François Hollande n'a pas hésité à recevoir longuement des cadres du parti de François Bayrou le 24 janvier. Une rencontre qui devait rester discrète.

François Hollande n'a pas hésité à recevoir longuement des cadres du parti de François Bayrou le 24 janvier. Une rencontre qui devait rester discrète.

L'Express

[Exclusif] Le président de la République joue-t-il l'éclatement du MoDem? Vendredi 24 janvier, François Hollande a bien reçu à l'Elysée le candidat centriste à la mairie d'Aix, François-Xavier de Peretti, comme L'Express le relatait dès mercredi. Mais il apparaît finalement que ce membre du Modem était entouré, lors de cette entrevue, de deux autres élus du parti de François Bayrou - et non des moindres : le vice-président du MoDem et député européen Jean-Luc Bennahmias ; et le secrétaire général adjoint du MoDem et conseiller municipal marseillais Christophe Madrolle. Le premier reconnaît "un rendez-vous plus privé qu'autre chose", dont François Bayrou n'était pas informé.

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Au sortir de ce rendez-vous élyséen, François-Xavier De Peretti a d'abord expliqué que les discussions avaient notamment couru sur "l'avenir de la future métropole Aix Marseille Provence". Mais la conversation a aussi pris un tour plus politique. "Il n'a échappé à personne que le MoDem a, pour les municipales, essentiellement choisi de pencher à droite...", glisse un cadre du mouvement. Or, à Marseille, le MoDem rejette une union avec l'UMP de Jean-Claude Gaudin et l'UDI, emmenée par l'adjoint sortante Arlette Fructus. "On n'ira pas vers Gaudin, son dernier mandat est catastrophique", lâche Jean-Luc Bennhamias.

Le MoDem marseillais tenté par la dissidence

Devant le refus catégorique de François Bayrou de toute alliance avec le PS, les centristes marseillais ont fini par annoncer, en novembre 2013, qu'ils constitueraient des listes indépendantes dans chaque secteur pour les municipales. Crédité de 3% d'intentions de vote dans les sondages, voilà le MoDem poussé à batailler sur sa gauche comme sur sa droite. A contrecoeur. Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias - tous deux anciens élus Verts - tendent plutôt vers le candidat socialiste Patrick Mennucci. Le ralliement du MoDem marseillais au PS peut-il aboutir à l'éclatement du MoDem ? "La réponse est malheureusement oui, poursuit Bennahmias. Même si je n'ai aucune envie de quitter un mouvement dont j'ai participé à la création."

"Tout sauf indifférent" au tournant pris par Hollande

Si Jean-Luc Bennahmias n'accepte pas d'accord avec l'UMP et l'UDI pour les élections municipales, sa stratégie pour le scrutin européen est encore floue: "Il faudrait que je ferme ma gueule sur les municipales pour espérer être choisi tête de liste pour les Européennes... Ce n'est pas la ligne politique de je défends", indique-t-il. En revanche, les accents sociaux-démocrates du président le séduisent: "Le tournant pris verbalement par François Hollande, depuis ses voeux, m'est tout sauf indifférent. Quand Hollande se met à parler comme Bayrou, je m'interroge : vers quoi cela pourrait-il déboucher ?"

L'eurodéputé est-il allé plaider sa cause directement auprès du chef de l'Etat, le 24 janvier dernier, au risque de fouler aux pieds l'accord national qui unit Modem et UDI ? Et de froisser un François Bayrou souvent piqué par les envies de liberté de son aile gauche marseillaise ? Sans doute. Le président de la République, lui, a tout intérêt à souffler sur les braises de ces tentations de dissidence, à l'heure où le MoDem s'ancre franchement dans l'opposition.


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