Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Un Etat kurde serait utile à la paix dans la région »

Les Kurdes d’Irak ont gagné le droit d’être souverains. Cette perspective servirait de médiation à la cause kurde dans toute la région, affirme Bayram Balci, chercheur au CERI (Sciences-Po)

Publié le 25 février 2016 à 13h29, modifié le 26 février 2016 à 18h23 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Bien qu’éparpillés en Syrie, Iran et Turquie, c’est en Irak que l’idée d’un Etat kurde indépendant se pose avec la plus grande légitimité. Autonomes depuis les années 1970, les Kurdes d’Irak se sont approprié leur autonomie pour en faire une quasi-indépendance : administration, forces de l’ordre, et bientôt une armée nationale, celle encore officieuse des peshmergas. Ils disposent aussi d’un drapeau, de frontières définies et de représentations quasi diplomatiques dans plusieurs pays.

Fort de cette situation favorable, le président Massoud Barzani a donc annoncé la tenue d’un référendum sur l’indépendance. Inspirée des cas catalan, écossais et québécois, cette consultation vise plus à tester l’opinion qu’à rompre avec le gouvernement de Bagdad. Elle vise surtout à relégitimer le président Barzani dont le mandat, arrivé à terme en 2013 et déjà exceptionnellement prolongé jusqu’en 2015, n’est plus valide, ce qui le place en porte-à-faux avec la Constitution du pays. Néanmoins, au-delà de l’intérêt personnel, la question de l’indépendance n’en demeure pas moins légitime.

Après des décennies de combat national, de persécutions diverses par le pouvoir central de Bagdad, notamment sous Saddam Hussein, les Kurdes ont acquis la maturité nécessaire. Depuis 1991 les liens avec Bagdad sont distendus ; le gouvernement d’Erbil a prouvé être capable d’autogestion, en dépit des difficultés. Par ailleurs, un Etat kurde irakien serait une entreprise rationnelle et utile. En premier lieu, elle mettrait fin à la pénible frustration des Kurdes malmenés et persécutés à travers l’histoire, car dépourvus de protection étatique et donc facteur d’instabilité régionale supplémentaire. D’où l’idée qu’un Etat kurde serait aussi utile à la paix dans la région. Reconnu, ce Kurdistan indépendant influera sur les Kurdes des pays voisins, pour y faire privilégier les compromis politiques plutôt que l’irrédentisme violent qui crispe les Etats. Un Etat kurde serait un garant et un médiateur de la cause kurde partout où elle fait débat.

Fragmentation inexorable

L’idée est théoriquement séduisante mais ardue, car elle ne fait pas l’unanimité. Parmi les Kurdes d’Iran, où la population est segmentée entre un Nord plus favorable à Massoud Barzani et au PDK et un Sud plus sous la coupe de l’UPK de Talabani mais, dans l’ensemble, elle plébiscite l’indépendance. Par contre, hors d’Irak, le PKK a un autre agenda.

Incontournable en Turquie, actif en Syrie, en Iran et dans une certaine mesure en Irak, le PKK diffère du PDK d’Irak. Il aspire à une hégémonie sur tout le mouvement national kurde au Moyen-Orient en pratiquant une guérilla violente, qui lui vaut de figurer sur la liste noire des mouvements terroristes. A cet égard, reconnaître un Etat kurde indépendant affaiblirait le PKK en mettant le discrédit sur ses méthodes de plus en plus décriées par les Kurdes eux-mêmes, y compris en Turquie où l’entrée d’un parti pro-kurde au Parlement, le HDP, ne suffit pas pour le convaincre de déposer les armes.

Il vous reste 48.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.