Emmanuel Macron prépare une loi pour orienter l’épargne vers les entreprises
Le ministre de l’Economie confirme qu'il va présenter fin mars une loi permettant aux régimes additionnels de retraite de financer les PME. Elle fait suite à la loi de 2013 visant à orienter l’épargne financière des Français, collectée par les assureurs et les mutuelles, vers des fonds de prêts à l’économie. Les groupes de protection sociale Klesia et AG2R La Mondiale viennent ainsi de créer un véhicule doté de 210 millions d’euros pour financer les PME.
En 2013, le gouvernement avait assoupli la réglementation des assureurs et des mutuelles pour leur permettre d’orienter une partie de leur collecte d’épargne vers les entreprises. Cette année, Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie veut aller plus loin. A l’occasion du lancement du fonds "PME emplois durables" doté de 210 millions d’euros par Klesia, AG2R La Mondiale et l’Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance (Ocirp), Emmanuel Macron a annoncé vouloir étendre ce dispositif.
"Je vais proposer une loi, qui sera présentée en conseil des ministres fin mars, pour réorienter l’argent des régimes additionnels de retraite vers l’économie, a-t-il déclaré. Ce sont plusieurs milliards d’euros qui iront vers le financement du risque en fonds propres."
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sourceLes règles prudentielles auxquelles ces régimes sont soumis (Solvabilité 2) seront assouplies pour leur permettre d’investir dans les PME.
Un enjeu de souveraineté
Le ministre fait de cette capacité d’orienter l’épargne des particuliers vers les entreprises un enjeu de souveraineté nationale. "Notre souveraineté passe par le fait d’avoir notre propre capacité de financement, martèle-t-il. Etre capable de mobiliser l’épargne des Françaises et des Français pour financer plus de risque, pour le capital productif, c’est un objectif fondamental pour le redressement économique de notre pays et un objectif de souveraineté à long terme."
Le véhicule initié par Klesia et AG2R La Mondiale participe de cette dynamique. Les deux groupes de protection sociale allouent une petite part de leurs actifs dans ce fonds, ce qui leur permet de diversifier leurs investissements et trouver de nouvelles sources de rentabilité.
D’autres compagnies d’assurance ont déjà profité de la loi de 2013. La Caisse des dépôts avait mobilisé 17 assureurs dès l’été 2013 pour lancer les fonds Novo dotés de 1 milliard d’euros.
Le fonds PME emplois durables se distingue par sa capacité à intervenir aussi bien en dettes d’entreprises (obligations, placements privés, etc.) qu’en fonds propres. Il est divisé en quatre poches d’investissement distinctes, pour investir à la fois dans des actifs liquides et non liquides.
Des sociétés de gestion ont été choisies pour piloter chacune de ces poches. Agicam gèrera l’investissement dans des dettes cotées, La Française AM investira dans des actions cotées, la société de capital développement Siparex s’occupera de l’investissement en fonds propres dans les PME non cotées, et Acofi gestion sera en charge de la dette non cotée.
Créer des emplois non délocalisables
La sélection des PME dans lesquelles le nouveau fonds interviendra se fera selon des critères bien précis. "Ce fonds accompagnera des entreprises qui ont une logique de création d’emplois non délocalisables, avec des investissements en fonds propres ou en dettes", explique Christian Schmidt de la Brélie, le directeur général de Klesia.
Deux types d’opérations sont plus précisément visés. D’abord la transmission d’entreprise. "Pour faire face au papyboom et aux nombreux départs en retraite, le fonds permettra la transmission de PME par recomposition de l’actionnariat familial et par la sortie d’actionnaires minoritaires", souligne André Renaudin, le directeur général d’AG2R La Mondiale.
Mais aussi le financement de la recherche et l’innovation. Acofi Gestion a par exemple lancé récemment Predirec innovation 2020, un instrument qui achète des créances de Crédit impôt recherche de PME pour leur fournir, en échange, des crédits de trésorerie. Le fonds PME emplois durables pourrait passer par cet outil.
La somme n’est que provisoire. Les trois fondateurs espèrent bien accueillir d’autres participants et atteindre jusqu’à 1 milliard d’euros. Des candidats sont déjà prêts. "Le groupe Pasteur mutualité vient de donner son feu vert pour porter à quatre le nombre d’acteurs du fonds", se réjouit Christian Schmidt de la Brélie, sans donner de précisions sur le montant de la participation.
Arnaud Dumas
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