La Voie lactée pourrait abriter un gigantesque accélérateur de particules

Des particules possédant une énergie bien plus grande qu'imaginée sont produites près de nous, au sein de notre propre Voie lactée.

© YE AUNG THU - AFP

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Par Belga

Notre Voie lactée pourrait bien héberger un gigantesque accélérateur de particules, probablement sous la forme d'une énorme étoile, affirme l'astronome et astrophysicien belge Stijn Buitink de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), parallèlement à un article qui paraît jeudi dans le magazine scientifique Nature.

L'espace est un endroit dangereux où des éléments de tous ordres -depuis les particules élémentaires jusqu'aux comètes- circulent à grande vitesse, précise Stijn dans un communiqué de la VUB. Certaines de ces particules recèlent une énergie un million de fois plus importante que ce qui peut être créé dans les accélérateurs de particules les plus puissants sur Terre. Selon les théories actuelles, elles sont issues de sources lointaines et exotiques comme des trous noirs d'autres galaxies.

Des chercheurs de la VUB et de l'université néerlandaise Radboud de Nimègue ont découvert que des particules possédant une énergie bien plus grande qu'imaginée sont également produites plus près de nous, au sein de notre Voie lactée.

"Nous pensons qu'un accélérateur de particules très puissant existe dans notre galaxie, probablement sous la forme d'une énorme étoile", indique le professeur Buitink. Les particules produites par cet "instrument cosmique" se déplacent à travers l'univers à une vitesse proche de celle de la lumière jusqu'à ce qu'elles percutent telles une balle l'atmosphère terrestre. Elles explosent alors en une multitude de particules de plus petite taille. "L'interaction qui se produit avec le champ magnétique de la Terre provoque un flash d'ondes radio de très courte durée (quelques milliardièmes de seconde) mais très violent", ajoute Olaf Scholten, physicien à l'université de Groningen.

Les quelque 20 000 antennes radio du radiotélescope européen LOFAR sont capables de mesurer très précisément ces flashs. Et on vient de parvenir pour la première fois, par le bais du signal radio, à remonter jusqu'au "producteur" de l'impulsion. "Nous pouvons désormais identifier le projectile", dit Heino Falcke de l'université Radboud de Nimègue. "Dans la plupart des cas, il s'agit de quelques protons ou d'un noyau d'atome très léger d'hydrogène ou d'hélium".

Grâce au radiotélescope, il a été possible de déterminer très précisément pour la première fois la masse de ces particules, selon le Prof. Buitink. "Il semble qu'elles soient plus légères que ce qu'on pensait. Cela signifie qu'il existe probablement au sein de notre Voie lactée des sources bien plus puissantes que ce qu'on estimait qui donnent naissance à ces particules très chargées en énergie".

Ces sources doivent, selon les scientifiques, être considérées comme de gigantesques accélérateurs cosmiques de particules, des millions de fois plus puissants que le Grand Collisionneur de hadrons (LHC) de Genève ou tout autre cyclotron terrestre qui pourrait être conçu. Ils se révèlent par ailleurs des objets idéaux pour la recherche en physique. "Ils nous arrivent spontanément de l'espace, il nous suffit de les saisir", dit encore Heino Falcke. "C'est amusant de se dire qu'il y a moyen de faire de la physique de particules avec une simple antenne radio FM !".

 

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