Nicolas Sarkozy tente de reconquérir l’électorat rural. Mercredi 2 mars, il visitait à son tour le Salon de l’agriculture, où son successeur François Hollande a subi quelques jours plus tôt les huées des agriculteurs.
Et M. Sarkozy a martelé un chiffre, qu’il répète dans un entretien au Parisien :
« Sous ce quinquennat, notre agriculture est passée du troisième au cinquième rang mondial »
Pourquoi c’est complètement faux ?
M. Sarkozy est d’une franche mauvaise foi en disant cela : certes, François Hollande n’a pas enrayé le déclin des exportations françaises de produits agricoles ou agroalimentaires. Néanmoins la chute n’avait pas commencé sous son mandat, loin de là.
Le chiffre que donne M. Sarkozy correspond au niveau des exportations de produits agroalimentaires, et à la « part de marché » de la France au niveau mondial dans ce domaine, que collecte notamment l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Longtemps, notre pays pouvait afficher une seconde place mondiale flatteuse, derrière les Etats-Unis. Mais voilà plus d’une décennie que ce n’est plus le cas : A partir de 2003, les exportations des Pays-Bas rattrapent celle de la France en valeur, puis les dépassent, reléguant notre pays à la troisième place.
Du troisième rang en 2007 au cinquième en 2011
La compétition se fait alors avec l’Allemagne, qui rattrape la France en 2007, puis la dépasse en… 2008, avec 71 milliards de dollars d’exportations contre 68. La France se retrouve donc en quatrième position, dès la deuxième année du quinquennat de M. Sarkozy
Deux ans plus tard, en 2010, c’est au tour du Brésil, dont les exportations connaissent une croissance régulière, de rattraper notre pays, puis de le dépasser l’année suivante, avec 80,09 milliards de dollars d’exportations contre 70,24 pour notre pays. La France est donc devenue cinquième exportatrice mondiale à partir… de la fin du mandat de M. Sarkozy.
Ajoutons que l’on compare ici des dynamiques : les exportations françaises sont plus élevées en 2013 qu’en 2007, et croissent donc (malgré deux années de recul, en 2008 et 2012), mais moins vite que celles des autres grands pays producteurs. Il est donc difficile de blâmer un gouvernement français pour le fait que, par exemple, le Brésil affiche une forte croissance de ses exportations agricoles depuis une décennie.
La défense ratée des Républicains
Suite à notre article, le parti de M. Sarkozy a tenté de contester nos dires, assurant, sur la foi d’autres données, que la France était bien 3e mondiale à la fin du précédent quinquennat.
Les données évoquées par Les Républicains ne proviennent pas de la FAO, qui fait pourtant autorité, mais d’un « think tank » français, Momagri. Le petit graphique que citent Les Républicains est extrait d’une de leurs analyses, datant de 2011, que l’on retrouve en ligne ici.
Or il suffit de parcourir un peu la page pour qu’un chiffre mis en exergue saute aux yeux :
Momagri précisait donc bien que la France était, en 2011, quatrième mondiale en termes d’exportation de produits agricoles. Le « think tank » utilise des données en pourcentage et non en valeur ou en tonnage, ce qui peut expliquer la différence constatée avec la FAO.
Celle-ci est en tout cas formelle. Sur cet autre graphe, extrait de sa base de données, la France figure bien, pour l’année 2011, à la cinquième place mondiale.
Et afin de préciser les choses, voici le même graphique, pour les années 2007 et 2012. On constate bien que la France est passée, durant ces cinq ans, de la troisième à la cinquième place, quoi que veulent faire croire M. Sarkozy et ses équipes.
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