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Paris veut améliorer l'accueil de la tour Eiffel

La délégation de service public accordée par la mairie sera renouvelée fin 2016. La Ville souhaite moderniser la billetterie et créer un espace dédié à l'accueil des visiteurs.

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Par Laurence Albert

Publié le 24 févr. 2016 à 01:01

Vu du ciel, c'est un drôle de serpent noir, cible des pickpockets, et qui met la patience des touristes à rude épreuve. L'interminable file d'attente à l'entrée de la tour Eiffel, rançon de sa gloire, est devenue l'un des points noirs de la visite. La Ville de Paris va s'y atteler : elle s'apprête à lancer en 2017 un plan de modernisation de son accueil. Après une décennie faste, qui a vu le nombre de touristes bondir de 5 à 7 millions, la « dame de fer » va prendre un virage pour mieux accueillir son public. « Nous devons faire de ce beau monument emblématique un monument du XXIe siècle », affirme Jean-François Martins, l'adjoint au tourisme.

LaVille dispose d'une belle fenêtre de tir. La délégation de service public concédée pour 11 ans à une SEM municipale, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete), arrive à échéance fin 2016. Le futur cahier des charges ne se bornera donc pas à exiger un entretien impeccable du monument, mais comportera aussi un plan de modernisation de la billetterie qui a besoin d'un sérieux dépoussiérage. Ainsi, aujourd'hui, la vente de billets en ligne pèse à peine 20 % du quota, en vertu d'accords internes négociés notamment pour protéger les agents. La Mairie aimerait développer cette vente en ligne, et pourquoi pas, proposer des créneaux de visite à heure fixe pour fluidifier le parcours des touristes. Reste que cette modernisation risque de bousculer certains agents. Rien n'est encore fixé, mais déjà, les dirigeants tiennent un discours rassurant sur le maintien de l'emploi.

La Mairie ressort aussi des limbes un projet ancien, jamais abouti : créer un véritable accueil, sur le modèle de la pyramide du Louvre : renseignement, vente de billets, commerces, restauration... Un architecte sera mis à contribution. Pas certain cependant que la municipalité aspire à un geste architectural aussi fort et visible que celui du Louvre.

Un sous-sol encombré

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Cet accueil se fera-t-il en sous sol ? Rien n'est certain : les entrailles du Champ de Mars recèlent déjà beaucoup d'équipements sécurisés. Et pas question de fragiliser les fondations par des travaux intempestifs. « Il vaut mieux prendre des précautions si l'on veut venir gratter les pieds de la vieille dame », s'amuse Jean-François Martins. Plusieurs scénarios sont donc sur la table. La Ville se fixe 2024 comme échéance, date des Jeux olympiques. Pour étayer sa décision, elle disposera d'ici peu d'une analyse exhaustive car elle vient de lancer un appel d'offres pour une assistance à maîtrise d'ouvrage « Nous avons besoin d'une expertise sur les travaux de rénovation à mener (peinture, nouvel éclairage, accueil...) et sur les investissements à consentir, qui seront sans doute supérieurs aux 160 millions investis par la Sete dans la décennie passée », explique Jean-François Martins.

Avec un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros, et un loyer annuel de 13 millions reversé à la Ville, la tour Eiffel est une affaire rentable. « Nous sommes le seul monument de ce type qui non seulement n'est pas subventionné, mais reverse de l'argent à son propriétaire », précise la nouvelle directrice de la Sete, Anne Yannic. Mais son entretien est onéreux. La machinerie de précision de ses ascenseurs est complexe, et la peinture doit être refaite tous les 7 ans. « C'est un bâtiment infiniment compliqué à entretenir. Nous avons fait des travaux considérables dans la décennie écoulée, ce qui d'ailleurs, nous donne un savoir-faire unique », reconnaît Anne Yannic. Côté ressources, l'équation se complique puisque avec 600 visiteurs par heure, la tour est désormais saturée. « La seule solution est de trouver des revenus complémentaires, via les boutiques », justifie Jean François Martins.

Actionnaires privés

Plus inédit, l'appel d'offres portera aussi sur les modalités de gestion. La délégation de service public va perdurer, mais la Mairie hésite entre deux scénarios. En premier lieu, relancer la procédure classique de l'appel d'offres, ce qui risquerait de mettre la SEM en concurrence directe avec des prestataires privés, voire étrangers.

La deuxième option est la transformation de la SEM en société publique locale, détenue à 100 % par la Mairie. Scénario qui exclut tout appel d'offres risqué, mais suppose de « faire sortir » du jeu les actionnaires privés (LVMH, EDF, Unibail-Rodamco...) qui possèdent 41 % du capital. La Ville devra alors débourser entre un et deux millions d'euros pour racheter les parts, mais le départ de ces acteurs, en réalité peu influents, ne modifiera pas grand-chose à la gouvernance de la SEM. Cette seconde hypothèse est donc séduisante. Elle permettrait aussi à la Mairie d'avoir un peu de souplesse dans la gestion des contrats. Par exemple pour faire participer la tour Eiffel à de grands événements internationaux, grâce à son expertise dans le jeu des éclairages et des scintillements. Un savoir-faire dont ce symbole de la ville lumière ne saurait aujourd'hui se priver.

Laurence Albert

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