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Les Français demandent des comptes aux entreprises du numérique

Google est pointé du doigt pour son système d'optimisation fiscale, qui lui a permis de ne payer en France que 5 millions d'euros d'impôts en 2015. Marcio Jose Sanchez/AP

INFO LE FIGARO - Selon une étude de l'institut Viavoice, la qualité de service proposée par les nouveaux géants de l'économie numérique ne fait pas oublier aux Français leur tendance à s'émanciper des règles fiscales. Ils réclament désormais davantage de transparence.

Les entreprises du numérique ne sont pas les chouchous des consommateurs. Si ces derniers reconnaissent certaines vertus aux entreprises de la nouvelle économie, ils restent toutefois sceptiques sur leur impact sociétal et leur capacité à réinventer notre économie. C'est ce que révèle l'étude de l'institut ViaVoice pour la Revue civique sur la vision qu'ont les Français de l'économie numérique.

Premier camouflet pour les entreprises du numérique: une grande majorité de Français (74%) n'a d'elles une opinion «ni meilleure ni moins bonne» que des entreprises traditionnelles. Un revers pour des sociétés habituées à mettre l'utilisateur et son expérience au cœur de leurs activités et de leurs innovations. Rien d'étonnant cependant, puisque les entreprises citées en exemple par Viavoice («Google, Facebook, Amazon, BlaBlaCar, Uber, Leboncoin, Airbnb») englobent à la fois plusieurs des très controversés Gafa et Natu et des entreprises tricolores de l'économie collaborative, qui ont pourtant la cote auprès des Français.

Les Français choqués par le dumping fiscal de Google

Une majorité de répondants (56%) estime cependant que les entreprises du numérique «ne sont pas des entreprises de même nature que les autres» (contre 37% qui estiment qu'elles le sont). Les personnes interrogées reconnaissent ainsi sans ambage la nature innovante de ces pure players, tout comme le fait qu'ils proposent «un meilleur service pour moins cher». Mais les consommateurs ont d'autres inquiétudes, comme le fait que les entreprises du numérique les «espionnent» en «revendant leurs données». Une préoccupation qui s'est traduite la semaine dernière par une offensive conjointe de la Cnil et de la DGCCRF (la direction générale de la concurrence et de la consommation). Elles ont mis en demeure Facebook de modifier des clauses de ses conditions d'utilisation jugées abusives et de soumettre à autorisation la collecte d'informations sensibles sur ses utilisateurs, comme des données relatives à leurs opinions politiques ou religieuses.

Les répondants dissocient tout aussi facilement leur avis de consommateurs de celui qu'ils ont en tant que citoyens. Moins de la moitié d'entre eux (49%) juge ainsi que ces entreprises «créent plutôt des emplois dans leur pays» et ils sont presqu'aussi nombreuses à penser que les entreprises numériques «contribuent plutôt aux finances publiques de leur pays (par l'impôt)» et qu'elles «bénéficient plutôt des aides publiques (subventions) de leur pays» (respectivement 36% contre 34%).

Les entreprises du numérique ne jouissent pas d'un statut à part, ni aux yeux de la loi ni dans l'esprit des consommateurs

Principal sujet de rupture entre les entreprises du numérique et les consommateurs français: le dumping fiscal .Près de 70% des répondants considèrent ainsi «choquant» le fait que certaines entreprises étrangères du numérique ne paient pas ou très peu d'impôts en France, à l'instar de Google et des cinq -tout petits- millions d'euros versés au fisc en 2015. Les Français leur rappellent donc qu'elles ne jouissent pas d'un statut à part, ni aux yeux de la loi ni même dans l'esprit des consommateurs. Le géant californien cherche d'ailleurs à se racheter auprès des autorités. Il a conclu un accord avec le fisc britannique mais Michel Sapin a fermé la porte à toute négociation sur le sujet en France.

LIRE AUSSI:«Il faut faire attention à ne pas pénaliser les entreprises nationales»

Pour couper court à cette optimisation fiscale, les Français se disent prêts à privilégier un site de commerce national face à un concurrent étranger. Preuve du bouleversement opéré par ces entreprises numériques, les répondants se disent inquiets qu'elles «déstabilisent» l'économie et qu'elles constituent «une concurrence déloyale» face à l'économie traditionnelle. Et 85% d'entre eux se disent favorables à la création d'un label «entreprise du numérique française». Une aubaine pour la French Tech, label utile pour les start-up mais visiblement encore trop peu connu du grand public.

Trois répondants sur quatre exigent de savoir si l'entreprise qui leur vend un produit ou un service paye des impôts en France

Concernés, les consommateurs souhaitent également être mieux informés sur les produits et services que ces nouveaux acteurs leur vendent. Plus de trois répondants sur quatre (77%) veulent davantage d'informations, tant sur la provenance du produit que sur l'entreprise qui le vend, de sa localisation à sa situation fiscale. Une demande anticipée par Bruxelles, qui planche actuellement sur un projet de loi visant à obliger les multinationales, et notamment les entreprises du numérique, à rendre public le montant des impôts dont elles s'acquittent en Europe.

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