Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La nomination du fils de Jean-Yves Le Drian à la tête de la SNI suscite une polémique

André Yché, patron du premier bailleur social de France, défend la compétence professionnelle de Thomas Le Drian.

Par  et

Publié le 27 janvier 2014 à 20h36, modifié le 28 janvier 2014 à 12h50

Temps de Lecture 4 min.

Sur l’organigramme du site Internet du groupe SNI, premier bailleur social français avec près de 275 000 logements, sa jeunesse tranche avec les cheveux blancs et la maturité des autres collaborateurs. Sur les 13 personnes, 11hommes et 2 femmes qui composent le comité exécutif du bailleur, Thomas Le Drian, 29 ans, fils de Jean-Yves, le ministre de la défense, est présenté comme chargé de mission auprès du président du directoire, André Yché. Un titre qui, selon Libération du 27 janvier ne serait pas à la hauteur du curriculum vitae du jeune homme, par ailleurs directeur du contrôle interne et du contrôle de gestion d’Efidis, l’une des 13 filiales qui composent le pôle logement social du groupe SNI.

Interrogé par Le Monde, M. Yché dément tout favoritisme et échange de bons procédés comme le laisse entendre l’article de Libération. «C’est une information malveillante, qui est extrêmement désagréable pour l’intéressé, car cela remet en cause sa compétence professionnelle», estime M. Yché. Selon le président du directoire du groupe SNI, la présence du fils Le Drian au comité exécutif n’a rien d’anormal.

Thomas Le Drian n’est pas membre du directoire, qui compte cinq personnes, mais du comité exécutif du directoire. «Cette instance n’est pas un lieu de décision ou de gouvernance mais une instance d’information et de concertation, assure M. Yché. Sa présence est liée à ma récente nomination comme référent logement de la Caisse des dépôts. J’avais besoin d’une sorte de secrétaire général pour organiser les réunions du comité, rédiger les procès-verbaux», poursuit-il.

AUTOUR DU MINISTRE, ON BALAIE TOUTE COMPARAISON AVEC LE CAS JEAN SARKOZY

Newsletter
« Politique »
Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique
S’inscrire

Diplômé en 2008 de l’Institut supérieur du commerce (ISC), une école de commerce «moyenne», passé par le cabinet de conseil KPMG, Thomas Le Drian a été recruté en novembre2012 au cabinet de Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), qui détient le groupe SNI à 100%. Il n’apparaissait pas dans l’organigramme officiel, la fonction n’étant pas répertoriée sur le site du groupe. Son arrivée à la direction de la CDC aurait fait «grincer quelques dents», soulignait fin décembre2013 le site d’information Mediapart.

Depuis le 6 janvier, Thomas Le Drian est passé chez Efidis, une société détenue à 64,55% par le groupe SNI. Cette filiale, qui compte 840 collaborateurs, gère plus de 50 000 logements sociaux en Ile-de-France. Elle est aussi présente dans les résidences étudiantes sous la marque Studefi. «C’est un poste qui correspond à son expérience professionnelle», affirme M. Yché. Selon le dirigeant du groupe SNI, le jeune homme justifierait de six ans d’expérience en cabinet d’audit. A la tête d’une petite équipe de cinq personnes, Thomas Le Drian, qui n’a pas pu être joint par Le Monde, ne bénéficierait d’aucun traitement de faveur.

Au ministère de la défense, on se refuse à tout commentaire officiel sur cette affaire. Mais dans l’entourage du ministre Jean-Yves Le Drian, on souligne que cette nomination ne pose aucun problème et, surtout, qu’aucune comparaison, compte tenu du niveau de poste et du parcours des intéressés, ne peut être faite avec la polémique suscitée par la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l’Etablissement public pour l’aménagement de la région de la Défense (Epad) en novembre 2009.

DES LIENS ANCIENS ENTRE LE GROUPE ET LE MINISTÈRE

La SNI et le monde militaire ont toujours entretenu des liens forts, qui tiennent à la fois au parcours de son dirigeant et à l’histoire du groupe. Décrit comme un proche de Nicolas Sarkozy, M. Yché est un ancien élève de l’école de l’air. Devenu en 1997 directeur adjoint du cabinet d’Alain Richard, ministre de la défense du gouvernement Jospin, il conserve encore des entrées au sein de la filière militaire. Chaque année, il organise une cérémonie de vœux dans l’une des ailes de l’hôtel des Invalides. En juillet 2013, il avait reçu des mains du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, l’ordre du Mérite.

M. Yché, notamment sous le gouvernement Sarkozy, avait affiché des positions « libérales » qui avaient hérissé de nombreux acteurs du monde HLM qui l’accusaient de prôner la privatisation du secteur. Le groupe SNI, qui compte 4 200 collaborateurs, est depuis toujours le bailleur de référence des grands réservataires de l’Etat, notamment du ministère de la défense. Créée en 1961 pour répondre aux besoins de logement des personnels des armées, la société de gestion immobilière des armées (Sogima) change de nom en 1976 pour devenir la SNI. En 2004, cette société anonyme d’économie mixte quitte la tutelle de l’Etat et devient filiale immobilière d’intérêt général de la Caisse des dépôts. En 2005, à la suite d’une politique de rachats de sociétés HLM, elle se constitue en un groupe, qui propose aujourd’hui l’intégralité de l’offre de logements ainsi qu’une offre à l’accession à la propriété.

Malgré ses évolutions, la SNI n’a jamais coupé le cordon avec le ministère de la défense. Ainsi plus de 35% des locataires de son parc en sont issus. Au 31 décembre 2012, la SNI assurait aussi la gestion de 604 casernes de gendarmerie et 9539 équivalents logements.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.