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Près de 70 000 migrants pourraient bientôt être « pris au piège » en Grèce

Comme c’est le cas depuis le début de la crise migratoire en Europe, la situation critique dans un pays est la conséquence directe des décisions prises par ses voisins.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

Publié le 28 février 2016 à 15h36, modifié le 28 février 2016 à 21h53

Temps de Lecture 3 min.

Des migrants dans un camp de fortune près d’Idomeni, en Grèce, le 28 février.

Les quotas imposés successivement par les pays des Balkans aux migrants qui arrivent en Grèce pourraient faire « qu’entre 50 000 et 70 000 personnes » pourraient être « prises au piège » dès le mois de mars, a déclaré Yannis Mouzalas, le ministre de la politique migratoire, qui s’exprimait sur la chaîne Mega. Près de 22 000 personnes sont actuellement bloquées sur le territoire grec, notamment à la frontière avec la Macédoine.

La Grèce reste la principale porte d’entrée de l’Europe pour les personnes en provenance de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan. La frontière terrestre avec la Turquie a été fermée en 2012, le flux de migrants passe essentiellement aujourd’hui par la mer, une traversée souvent périlleuse. Au moins 100 000 personnes sont arrivées en Europe depuis le 1er janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont la majorité ont traversé la mer Egée depuis le début de l’année (321 y sont mortes noyées).

L’OTAN a proposé un plan de lutte contre les organisations de passeurs qui pourrait, selon Athènes, réduire le flux de migrants de 70 %. En attendant, dépassées par l’afflux, les autorités grecques ne parviennent pas à mettre en place des centres d’enregistrement fonctionnels et tentent des solutions à court terme – la réduction des transports entre les îles et le continent afin d’endiguer l’arrivée de migrants – ou presque illusoires, comme la préparation d’une campagne de publicité « à destination de la Turquie » pour informer les futurs migrants que la route des Balkans est presque fermée.

Idomeni, goulot d’étranglement

Des migrants dans un camp de fortune près d’Idomeni, en Grèce, le 28 février.

Cette nouvelle étape de la crise migratoire est tragiquement illustrée par la situation dans le village d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine. Passage obligé pour des milliers de personnes traversant la Grèce, il s’est transformé en goulot d’étranglement, avec 6 500 hommes, femmes et enfants coincés dans un camp de fortune. A tel point que certains ont manifesté, allongés sur des rails, pour exiger l’ouverture du point de passage.

Comme c’est le cas depuis le début de la crise migratoire en Europe, la situation d’un pays est la conséquence directe des décisions prises par ses voisins. Slovénie, Autriche, Macédoine, Serbie et Croatie ont annoncé en fin de semaine leur intention de limiter à 580 par jour le nombre de migrants autorisés à passer par leurs territoires. La Macédoine procéderait aussi, selon plusieurs témoins, à des contrôles de nationalité, n’acceptant que les ressortissants syriens et irakiens et refoulant les Afghans.

Ces pays, qui se trouvent sur la route des Balkans empruntée par des dizaines de milliers de migrants pour se rendre en Europe occidentale, ont emboîté le pas à l’Autriche, qui a choisi il y a plus d’une semaine de limiter l’entrée à 80 demandeurs d’asile par jour, et à 3 200 personnes en déplacement. Depuis octobre, quand la Hongrie a fermé sa frontière avec la Croatie, 475 000 migrants sont arrivés en Slovénie, avant de poursuivre leur route vers l’Autriche, l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe.

A la recherche d’un « consensus » européen

Emboîtant le pas à l’Autriche, quatre pays des Balkans ont décidé d’imposer de nouveaux quotas pour endiguer l’afflux de migrants.

La décision de ces pays de la route des Balkans a irrité les Grecs, qui ont rappelé en consultation leur ambassadrice à Vienne. Les relations diplomatiques entre les deux pays ne risquent pas de s’améliorer. Dimanche, le chancelier autrichien Werner Faymann a accusé la Grèce de se comporter « comme une agence de voyages » en laissant passer librement les migrants.

Une division de plus parmi les pays européens, qui n’arrivent pas à être sur la même longueur d’onde, et encore moins à se coordonner. Donald Tusk, le président du Conseil européen, fera la tournée des capitales des pays concernés pour tenter d’obtenir un semblant de consensus avant un sommet entre l’Union européenne et la Turquie, le 7 mars. Même le pape François a demandé aux pays de l’Union de trouver une « réponse unanime » et de « répartir équitablement les charges » lors de l’angélus, dimanche.

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La Grèce, qui affirme protéger « les frontières extérieures de l’Europe », se trouve de plus en plus isolée. Les ministres de l’intérieur européens ont demandé à la Commission d’activer l’article 26 du code de Schengen. Une procédure qui consiste à autoriser les contrôles aux frontières intérieures de l’espace sans passeport pour deux ans au maximum. Ce qui exclurait de fait la Grèce de la zone de libre circulation.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

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