L'homme qui a sauvé 2 millions de bébés - James Harrison
Il donne son sang toutes les trois semaines depuis 1960. Grâce aux superpropriétés de son plasma sanguin, cet Australien de 79 ans a permis la mise au point d’un traitement contre une grave anémie pouvant causer des malformations chez les nouveau-nés, voire leur décès prématuré. C’est l’homme au bras d’or.
Tout commence en 1951. A 14 ans, James Harrison subit l’ablation d’un poumon suite à une infection. Il ne doit alors sa survie qu’à la transfusion de 13 litres de sang prélevé sur des inconnus. A son réveil, il se jure de devenir donneur à son tour. Une résolution mise en oeuvre à sa majorité, et jamais trahie depuis.
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En soixante ans, James Harrison a donné son sang plus d’un millier de fois, sauvant à son tour la vie de plus de 2 millions d’enfants, dont son propre petit-fls ! Car le plasma sanguin de celui que ses compatriotes surnomment « l’homme au bras d’or » contient un anticorps, véritable antidote contre l’anémie hémolytique périnatale.
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Responsable de fausses couches et de morts prématurées de bébés, celle-ci résulte d’une incompatibilité de rhésus entre la mère (rhésus négatif) et son enfant (rhésus positif). La solution ? L’anti-D, un sérum mis au point grâce à la contribution de James Harrison. Depuis 1967, son sang a été intégré à chaque dose injectée aux femmes enceintes avec grossesses à risques du pays, permettant ainsi de prévenir la maladie. Face à sa retraite imminente, la Croix-Rouge locale (équivalent de l’Etablissement français du sang) lui cherche actuellement un digne successeur parmi 200 candidats potentiels. Une mission complexe au vu des états de service du « serial donneur ».
Paris Match. En quoi consiste l’anémie hémolytique périnatale ?
Pr Jean-François Schved. Les anticorps d’une mère de rhésus négatif attaquent les globules rouges de son enfant de rhésus positif, avec des conséquences pathologiques de plus en plus graves au fil des grossesses. En prévention, il suffit d’injecter à la mère, lors des accouchements en particulier, des anticorps – appelés anti-D – qui éliminent les globules rouges du foetus passés dans sa circulation. Cela évite qu’elle développe elle-même ces anticorps et prévient ainsi l’anémie hémolytique périnatale ultérieure : une thérapie rodée en France.
Comment expliquer le cas de James Harrison ?
Enfant, durant sa transfusion, cet homme de rhésus négatif a dû être exposé à du sang de rhésus positif. D’où son immunisation et le développement d’anticorps anti-D que l’on peut extraire à partir de prélèvements sanguins réalisés chez lui. D’autres médicaments, telles les immunoglobulines utilisées dans le traitement des déficits immunitaires, sont également fabriqués à partir du sang de donneurs.
Peut-on imaginer une alternative artificielle au don de sang ?
Récemment, des recherches ont permis de mettre au point des globules en laboratoire à partir de cellules de la moelle osseuse. Mais atteindre le rendement humain qui permet à notre moelle osseuse de produire 2 millions de globules rouges par seconde n’est pas pour demain. Assurer une telle production en laboratoire coûterait cher.
Le sang d’or
Dans le monde, ils sont 20 à en avoir dans leurs veines. Plus fort que le O négatif (« donneur universel »), le groupe Rhnull ! Compatible avec tous les sangs du système rhésus (positif, négatif et nul, donc), ce dernier est évidemment âprement recherché par les médecins. Mais seuls une vingtaine de sujets de ce type ont été identifés sur la planète, et la France compte un unique donneur actif, basé en Suisse.