Le journaliste turc Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d’opposition Cumhuriyet, qui encourt la prison à vie pour « espionnage », a promis, mercredi 2 mars, de « faire le procès des crimes de l’Etat » devant le tribunal stambouliote qui doit le juger à la fin du mois.
« Si vous êtes journaliste en Turquie, aller en prison fait partie de votre plan de carrière », a-t-il ironisé lors d’une conférence de presse, dénonçant le « climat de peur propagé par le régime (du président Recep Tayyip) Erdogan parmi les journalistes ».
« Mais nous sommes des journalistes, pas des fonctionnaires au service de l’Etat. Notre devoir, c’est d’informer le public, y compris des actes illégaux du gouvernement ».
Soutien dans le monde entier
Farouches adversaires du régime islamo-conservateur turc, Can Dündar et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, ont été remis vendredi dernier en liberté au terme de quatre-vingt-douze jours de détention provisoire, sur la base d’un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui a provoqué l’ire du président Erdogan.
Les deux hommes, qui ont reçu de nombreux soutiens en Turquie et dans le monde, sont accusés d’espionnage, de divulgation de secrets d’Etat et de tentative de coup d’Etat pour avoir diffusé un article et une vidéo faisant état de livraisons d’armes par Ankara à des rebelles islamistes en Syrie. Recep Tayyip Erdogan avait qualifié la publication du quotidien Cumhuriyet de « trahison » et promis avec colère, lors d’un entretien à la télévision, que M. Dündar « payerait le prix fort ».
Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement islamo-conservateur est régulièrement montré du doigt pour ses pressions sur les médias. La Turquie est à la 149e place sur cent quatre-vingts au classement mondial de la liberté de la presse publié par l’association Reporters sans frontières (RSF).
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