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L’emploi, pièce manquante de la reprise

Les entreprises de taille intermédiaire ont constitué le moteur de la création d’emplois en 2015, selon une étude du cabinet Trendeo.

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Publié le 02 mars 2016 à 18h13, modifié le 03 mars 2016 à 16h38

Temps de Lecture 3 min.

Dans une usine de barres chocolatées Mars à Haguenau en juin 2014.

Les économistes et les statisticiens n’ont plus que ce mot à la bouche pour désigner la brise économique qui souffle sur la France depuis plus d’un an : « Croissance molle. » C’est également ce qui ressort de l’étude annuelle du cabinet d’analyses Trendeo, publiée jeudi 3 mars et intitulée « La reprise à la rame ».

Les créations nettes d’emplois (c’est-à-dire minorées des suppressions de postes) se sont élevées à 45 890 en 2015, dépassant leur niveau de 2011, alors qu’elles avaient été faméliques en 2014 à… 333 postes. Les créations d’emplois ont crû de 31 %, alors que les suppressions diminuaient de 16 %.

Mais cette embellie n’est qu’apparente. Hors emplois publics – notamment ceux créés dans le secteur de la sécurité –, le solde net reste inférieur à ceux de 2010 et 2011 (où il dépassait les 50 000 alors qu’il ne ressort qu’à 33 048 pour 2015 dans le privé). « C’est le signe d’une reprise plus molle que par le passé. D’autant que l’industrie manufacturière, elle, continue à détruire (en net) des emplois. Par exemple dans l’automobile, où les créations d’emplois chez des équipementiers (Punch) ou les constructeurs (Renault) se font en nombre plus faible, avec de petits sites ou des extensions de sites existants, qui n’ont pas la taille des très grands sites qui ont été fermés dans les dernières années », détaille David Cousquer, le fondateur de Trendeo.

Le tableau est tout aussi contrasté du côté des ouvertures et des fermetures d’usines. En 2015, la France a connu 190 suppressions de sites industriels pour 146 ouvertures, soit un solde négatif de 44 usines, selon les calculs de Trendeo. « L’amélioration du solde reflète une baisse continue du nombre de fermetures de sites, mais aussi des créations d’usines également en léger recul », relativise M. Cousquer. De surcroît, on est encore loin du solde enregistré ces dernières années, à savoir – 32 en 2011.

L’éclairage : Article réservé à nos abonnés Défaillances d’entreprises : du mieux en 2015

« La part belle aux franchises »

Certains secteurs défient la morosité ambiante : c’est le cas du commerce, de l’hébergement-restauration et des logiciels, qui trustent le podium des créations nettes d’emplois en 2015 (hors administration) l’an dernier. Mais, là encore, la tendance est à la décélération : le commerce est à l’origine de moitié moins de créations de postes qu’en 2010 (12 888 contre près de 31 000), l’hébergement-restauration d’à peine 50 %.

« Dans le commerce de détail, des groupes comme Casino, Leclerc, Carrefour, Orchestra ou Ikea ont annoncé des créations de postes en 2015 », indique M. Cousquer. Des éléments à prendre avec précaution, car les chiffres de Trendeo reposent essentiellement sur de la veille d’informations économiques. « Il est possible qu’il y ait un biais dans nos observations : il est plus facile de compter l’ouverture d’un Carrefour à 150 emplois que les fermetures de dix petites épiceries en raison de cette concurrence », avertit M. Cousquer, qui rappelle que, dans le secteur, des groupes comme Vivarte (enseignes André, La Halle…), les Galeries Lafayette ou Bata viennent ternir ce bilan positif.

Plus globalement, « il est frappant de constater que les suppressions nettes d’emplois ont plutôt concerné de grands noms de l’économie traditionnelle (Air France, Areva, PSA, Société générale…), alors que les créations nettes ont fait la part belle aux franchises : Burger King et La Boucherie en restauration, Groupe Acadomia dans les services à la personne », note-t-il.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI, 19 127 créations nettes) et, dans une moindre mesure les PME, ont joué un rôle de moteur dans la dynamique d’emplois, selon Trendeo. Là encore, à rebours de ce qu’avait connu le pays lors de la précédente reprise économique : « En 2010-2011, les grands groupes avaient recommencé à créer des emplois en parallèle au rebond de la croissance. Ce n’est pas le cas, même s’ils en détruisent moins que les années précédentes », pointe M. Cousquer.

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« Les ETI bénéficient de la dynamique du secteur des services (comme O2 dans les services à la personne, crèches…). De plus, tous secteurs confondus, les dirigeants ont préféré opter pour le maintien de l’appareil productif et la conservation des compétences dans leur entreprise pour se donner la possibilité de rebondir plus rapidement en sortie de crise », confirme Alexandre Montay, le délégué général du METI, le syndical professionnel des entreprises de taille intermédiaire. M. Cousquer a une autre explication : « En période de reprise molle, les grands groupes ont la possibilité de relancer des outils de production moins coûteux à l’étranger. Les ETI ne peuvent pas faire cet arbitrage. » La dynamique s’était toutefois érodée depuis 2013, et on est loin des niveaux de 2010-2011 (plus de 27 000 créations nettes).

Pour 2016, Trendeo se veut prudent. « En janvier-février 2016, le solde net d’emplois est de 5 380, en baisse par rapport à la même période de 2015, avec un double mouvement de légère baisse des créations d’emplois annoncées et de petite hausse des suppressions d’emplois annoncées. La reprise reste donc bien fragile », conclut M. Cousquer.

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