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Quand la science veut nous refroidir

De l'hypothermie à l'hibernation, les scientifiques aimeraient pouvoir contrôler la température de notre corps, en toute sécurité.
par Marie-Caroline Cabut
publié le 17 février 2016 à 10h02

Pourrons-nous bientôt connaître les destins d'Hibernatus ou de Captain America et être capable d'hiberner en toute sécurité ? Selon un article de Quartz, les scientifiques y pensent très sérieusement.

On connaît les cas de patients en état d’hypothermie (abaissement de la température du corps au-dessous de la normale) qui parviennent à revenir à la vie. Ce phénomène s’explique par le fait que quand la température de notre corps baisse, notre métabolisme de base se réduit. Nos cellules ont donc besoin de moins d’énergie et peuvent survivre. Si cela arrive rapidement et de manière significative, le cerveau n’aura pas de dommages irréversibles. Ces cas médicaux ont inspiré les médecins : ceux-ci savent déjà réduire en toute sécurité la température corporelle (mais seulement de quelques degrés) pour traiter les bébés prématurés et les lésions cérébrales. Mais la science en redemande.

Lors d'un test mené sur des cochons, leur température corporelle, abaissée à 10°C, a quand même permis aux animaux de survivre. Après cette expérience satisfaisante, les chercheurs expérimentent à présent l'hypothermie thérapeutique pour les êtres humains. Des essais ont débuté en 2014 et sont actuellement menés par le centre médical de l'Université de Pittsburgh et l'école de médecine de l'Université du Maryland, aux Etats-Unis. Les patients concernés souffrent de traumatismes sévères – comme des blessures par balles – et ont déjà perdu la moitié de leur sang. Leur température corporelle est refroidie jusqu'à atteindre 10°C, pour permettre aux médecins d'avoir du temps supplémentaire (environ deux heures) pour traiter leurs blessures et ainsi suspendre l'approche du décès. Le sang du patient est alors évacué et remplacé par une solution saline froide. Une fois les blessures traitées, le sérum est retiré et remplacé avec du sang. Le cobaye est ensuite réchauffé. Problème : ces tests ne sont conduits que sur des patients mourants, ce qui rallonge la durée de l'expérience. «Pour des résultats définitifs, il faudra attendre encore au moins deux ans», explique à Quartz Samuel Tischerman, le chirurgien qui dirige l'étude.

L’hypothermie thérapeutique, la science du futur ? C’est possible, mais les scientifiques veulent aller encore plus loin. Leur but : rendre l’hibernation possible pour les humains. Un phénomène naturel utilisé par certains mammifères aux températures corporelles similaires à celle de l’homme. Réduire la température de leur corps leur permet de survivre pendant une période qui va de plusieurs jours à plusieurs mois. Ces capacités fascinent l’Agence Spatiale Européenne, qui rêverait de faire hiberner ses astronautes lors des longs voyages pour l’espace. Il faudra pour cela que les scientifiques arrivent à percer les mystères de l’hibernation.

Pour aller plus loin :

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