Guantanamo dans leur tunique orange ont fait le tour du monde et ont participé à la popularité de l'uniforme.

De nombreux films et séries montrent également des hommes et des femmes emprisonnés portant de l'orange. Dernièrement la série Orange is the New Black a fait le buzz et a fait de l'uniforme pénitentiaire un accessoire fashion à acquérir à tout prix. Cette situation a poussé le shérif du comté de Saginaw (Michigan), William Federspiel, à réinstaurer la tunique rayée : « Lorsque le flou s'installe entre la culture extérieure et l'intérieur de la prison, je dois faire quelque chose pour redéfinir les limites. Il aurait suffi qu'un groupe habillé comme dans Orange is the New Black passe à proximité pour qu'un détenu disparaisse dans un océan orange » a-t-il expliqué, cité par le Figaro. A l'image de la série de Netflix, les uniformes pénitentiaires ont toujours été des sources d'inspirations pour les couturiers. Le designer Siki Im proposait en 2014 une collection printemps largement inspirée de ces tuniques.

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©Reporters / Capital Pictures

L'uniforme peut ausi être utilisé comme outil d'humiliation. Et certaines prisons l'ont bien compris, quitte à tomber dans l'excès. Ainsi, une prison en Caroline du Nord force ses détenus à porter un t-shirt rose et un pantalon ligné jaune et blanc. Joseph Arpaio, le shérif du comté de Maricopa (Arizona), impose, lui, que les hommes portent des sous-vêtements roses.

Un outil d'humiliation qui a également un pouvoir psychologique sur les civils : selon Racked, un juge aurait plus de chances de croire un accusé s'il porte ses propres vêtements au tribunal que s'il porte la célèbre tunique orange. Cet aspect a également été souligné dans cette autre série à succès du moment : Making a Murderer. La série raconte l'histoire de Steven Avery, qui après avoir passé 18 ans en prison pour une agression qu'il n'avait pas commise, se retrouve condamné à perpétuité pour meurtre. Là encore, il se déclare innocent.

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